Maudits

Chelsey

Roppogni 2005

Beaucoup de gens aiment l'été. Ils disent que c'est la saison la plus chaleureuse, que c'est la saison où tout le monde est heureux. Ils aiment l'été parce qu'il fait beau. Mais pas moi. Je déteste l'été. La chaleur étouffante, l'air humide, la transpiration et le soleil tapant m'agacent au plus haut point. Mais ce n'est pas pour ces raisons que je déteste l'été à ce point. L'été est la saison où on met des vêtements plus courts et qui dit vêtements courts, dit montrer un peu plus de son corps. Et je déteste montrer mon corps. Peut-être était-ce parce que je n'entrais pas dans les critères de beauté asiatiques ? Ou à cause des remarques des gens qui me voyaient ? Bref. Tout ça pour dire qu'être noire au Japon, c'est l'enfer. 

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Il était tard, j'étais assise à ma fenêtre tout en regardant la ruelle quelques étages en dessous de mon immeuble délabré. J'habitais dans un quartier mal réputé quelque part dans Roppogni. Un lampadaire illuminait d'une faible lueur la ruelle sombre. Ça puait l'alcool et deux hommes bourrés semblaient s'embrouiller. Ils criaient depuis toute à l'heure et ça commençait à m'agacer. Je criai alors plus fort qu'eux :

-Eh fermez votre geule et cassez vous de la ! Y a des gens qui habitent ici alors allez vous embrouiller ailleurs !

Je les entendis murmurer des insultes à mon égard mais ils partirent. Je laissai un soupir s'échapper d'entre mes lèvres. Je pris alors un briquet et une clope avant de l'allumer. Je tirai dessus laissant la nicotine pénétrer mes poumons avant de recracher la fumée. Je réfléchissais à ma vie tout en regardant le mur du bâtiment de l'autre côté de la ruelle. La fatigue me piquait les yeux mais j'avais beau chercher le sommeil...Impossible de dormir. Je pensais à demain, aux horreurs que les autres me balanceront encore à la geule, à leurs insultes, leur coups....

Calme toi Chelsey... De toute façon tu seras plus là pour longtemps.

Je fus arraché de ma bulle de pensées négatives quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Il était rentré. Je me levai le plus silencieusement possible et fermai la porte de ma chambre à clé. Je me couchai alors sur mon lit en priant pour qu'il n'entre pas dans ma chambre malgré ma porte fermé à clé. Je fis semblant de dormir quand j'entendis la poignée de la porte bouger violemment. Il essayait d'entrer, il allait entrer. Mon père allait entrer dans ma chambre et me violer une fois de plus. Après plusieurs minutes d'angoisse les bruits cessèrent et j'entendis des pas s'eloigner. Je respirai rapidement les larmes aux yeux avant de finalement m'asseoir sur mon lit et de passer ma main dans mes cheveux bouclés. Je ne portais qu'un short très court et un débardeur à bretelles fines mais j'avais tellement chaud. Je me fis alors un chignon en laissant deux mèches devant. Après ça, je me couchai dans mon lit et m'endormis enfin après plusieurs heures.

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Mes yeux s'ouvrirent d'un coup sec à la sonnerie insupportable de mon réveil. Je grognai et enfouis mon visage dans mon coussin avant de frapper sur le réveil pour l'éteindre. Je sortis alors péniblement de mon lit pour me diriger vers mon armoire. J'y pris mon uniforme et sortis de ma chambre. En ouvrant la porte je vis le bordel pas possible qui régnait dans l'appartement. Les sacs poubelles partout, les bouteilles d'alcool éparpillés sur le sol et la vaisselle non faite ne firent soupirer. Dieu savait à quel point je détestais vivre la. La bonne nouvelle était que personne n'était à la maison. Et ça, ça m'arrangeait. J'entrai alors dans la salle de bains. Je me déshabillai et regardai mon reflet dans le miroir. Je passai doucement ma main par dessus  la cicatrice de mon visage tout en la maudissant. Je détestais cette cicatrice. Elle m'avait apporté que du malheur.

Des coupures fraîches étaient visibles sur les parties les moins apparentes de mon corps tels que le dessous de mes poignets, les cuisses et le cou.

T'es même pas capable de passer deux jours d'affilée sans te mutiler. T'es pathétique Chelsey.