Chapitre 4 : D'un simple mot

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Malgré mes efforts, qu'importe ma magie ou mes pouvoirs, je n'ai pas été capable de sauver ce gobelin ...
Lui aussi avait une famille, des gens qui l'attendaient au camp mais surtout, même après plusieurs années d'entraînement, je me suis rendue compte qu'il ne fallait pas devenir une aventurière.
Ils ne pensent qu'à eux, tuent par plaisir ou pour de l'argent et au final, nos vies ne sont qu'un jeu pour eux ...

"Où est-ce que vous étiez passés? Ai-je demandé à Rénald, en tapant fébrilement de mon poing sur son torse, là où mes larmes ne s'arrêtaient plus.
-Je me suis connecté dés que je me suis réveillé. M'a-t-il répondu au dépourvu ...
-Je ne comprends rien à vos histoires de connexions ...
On rigolait ensemble juste avant et d'un coup, à mon réveil, j'étais seule, j'avais peur mais le pire dans tout ça, je pensais qu'on allait devenir amis ..."
Il n'a rien dit, m'a laissé continuer à le frapper mais a déposé sa main sur ma tête en détournant son regard avec regret.
Après avoir récupéré le cadavre de leur compagnon, les araignées et le gobelin sont retournés au village.
J'étais frustrée par la situation mais je ne pouvais pas entièrement en vouloir à Rénald.
Après tout, il venait de me sauver la vie.
C'est en ravalant ma fierté que je lui ai demandé de m'expliquer comment fonctionnait leur monde.
Il avait beau essayer de me décrire sa vie à l'extérieur du jeu, quoi que ça voulait dire, la seule chose que j'ai retenue, c'est qu'il m'a appelée petit chat.
Lui qui avait pour habitude d'être un peu autoritaire ou rustre, cette fois-ci, ses propos m'avaient touchée et je ne savais plus où donner de la tête.

C'est avec la peine d'avoir laissé quelqu'un mourir, que Rénald et moi nous sommes enfoncés dans le donjon.
Pour les aventuriers, un gobelin n'était pas différent d'une araignée sauvage ou du gorille que l'on avait rencontré à l'extérieur.
Mais depuis ce qu'on s'est dit lorsque nous étions tous les quatre présents autour du feu dans la forêt, seuls ceux que moi, je considérais comme ennemis, seraient à combattre.
Mais j'ai tué quelqu'un aujourd'hui.
C'était la première fois et mes mains en tremblent encore.
Tandis que pour eux, les aventuriers, tuer est un passe-temps qu'ils font sans la moindre vergogne.
Des fois, je les envie de ne se soucier de rien lorsqu'ils arrivent dans mon monde ...
Rien que le fait de me dire que j'ai volé de l'équipement à ceux qu'on avait tués, me rendait mal à l'aise.
C'est à force de marcher que nous sommes arrivés à un point d'eau.
Je me suis empressée d'aller y boire car depuis que l'adrénaline était redescendue, j'avais besoin d'évacuer l'alcool que j'avais consommé.
"C'est vrai que tu as tes besoins vitaux, toi. M'a dit le chevalier.
-Où veux-tu en venir? Lui ai-je répondu après avoir pris plusieurs gorgées et m'être essuyée la bouche.
-Ici, je ne ressens ni la faim ni la soif et encore moins la peur.
Mais pour toi, c'est de ta vie qu'il est question, pas d'un jeu."
Même si je ne voyais pas trop où il voulait en venir, j'ai fait attention à notre environnement.
Ce point d'eau venait d'une légère cascade assez facile à escalader mais où il fallait retenir sa respiration.
Notre objectif se trouvait justement au bout de l'eau, là où se situaient les araignées sauvages, les cibles qu'on voulait abattre.
En faisant bien attention à ce que ma sacoche soit fermée, je me suis mise à remonter le courant.
L'eau n'était pas très forte mais sans faire exprès, à plusieurs reprises, j'ai bu la tasse.
Si j'avais su ça dés le début, je n'aurais pas demandé à Rénald d'attendre que j'ai fini de boire avant de nous remettre en route.
Et pour être tout à fait honnête, j'en ai un peu profité pour boire tout en escaladant.

Une fois en haut, même si je respirais fort à cause de l'effort que je venais de faire, j'avais l'impression d'être la seule à avoir tant peiné car Rénald, lui, ne donnait pas l'impression qu'on venait d'escalader pendant presque un quart d'heure ...
Mais la chose la plus choquante dans cette histoire c'est de me dire qu'il avait un sac aussi petit que le mien, mais qu'il a réussi à y faire rentrer des objets plus grands et lourds, comme si de rien n'était.
Tandis que moi, le simple fait d'avoir l'arbalète de celui que j'ai tué d'accrochée à ma ceinture, ça m'obligeait à revoir comment me déplacer pour ne pas la casser ou me bloquer.
Il ne restait que quatre carreaux à l'intérieur et me connaissant, ça ne serait peut-être pas suffisant pour toucher une seule cible ...
Et c'est là que perdue dans mes pensées, sa voix m'est parvenue.
"Attention petit chat!" A-t-il crié en me poussant de son épaule.
Moi qui avais pour habitude de faire attention à mon entourage, penser à celui qui devait me parler cette nuit et encore même maintenant, avec mon chevalier pour me protéger, je ne savais plus où donner de la tête.
C'est en le regardant, de son épée à la main en train de parer les crocs d'une grosse araignée, que j'ai repris mes esprits et ai sorti ma dague.
Il l'a envoyée jusqu'à moi et de ma lame plantée dans son corps à plusieurs reprises, j'ai fini par la tuer.
Je me demande si Rénald n'était pas le meilleur de trois pour moi.
Lui était capable de m'expliquer comment combattre sans utiliser ma magie mais surtout, savoir me défendre face à ceux que moi, je considérais comme des monstres.

En haut, il n'y avait aucune torche pour nous éclairer mais la lumière de l'extérieur passait au travers de l'eau et guidait nos pas.
À nouveau, nous en avons tué une seconde puis une troisième en utilisant le même procédé.
Je n'utilisais pas la moindre once de magie car je souhaitais la garder en cas de pépin.
Au plus on en tuait, au plus j'avais l'impression que mon chevalier s'y habituait.
Je ne saurais comment l'expliquer mais il devenait de plus en plus fort.
Vint le moment où il a commencé à en prendre plusieurs à la fois où à mon rythme, dés que j'en tuais une, Rénald m'en lançait une nouvelle.
Je ne sais pas combien de temps on a passé à en tuer mais moi aussi, j'avais l'impression de devenir plus rapide, malgré que la fatigue commençait à arriver.

C'est lorsque nous nous sommes arrêtés quand j'ai commencé à bâiller, qu'il nous a trouvé un endroit où se reposer à tour de rôle.
Si je n'avais pas été aussi fatiguée, je l'aurais aidé à monter le feu mais il ne m'aura fallu que de quelques instants pour tomber de fatigue et m'endormir en laissant ma tête tomber sur son épaule.
Et d'un coup, un profond froid est survenu, le feu s'est éteint, Rénald a disparu et une ombre est apparue devant moi, me réveillant en sursaut ...

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