Infinite Tsukuyomi Retsuden

「サスケ」Chp. 3 · Anata shinaide

Naruto.
Ce que je veux, c'est ériger un monde nouveau, dépourvu d'erreurs, en ne comptant que sur mes ténèbres.
Cette haine, qui est la tienne, elle doit me revenir.





Croa-croa-croa

Les corbeaux voletaient encore. De leurs grandes ailes déployées, les charognards opprimaient délibérément Sasuke. Leur présence hostile l'empêchait de respirer. Incapable de riposter, leurs becs noirs accaparaient ses mèches fines, tandis que d'autres le lacéraient de leurs serres acérées. Sasuke chancelait de part et d'autre, et les corbeaux le suivaient. À chacun de ses pas hésitants, Sasuke soulevait une poussière noire que les battements d'ailes refoulaient immédiatement.
Que me veulent-ils, à la fin, ces maudits corbeaux ?
Ici et là, il se mouvait contre son gré. Si Sasuke ne se dégageait pas de ce tumulte d'oiseaux de malheur, il allait finir dévoré. Il tenta de s'enfuir, mais ses pieds s'emmêlaient. La nuée l'entraînait de force d'un endroit à un autre. Le noir de leurs plumages gracieux tranchait à l'intérieur de cette dimension teintée de l'astre rougeoyant. Laissé pour compte dans ce contexte, il ne comprenait pas ce qui se passait.
Qu'est-ce que tu essaies de me dire, Itachi ? 
Sasuke le savait, ce qu'il devait faire, c'était simplement n'en toucher qu'un. Les autres partiraient ensuite. Difficile à concevoir alors que les croassements assourdissants, les ailes lui obscurcissant la vue, et les lacérations de leurs serres devenaient soudainement sanglantes sur son teint ivoire. Au bout d'un moment, Sasuke exécuta les mudras et s'accroupit sur la terre noire.
— Chidori Nagashi.
Les bras écartés à l'horizontale, les arceaux d'éclairs bleutés prirent la relève, atteignant les corbeaux et provoquant leur disparition soudaine. 
Pourquoi t'interposes-tu ? Alors que je cherche à tout faire disparaître, pour laver la rancœur et la haine... Hum. 
Sasuke se pencha, entre ses doigts, une plume noire.

CLAP-CLAP-CLAP

Sasuke entendait un claquement incessant, assourdissant ses sens. D'une démarche lente, il s'enfonça vers le bruit présent, si distinct parmi le silence. Il avait beau observer de ses yeux vairons, rien ne se trouvait à l'horizon. Une plaine désertique où rien ne poussait. Une terre noire à perte de vue, un astre rouge dans un ciel nacré de blanc. Une terre désolée, et cet arbre noir. Sasuke allongea son regard en amande. Une impression étrange étreignait son cœur tandis qu'il cherchait à comprendre ce paysage hostile. Le bruit dérangeant s'accrut à mesure qu'il se dirigeait vers l'arbre.Une balançoire rustique. Sasuke s'immobilisa. Sa tête s'inclina lentement vers l'avant, tirant sur ses traits. Malgré la cacophonie incessante, il chercha à se représenter l'endroit. Il comprit au bout d'un temps d'observation méticuleux qu'il avait réussi à atteindre encore la dimension du Yume à l'intérieur duquel se trouvait piégé Naruto. Un sourire s'étirait mécaniquement sur ses lèvres fines, déconcertant et glaçant. Quelque part... Sasuke s'amusait de l'oppression de cette atmosphère, jubilant de savoir que Naruto y était retenu. 
C'est donc à cela que ressemble ton royaume d'angoisses et de souffrances, Naruto ? C'est plutôt satisfaisant... 
Le bruit de claquement revint. Son cœur s'emballa au gré de ce bruit, ses pas approchèrent la balançoire. Lent. Elle n'était pas laissée à l'abandon. Une silhouette familière demeurait assise là. Des cheveux mi-longs, hirsutes en impertinente négligence, les pans d'un bandeau déferlant jusqu'à sa longue échine, la grande cape traînant par terre qui lui donnait un faux air d'Hokage... Parmi cet ensemble de mains maléfiques décidées à le faire sombrer dans ses mille et un tourments, Sasuke trouva Uzumaki Naruto. Du moins, l'état déplorable et l'âme décomposée de ce dernier. Voir l'élévation des ténèbres détruire son ami fit scintiller une lueur de démence dans les yeux vairons de Sasuke. Il claqua sa langue d'une satisfaction malsaine lorsque soudain... La vue de cette main glacée qui lui retenait ses cheveux blonds l'enragea. Le chant macabre lui semblait sans intérêt. Tout cela commençait à l'ennuyer. Le Uchiha sursauta, Naruto venait de s'effondrer dans le sang à l'intérieur duquel il cherchait à se débattre. À vrai dire, voir son ami asservi à ses propres déchirements et à cette putride solitude le désemparait. C'étaient les hurlements provenant de sa voix rauque et éraillée qui enserraient tel un serpent, le souffle du brun. La fleur rouge à ses yeux tremblait autant que son Nakama. Sasuke resta interdit, les yeux grands ouverts, lèvres à peine ouvertes devant la situation horrifiante. Personne. Personne, se jurait-il, ne devait faire de mal à Naruto si ce n'était lui, Uchiha Sasuke. Une larme de sang perla.

FRASH-FRASH-FRASH

Séparés, déchirés, laissés éventrés. Sasuke, perché avec sérénité sur la balançoire, exerçait un règne sans équivoque sur l'instant. La planche en bois usée par le temps ancien se mouvait avec une douce oscillation sous son poids. Sa corpulence chétive et faite de porcelaine se dévoilait à l'ombre d'une élégance tranquille imprégnant sa posture. Immobile, devant les flammes noires de l'enton qu'il avait déchaînées, Sasuke dévisageait les atrocités de son jutsu avec un regard sombre. Le crépitement impitoyable du feu accompagnait ce moment exultant, et l'air était maintenant saturé de l'odeur âcre et boisée de la décomposition des attrapes-mouches. Sasuke apposa son regard sur le blond esseulé, épris d'une légère moue. 
Naruto... lorsque tu souffres, sache que je souffre aussi. 
Les cheveux brun nuit de Sasuke, effleurés par la brise légère résultant du mouvement de son épine dorsale inclinée pour Naruto, encadraient son visage d'une blancheur neigeuse sans qu'il ne perde rien de sa prestance. Ses doigts s'insinuèrent d'une délicatesse presque féminine entre ses mèches de cheveux imparfaites, les enserrant d'une tendresse douce. Naruto était tremblant. Sasuke avait murmuré quelque chose, puis ses lèvres avaient déposé un bisou sur son front, comme la petite pichenette d'Itachi.
— T'as peur, Bibiri-kun ? demanda-t-il avec un sourire radieux, détaché de tout ce qui les entourait.