Bugiardi

13. Sensations

Carter, 7h

Je me réveille en sursaut. J'ai fait un mauvais rêve. Il me terrifiait. Je reprend lentement le contrôle de mon esprit qui se rappelle en boucle ce rêve.

Je suis sur le siège passager, ce qui arrive rarement. Lys se trouve à ma place, elle dort. J'enlève le plaid de mon corps. Elle a dû me le mettre quand elle s'est arrêtée sur ce parking. Elle devait avoir envie de dormir elle aussi. Je n'aurais jamais dû dormir en sachant qu'il n'y avait aucun moyen de la protéger.

Je me souviens de sa voix me disant de m'endormir, que je n'avais pas besoin de lutter. J'aurais cru qu'elle avait de la peine pour moi à ce moment. Mais Lys n'a de peine pour personne. Je ne sais pas pourquoi elle a été gentille comme ça alors que depuis que nous nous sommes revus, elle et moi ça ne va pas.

Hier soir, je n'ai pas protester. Je lui ai fait confiance, je me suis endormi. Elle a pris soin de moi, et de Lucas aussi apparemment. Il a une couverture sur lui.

Elle n'a rien. Elle n'a rien sur elle. Elle nous a donné tout ce qu'elle avait. Elle s'est occupée de notre bien être avant le sien. Elle n'aurait pas dû faire ça. Nous n'avons pas besoin de la pitié des gens. Surtout pas de sa pitié à elle.

Je n'ai pas besoin de son affection. Je n'ai pas besoin de son attention. Je n'ai jamais eu besoin d'elle. Je n'ai jamais eu besoin de personne. Je n'ai jamais eu besoin d'aide.

Je n'ai jamais eu besoin d'elle...

Elle bouge, elle se tourne vers moi. Elle dort encore. Elle ne fait aucun bruit, j'entend à peine sa respiration. Elle tremble légèrement.

Je prends la couverture qu'elle avait mise sur moi cette nuit. Je ne la laisserais pas tomber malade parce qu'elle a voulu prendre soin de nous. Je vais nous conduire jusque chez moi. Elle pourra dormir dans un vrai lit. Elle pourra dormir au chaud.

Mais pour retourner chez moi, je vais devoir accéder à la place du conducteur sans la réveiller. Quand nous étions plus jeunes, elle avait le sommeil léger. Est-ce encore le cas ?

J'ouvre ma portière et sors de la voiture. L'air frais de l'Italie me caresse le visage. Les matins comme celui-ci sont les plus doux. Ce genre de matin, il faut se poser et observer le paysage avec la plus grande attention. C'est dans ces moments que je me dis qu'une autre vie aurait été merveilleuse.

Je dois échanger de place avec Lys. Je n'ai qu'une seule solution, je dois la porter. Je ne veux pas la toucher sans qu'elle le sache. Elle ne veut pas non plus, elle me l'a clairement fait comprendre.

Le soir de la fête, j'avais dû lui enlever sa magnifique robe blanche. Elle était complètement bourré et je comprends que je n'aurais pas dû la toucher même pour la porter jusqu'à son lit et que je n'aurais pas dû lui enlever sa robe. C'est vrai que ça peut être suspect. Mais ce soir-là, elle s'est vomi dessus. Je n'allais pas la laisser dormir avec sa robe dégoûtante sur le dos.

Je n'ai jamais voulu lui faire croire qu'il s'était passé quelque chose entre nous ou que j'avais fait quelque chose sans son consentement. Mais je n'avais pas trop le choix non plus.

Ce soir-là, j'ai dû la porter. Et sentir son corps contre le mien après toutes ces années, ça a provoqué une sensation étrange en moi. Je me sentais bien avec elle, mon corps était à l'aise avec elle.

Je ne veux pas ressentir cette sensation de nouveau. Elle me tuerais. Elle me rendrait accro.

Je ne peux pas être accro à Lys Costa. Pas pour le moment. Je m'en interdis.

Je ne dois plus y penser. Je dois oublier le sentiment de son corps contre le mien. Je dois oublier ce qu'elle m'a fait ressentir. Je dois oublier mes sentiments.