Les cris de joie et d'allégresse furent remplacés par des cris de terreur et d'agonie. La créature n'était pas un dieu freljordien. Ou si elle en était un, c'était un dieu vengeur venu apporter la destruction et la désolation. Erika s'empara de sa hache et sortit dans la nuit à la suite de ses parents. Elle savait se battre et elle avait déjà vu la mort.
Pourtant, rien ne l'avait préparée à ce qui l'attendait. Aucun des meilleurs guerriers ne tenait plus d'une minute contre la créature. Elle ne tuait pas. Elle massacrait. Ce n'était pas un combat, c'était une mise à mort. Le monstre était plus haut que le plus grand des hommes de sa tribu, et il faisait effectuer à sa lame une danse macabre qui, à chaque coup, tranchait un bras, arrachait une tête, éventrait, lacérait, déchiquetait...
Erika serra son arme contre elle. Ses oreilles se mirent à bourdonner. Les sons lui semblèrent tout à coup lointains, étouffés. Son cœur battait dans ses tempes, sa vision se brouilla et ses muscles se figèrent.
- Erika.
Depuis le brouillard dans lequel elle était plongée, il lui sembla avoir entendu son nom.
- Erika !
Une main ferme lui secoua l'épaule. Elle battit des paupières, extirpée brusquement de sa tétanie, et ramenée dans le chaos ambiant. Elle se rendit compte que des larmes avaient inondé son visage. Ses yeux se posèrent sur son père face à elle.
- Erika, tu rentres à la maison et tu te caches !
La jeune fille ravala ses larmes et hocha la tête. Son père la serra une dernière fois dans ses bras.
- Je t'aime, ma fille. Tu dois vivre.
Puis il la poussa en direction de leur demeure avant de ramasser son marteau et de se diriger vers la créature.
Elle fut d'abord frappée par le silence. Un silence de plomb tel qu'elle n'en avait jamais connu. Pas de bruit de la forge, pas de rire d'enfants, pas de cris d'oiseaux. Même le sifflement du vent s'était tu. A tel point que le crissement de ses pas sur la neige gelée du matin paraissait assourdissant.
Ensuite vint l'odeur puissante, tenace, qui la prit à la gorge. L'odeur du sang et de la mort.
Enfin, l'affreuse confirmation visuelle. Le tapis de cadavres et la rivière écarlate.
Erika se figea, incapable de détourner son regard de ce spectacle macabre, incapable du moindre mouvement pour aller aider d'éventuels survivants, incapable de prendre une décision ou même de savoir comment réagir. Elle resta là un long moment, paralysée par la situation.
Tout comme la voix de son père l'avait ramenée à la réalité la veille, cette fois ce furent des pleurs qui la sortirent de sa torpeur. Occultant tout le reste, elle se raccrocha à ce son, qui lui donnait quelque chose à faire, une direction à prendre. Elle se précipita vers la maison dont il provenait, poussa la porte découvrant les restes d'un repas inachevé sur la table, et suivit les sanglots jusqu'à une chambre d'enfant.
- Arne, appela-t-elle doucement. C'est moi, c'est Erika. Tu peux sortir de ta cachette.
La tête du petit garçon apparut sortant de sous le lit, les joues humides.
- Erika ? Où sont mon papa et ma maman ?
La jeune fille sera le garçon dans ses bras, paupières closes. Elle repoussa les images qui lui venaient en tête et se retint de laisser couler ses propres larmes. Elle était l'aînée, elle devait tenir bon.
- Il n'y a que moi Arne.
Tryndamere ouvrit les yeux.
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[League of Legends] Le silence de l'annihilation
FanfictionLa mort est injuste. C'est la leçon qu'apprend Tryndamere le soir où sa tribu est massacrée sous ses yeux. Désormais dernier guerrier parmi la poignée de survivants, c'est à lui qu'il revient de leur trouver un abri, de les protéger contre la mort...