Une brise de vent sous les étoiles...

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Hela ne se rappelait plus depuis combien de temps elle était
là, une éternité surement, ses parents ne devaient même plus y
penser, ils l'avaient abandonné il y a bien trop longtemps.
Souvent, elle pensait aux temps où ils étaient heureux tous les
trois, sans rien autour pour les déranger. C'était une autre
époque alors quand ces pensées venaient elle faisait tout pour
les éliminer en vain. Elle avait perdu sa grand-mère Zoe, il y a
peu, ça l'avait détruite, sa Yaya, sa meilleure amie, celle qui
l'écoutait et la soutenait dans son combat déjà perdu. Elles
étaient comme le Ying et le Yang, se complétaient comme la
déesse de la vie et celle de la mort. Celle de la mort. Il restait
plus que celle de la mort. Elle avait su se relever non pas sans
difficultés, mais s'était relevée. Pas facile dans un quotidien où
les seules des attractions ce sont les oisillons qui pépient
derrière la fenêtre. Non, pas si simple. Seulement quand un
combat est gagné, un autre arrive sans attendre.
C'était un matin où Hela, comme tous les matins, regardait
cette fenêtre, les oiseaux n'étaient pas là, il allait se passer
quelque chose aujourd'hui, quelque chose d'anormal. Il y avait
une autre attraction et non pas des moindres, Anaëlle, sa
meilleure amie, elle aussi elle habitait ici, depuis un an et demi,
c'était la personne la plus précieuse qu'elle connaissait, c'était
la grâce incarnée. La journée presque ordinaire d'Hela, pouvait
commencer au moment où Ana, comme elle l'appelait,
franchissait la porte, pétillante comme d'habitude, elles allaient
ensemble sur le toit de l'établissement, elles se sentaient
libres, il n'y avait aucun bruit, aucun pleur d'enfant, juste du
vent, il y avait juste du vent, un vent ayant un certain goût, un
goût de liberté. Il n'y avait pas cette odeur clandestine, celle
qui gâchait la vie de tous les résidents. Puis Anaëlle regardait
sa montre, 7H30, alors elles redescendaient, se glissaient dans
leur lit respectif et attendaient qu'Angélique les réveille
officiellement. Angélique était une infirmière, la plus douce du
service. Hela pensait, lors du petit déjeuner, à la soirée qu'elle
avait passé la veille, sur le même toit, avec la même personne,
une étoile avait déchiré le ciel, Ana avait dit comme si de rien
n'était : « Elle nous appelle », cette phrase revenait souvent
dans ses pensées, elle était perturbante. Hela, avec le temps,
avait appris à apprécier la solitude, elle passait ses journées à
dessiner, peindre, écrire, lire et jouer à s'ennuyer. Donc elle
dessinait, surement des fleurs ou alors un paysage.
Le téléphone d'Hela émettait une notification, un message
d'Ana :
- J'ai besoin d'aide !
Elle pianota aussitôt sur son clavier :
- J'arrive
Anaëlle était allongée sur le sol, à l'agonie, cherchait l'oxygène
avec difficulté. Elle souffrait, encore plus que d'habitude.
Pourtant sous assistance respiratoire. Hela appuyait sur le
bouton et criait avec insistance, elles avaient besoin d'aide et
vite, son temps était compté...
Les oisillons ne pépiaient toujours pas le lendemain derrière la
fenêtre, Hela ne trouvait pas la force d'aller sur le toit de
l'hôpital et préférait être au chevet d'Ana, mais son état l'en
empêchait. Elle pensait à cette étoile qui avait déchiré le ciel,
ce n'était pas cette étoile le problème, c'était la phrase qui
l'accompagnait « Elle nous appelle », elle resonnait comme des
acouphènes, et ça devenait presque insupportable. Elle
pensait à son amie, hier sur le sol, dans la pire des situations,
au bord du gouffre, elle pensait à sa meilleure amie, à son état,
qui lui avait déchiré le cœur. Son cœur, son petit cœur fragile,
il était détruit. « Mon heure viendra avant la sienne, avant la
sienne » se répétait-elle toujours. Elle savait que c'était la fin, la
sienne. Personne ne franchissait la porte, alors elle se dirigeait
toute seule sur le toit, le vent avait le même goût, celui de la
liberté, elle en connaissait une qui était libérée, une étoile
l'avait appelée.


Une brise de vent sous les étoiles...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant