Chapitre 6

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Plusieurs années s'étaient écoulées depuis l'incident à la Cour des Cauchemars. J'avais grandi et pris du plomb dans la cervelle. Les leçons de Morrigan avaient fini par porter leur fruit et je maîtrisais désormais bien mieux mes instincts Illyriens. A l'instar de ma cousine, j'avais appris qu'une tenue bien ajustée, un esprit aiguisé et une langue acérée, étaient autant voire plus efficaces que la lame la plus affutée.

Nous avions fêté en famille mes dix-huit ans seulement quelques jours auparavant et j'avais saignée pour la première fois il y a seulement quelques semaines. Une expérience fort désagréable que j'étais heureuse de ne pas avoir à revivre avant les six prochains mois. On m'avait raconté que les mortelles vivaient ça mensuellement... Quelle horreur. Toujours est-il que je me trouvais au Pavillon du Vent lorsque c'était arrivé et que la Montagne avait tremblée lorsque mes pouvoirs avaient atteint leur apogée. Amren s'était avérée d'une aide précieuse pour m'aider à les maîtriser, bien que je ne pensais pas encore en avoir découvert toute l'étendue. C'était à la fois excitant et effrayant.

Ce jour-là, je me tenais dans l'entrée de l'hôtel particulier, face à Mor et Rhysand qui portaient leurs plus beaux atours de courtisans. Rhys s'apprêtait à partir quelques jours en visite diplomatique sur le Continent et ma cousine devait partir le jour même pour la Cité de Pierre. Cassian était en Illyrie, Azriel quelque part en mission secrète. J'étais confiée à la garde d'Amren, qui devait continuer de m'aider à explorer toutes les facettes de mon pouvoir. En dehors de cela, elle ne se souciait guère de ce que je faisais, de qui je fréquentais et à quelle heure, ou avec qui je rentrais. Ce qui me mettait fort aise.

"-Tu es sûre que ça ira ? demanda Rhys de son ton de mère poule.
-Certaine, répondis-je d'une voix assurée. Tu sais, je n'ai plus dix ans. Nuala et Cerridwen m'ont même appris les bases de la cuisine. Tu ne me retrouveras donc pas morte de faim devant le fourneau, même si elles doivent s'absenter.
-Ne vise pas quand-même trop compliqué, rétorqua Mor. Tu as traumatisé les jumelles la dernière fois que tu as voulu faire une tourte.
-Est-ce qu'on parle du soir ou tu as voulu me faire des oeufs au plats ? répliquai-je, un sourire malicieux sur les lèvres.
-Pas si on veut éviter de réduire la maison de ton frère en cendre, conclut ma cousine.
-Trêve de plaisanterie, trancha Rhys. Si jamais tu as le moindre problème...
-Rhysand ! On est à Velaris, la cité des étoiles. Personne de malveillant n'a pu pénétrer ici en cinq mille ans. Tu as fait en sorte que je sache me défendre autant avec mon corps qu'avec mon esprit. Vous ne partez que quelques jours et j'ai cessé de me battre pour un oui ou pour un non depuis bien longtemps. Tout se passera bien. De plus, si tu avais un émissaire auprès des autres Cours, tu ne serais pas obligé de mener toutes tes missions diplomatiques toi-même."

Rhys répondit par un grognement. Il était de notoriété publique que le Grand Seigneur de la Cour de la Nuit avait du mal à faire confiance et à déléguer, même à son Premier Cercle. J'espérais un jour prendre une part active au sein de la Cour des Rêves, mais encore faudrait-il que Rhys me laisse passer les frontières de la Cour de la Nuit. Quitter Velaris sans lui relevait déjà du défi. Je connaissais les raisons de sa réticence, mais l'envie de voler de mes propres ailes me taraudait de plus en plus. Cependant, pour l'instant, l'idée de pouvoir aller et venir librement au sein de la Cité des étoiles était suffisamment excitante pour que je ne songe pas à en demander plus.

Ils se tamisèrent vers leurs lointaines destinations. Quant à moi, je rejoignis le toit de l'hôtel particulier pour m'envoler vers le Pavillon du Vent. Mes pouvoirs m'étaient plus facile à utiliser durant la nuit. J'avais découvert qu'ils fluctuaient en fonction des phases de la Lune. Plus cette dernière était pleine et plus puissante était ma magie. Amren essayait de m'aider à équilibrer les choses. Elle m'avait comparée à la pierre de Lune, qui emmagasinait la lumière lunaire pour briller ensuite. Elle était persuadée que j'étais capable d'accumuler du pouvoir durant la pleine lune pour ensuite l'utiliser plus tard. Jusqu'à présent mes essais n'avaient pas vraiment été couronnés de succès. Elle insistait pour m'entrainer durant la journée afin de me forcer à aller puiser dans des ressources dont je ne pensais pas disposer. Lorsque le soleil brillait, je préférais voler plutôt que de me tamiser, car mes tentatives de tamisage diurnes n'étaient pas brillantes.

Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant