Chapitre 6

287 14 2
                                    

Nous avons mis une semaine pour tout préparer, entre-temps avec Grisha nous sommes sortis aussi souvent que nous le pouvions. Nous sommes allés au cinéma, puis nous avons passé du temps à nous balader sur les bords de la Moselle, nous sommes allés faire du shopping, un grand moment de stress, je déteste ça.
—Allez, viens, tu verras ça n’a rien d'insurmontable, déclare-t-il en me caressant la joue tendrement.
—Grisha, tu ne sais pas à quel point j’ai horreur de ça.
—Je pense l’avoir compris, rigole-t-il en me tirant par la main pour entrer dans un des magasins de luxe présent dans la ville avant de m’embrasser délicatement.
Il me tire la main pour entrer dans un des magasins de luxe présent dans la ville avant de m’embrasser délicatement.

Nous y avons passé toute une après-midi, j’ai failli tuer plusieurs vendeuses pour avoir fait du gringue au seul homme qui me porte intérêt. Quoique je comprenne pourquoi, il est si beau que c’en est surréaliste.  Nous sommes ensuite rentrés et avons eu le droit à toute une semaine à tous les supporter, surtout elle. Je lui ai cassé le nez une nouvelle fois pas plus tard qu’hier, parce que oui depuis que j’ai dit que Grisha est mon mec, elle pense que c’est open-bar. Son pitoyable jeu de séduction est la pire chose que j’ai pu voir de toute ma vie, mon pauvre démon, lui qui ne demande rien se retrouve avec ces affreux obus sous la tronche. Je songe encore à ce qui s’est passé la veille.
—Ce n’est pas possible que ce soit des vrais, hein, rassure-moi, me dit Yliria en zieutant sa poitrine et la mienne. Parce que là je risque d’avoir un complexe phénoménal.
—Je te garantis qu’il n’y a rien de réel là-dedans. Putain, mais tu vas lui foutre la paix ou je te fais une réduction mammaire sans anesthésie et tout le bordel qui va avec ?
—Ne sois pas jalouse parce que ton soi-disant mec me préfère à toi, me répond Anaïs d’un air hautain.
—Je le vois plutôt m’appeler au secours depuis tout à l’heure, sérieux, t’as un sacré problème toi, déjà à l’époque, c’était comme ça.
—Ne te prends pas pour plus importante que tu ne l’es Yéléna, me lance-t-elle.
—À d'autres, Machine, tu souffres d’un complexe d'infériorité, profère Grisha. Et elle a raison mais je ne voulais pas paraître méchant, je ne suis pas chez moi.
—Trop aimable, mon cher, lâché-je mesquinement en me tournant de nouveau vers la bécasse de service. Va te faire ramoner par un mec de ta trempe, ne touche pas à ce qui ne t’est pas accessible.
—Vous êtes prêt ? nous demande Raphael. Il se passe quoi là ?
—Rien, mais je tiens juste à t’avertir que si tu as une disparition tu sauras qui et pourquoi, annoncé-je avec un sourire sadique.
Je récupère mon sac et sors de ce putain de club, j’ai dit que ça faisait une semaine que je les supportais tous ? Oui? Ah autant pour moi!
Je reviens au moment présent quand je sens une main sur mon épaule alors que je fixais la rue à travers la fenêtre de la demeure que mon démon a achetée.
—Ça va ? me demande-t-il.
—Oui, j’étais dans mes pensées. Tu crois qu’elle se trouve dans la maison ?
—Je ne sais pas ma belle, mais je l'espère de tout cœur. Nous sommes peut-être des gens de la pire espèce, mais s’en prendre à des gosses, c’est juste immonde.
Je le fixe et viens m’appuyer contre son torse dur et chaleureux, il passe un bras sur ma hanche droite et me sert contre lui. Je soupire de contentement et d’aise, malgré des années sans rapport physique avec le sexe opposé je me sens étonnement bien et en sécurité avec lui. Je me détache à regret, ce mec abaisse toutes les barrières que j’ai mises autour de mon cœur sans effort.
—Je vais aller me changer et opérer mon tour d’inspection en pratiquant un footing. Yliria devrait revenir des courses dans pas longtemps je pense.
—Vu la tête qu’elle a faite avant d’y aller, ça ne m’étonne pas vraiment, me dit-il avec le sourire.
—Elle déteste ça, le fait de côtoyer des personnes ça l’agace plus qu’autre chose, surtout qu’en tant que femme elle attire sans le vouloir les regards avec sa beauté, ajouté-je en montant l’escalier qui mène à l’étage où sont nos chambres.
Je me change en mettant une tenue sportive, legging gris clair, débardeur noir, veste de survêt violette, ainsi qu’une paire de baskets. Surtout ne pas oublier mon téléphone que je place dans la pochette brassard dédiée à ça, de même que mes écouteurs.
Je descends et vois mon beau mâle dans la cuisine avec une tasse de café en main, je vais dans le frigo m’emparer d’une bouteille d’eau. Au moment où je passe devant lui, il me prend par le bras pour m’attirer à lui et m’embrasse. Sous le choc, j’ouvre les lèvres et il saisit l’occasion pour y entrer avec sa langue, et quelle langue, elle est conquérante, fougueuse, sensuelle. J’ai chaud, des papillons font la fête dans mon ventre. Je gémis, bordel, tellement c’est bon, sa bouche à un goût de café et je dois dire que j’aime beaucoup, mon nouveau parfum préféré. Je mets mes bras autour de son cou et il en profite pour me rapprocher encore plus de lui, ce qui me fait frissonner de partout. Nos langues jouent et se cherchent avec fougue et intensité, il m’agrippe les hanches de ses mains puissantes pour me coller à son énorme érection. Puis, il commence un mouvement de va et vient qui me provoque de nouveaux gémissements alors je plante mes ongles dans son cuir chevelu ce qui suscite un grognement chez lui et me rends d’autant plus dingue.
Il s’écarte finalement, nous laissant pantelants, les joues rouges et les lèvres gonflées. Ce mec va devenir une drogue pour moi je le sens, il a un rictus béat sur le visage et ses yeux sont un appel au sexe.
—Tu es tellement sexy là-dedans que je n’ai pas pu me retenir, me sourit-il.
—Hmm...
C’est la seule chose que je suis capable de répondre, encore à l’ouest. Il rigole doucement et m’embrasse une nouvelle fois puis se rend vers l’étage non sans m'avoir dit auparavant de faire attention en allant courir. Putain de merde, j’ai les sens en feu, et les hormones, je n’en parle pas. Je mets la musique dans mes oreilles, sors de la demeure et commence mon échauffement avant de démarrer lentement. Je passe ainsi en face d’une rangée de maisons presque toutes semblables à la nôtre, bien que certaines ne soient que sur un étage. Je poursuis et prends plus loin le chemin qui mène à la baraque que nous guettons, tiens, il y a du monde aujourd’hui. En passant devant je vois trois mecs à distance. Je me fais siffler mais ne dis rien, je me concentre sur ma course et ma respiration. Je regarde discrètement l’heure sur mon téléphone, les hommes que Raphaël a mis en place pour la surveillance n’ont pas menti, ils sont ponctuels, je continue vers les bois qui jouxtent le village pour que l’on ne me remarque pas. Ce n’est pas vraiment une maison, c’est plus une ferme réaménagée en fait. Une fois dans la forêt je me stoppe pour appeler Grisha :
—Ma belle, un problème ? me demande-t-il inquiet.
—Non, ne t’en fais pas, je viens de passer devant la baraque, affirmé-je en russe on ne sait jamais.
—Tu as du nouveau ?
—J’ai vu trois hommes de loin, je me suis fait siffler mais je ne me suis pas arrêtée.
Je perçois son grognement à l’autre bout du fil, m’entendre dire que l’on m’a hélée tel un vulgaire animal ne lui convient pas. Non pas que ça me plaise aussi, hein, soyons clairs là-dessus. Perso, j’aurais pensé que ça m'énerverait, mais je constate que venant de sa part, pas du tout, je trouve ça sexy de le savoir jaloux. Folle, moi ? Tout à fait, une vraie midinette devant un alpha comme lui, et je défie quiconque de résister à ce mec.
—Grogne pas Croc-Blanc, ce n’est pas viril du tout, continué-je toujours en russe. Bon, je vais rentrer il n’y a aucune brèche dans le barbelé.
—Ok, et je ne grogne pas! Fais attention sur le chemin du retour, dorogoy.
—Si tu le dis. À tout à l’heure.
Je souris en raccrochant et je fais demi-tour, en repassant devant la ferme. Je constate que les hommes ne sont plus là, grand bien m’en fasse, je ne ralentis pas et reviens dix minutes après. Je monte pour aller me doucher et détendre mes muscles sous l’eau chaude. J’ai vu la voiture face au garage, donc Yliria est revenue des courses, génial en plus c’est à moi de préparer à manger. Ne me demandez pas ce que je vais cuisiner, je n’en sais strictement rien.
Je me lave tout en réfléchissant à ce qui va s’opérer par la suite, je suis au courant que les gars du club vont poster des mecs pas loin pour observer les allées et venues. On doit absolument trouver une fenêtre de tir pour pénétrer dans la maison sans se faire repérer, et niveau discrétion, Yliria et moi sommes les meilleures de par notre taille mais aussi de notre finesse. Je sens que ça va être coton, une vraie galère, en plus on ne pourra pas passer par la forêt. La propriété est entourée de barbelés, ça prendrait trop de temps pour effectuer une brèche. Une fois que j’ai fini je sors, mais je me rends compte que j’ai oublié d’attraper des affaires de rechange, fais chier, je m’enveloppe de ma serviette et file dans ma chambre.
La maison est sur deux étages, le rez-de-chaussée et le premier, le rez-de-chaussée est tout ouvert, la cuisine est tout équipée, le salon et la salle à manger meublés, tout y est lumineux. Concernant l’étage, il y a quatre chambres et une salle de bain avec WC. Deux chambres de chaque côté du couloir et la salle de bain réside au fond de celui-ci, la mienne, elle, est tout de suite à droite après l’escalier, celle de Yliria est juste à côté de la mienne alors que celle de Grisha se trouve être la première à gauche de l’escalier, en face de ma chambre.
La déco y est moderne, un lit double à baldaquin à gauche en entrant avec deux tables basses de chaque côté et des lampes de chevet. Une fenêtre se situe au-dessus du bureau en face de la porte, une armoire sur la droite de celle-ci. Non pas que je m’en occupe grandement d'ailleurs, de l’ornement, j’ai bien d’autres choses à penser. Une fois dans ma chambre, je me dirige vers l’armoire pour en sortir une tenue mais je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit que je suis poussée vers mon lit, je retiens un hoquet quand je reconnais Grisha.
—Grisha, qu’est-ce que tu fais ? demandé-je en commençant à haleter.
Il se pose au-dessus de moi, main droite tendue vers ma serviette, genoux entre mes jambes, son visage se rapproche du mien et sans résistance je le laisse m’embrasser et dénouer le linge pour lui donner accès à mon corps. Il prend tout et me donne en retour, une de ses paumes se trouve sur le matelas tandis que l’autre s’amuse à me découvrir délicatement. Putain de torture, je frissonne et je le sens sourire, il a remarqué que mon être répond au sien sans restriction. Sa main arrive sur mon sein droit puis avec son pouce et son index il titille mon téton, le pince et le tire. Je m'arc-boute de plaisir en lâchant ses lèvres délicieuses, il en profite pour les abaisser sur mon cou, elles prennent dès lors la direction de ma clavicule, par tous les dieux, avec sa barbe de trois jours c’est juste l’extase. Je chuinte, gémis et il exploite ce moment pour saisir mon mamelon en bouche pour lui infliger la pire des douces tortures. Il me lèche, m’aspire et mord mon sein sans gêne, je ne geins même plus à ce stade, je crie alors que je plante mes ongles dans son dos, il grogne de nouveau.
—Mon Dieu, sifflé-je.
—Et encore, ce n’est pas fini ma belle, me répond-il en relâchant mon sein.
Il recommence à l’identique avec le gauche, sa main droite descend doucement sur mon ventre puis mon pubis. Il atteint le point le plus sensible de mon anatomie, mon clitoris, qu’il cajole avec l’un de ses doigts. Il continue son chemin plus bas et sent à quel point je mouille, sans attendre il en fait entrer un en moi et effectue un doux va et vient.
—Bon sang, dorogoy, tu es trempée rien que pour moi, prononce-t-il d’une voix rauque.
—Grisha, s’il… S’il te plaît, supplié-je.
—Oui moya krasota ? Dis-moi ce que tu veux et je te le donnerais.
Je vais donc me passer de mot, je soulève mes hanches pour venir à la rencontre de son doigt et sans que je lui demande il en rajoute un deuxième tout en gardant sa bouche sur mes seins. Je hurle de plaisir et ses pénétrations se font plus virulentes, plus sensuelles, plus profondes, tandis que son pouce dessine des cercles sur mon bouton de nerf de plus en plus vite. Je décide par conséquent que je ne serais pas la seule à y prendre plaisir, j’oriente une de mes mains vers le bas et la presse sur sa verge dure comme du béton. Je commence au même titre que lui à effectuer un mouvement de bas en haut, mais ça ne me suffit pas alors je sors son énorme queue et le caresse avec vigueur. Je suis au bord d’un orgasme phénoménal et puissant, il ajoute un troisième doigt et là je hurle son nom tout en me déversant sur sa main, totalement pantelante, tremblante dans ses bras. Il se lève à moitié, éjacule sur mes seins puis m’observe avec un air satisfait. Bordel, je peux mourir en paix maintenant.
—Tu as bon goût, s’exclame-t-il en continuant à sucer ses doigts tout en me regardant dans les yeux.
—Bon sang, c’est la première fois qu’on me fait ça, formulé-je en essayant de récupérer mon souffle.
Il pouffe, fier de lui, cet homme est un putain d’Incube, ce n’est pas possible autrement je n’ai jamais autant pris mon pied quand je me touchais moi-même.
—Tu as des doigts magiques, tu le sais ?
—C’est toujours un plaisir de l’entendre, me répond-il en m’embrassant délicatement. Mais ce n’était qu’une avant-première, la prochaine fois ça ne sera pas eux, mais ma queue qui se logera dans ton doux et lisse fourreau. Je te baiserai sauvagement, profondément, et tu m’en redemanderas.
—Je te crois sur parole, bon sang ! Tu m’as vidée et je suis bonne pour reprendre une douche, rigolé-je en passant ma main dans ses cheveux.
Il me sourit et se lève d’un coup sans oublier de prendre mes lèvres d’assaut encore une fois, son téléphone sonne au même instant dans la poche arrière de son jean. Qu’il est canon putain, je sais je me répète, mais je m’en fous. Il décroche :
—Ivan, du nouveau ?
—Salut les gars, oui j’ai du nouveau, mais je ne suis pas certain que ça fera avancer la recherche.
—Accouche Ivan sinon on y sera encore demain, lancé-je.
—Allons droit au but donc, je viens de découvrir que notre petit ange n’est pas la première à disparaître comme ça, nous informe-t-il. Ils sont au moins une vingtaine depuis deux ans environ et je ne compte pas les anciens, parce qu’on en est à plusieurs centaines sur dix ans.
—Par l’enfer, alors si je suis ton raisonnement, c’est un réseau de trafic d’enfants ? grogné-je.
—Oui ça en a tout l’air, riposte-t-il soucieux.
—Comment n’a-t-on pas pu voir ça depuis le temps ? demande Grisha.
—Ils sont malins, ils possèdent un système très efficace qui leur permet de passer entre les mailles du filet sans jamais se faire repérer, transmet Ivan. Lequel, je ne sais pas du tout et pour trouver il me faudra un moment parce que je vais devoir fouiller le dark pour avoir des réponses.
—Fais comme tu peux Ivan, bon boulot mon pote, le gratifie Grisha.
—À votre service, je vous rappelle dès que j’ai du nouveau.
Nous restons silencieux quelques instants alors qu’il me prend dans ses bras. Je frissonne mais pas de froid, ce que vient de nous révéler Ivan me gèle les os. Il me porte jusqu’à la salle de bain où il allume le mitigeur pour faire couler l’eau chaude, il se déshabille et se positionne dessous. Il me tend sa main que je saisis et je me colle à lui. Il me masse la nuque avant de prendre le gel douche et de nous laver l’un l’autre.
—Nous devons passer à l’action dans les plus brefs délais, murmuré-je en laissant l’eau rincer ma peau et celle de mon démon.
—Je suis d’accord, mais nous verrons ça avec Yliria, vous ne serez pas assez de deux pour couvrir le terrain. Et je doute que le club en fasse plus de toute façon.
—J’en doute aussi, confirmé-je en sortant de la douche avec lui.
Je m’enroule de nouveau dans une serviette alors qu’il se presse contre mon dos en guise de soutien. Nous nous dépêchons de nous rhabiller, chacun dans sa chambre, une fois fini nous nous rejoignons au salon où j’effectue les cent pas n’arrivant pas à rester assise. Grisha, lui, se tient près de moi tout en me laissant gérer au mieux l’information que nous avons reçue. Il en profite d’ailleurs pour prévenir Yliria sur ce point et elle est d’accord avec moi. Nous devons infiltrer la demeure ce soir, nous n’avons plus le choix ni le temps.
Je retourne donc dans ma chambre enfiler mon costume avec mon Incube qui lui, restera dans les environs de la maison. Alors que je finis de me camoufler, Grisha s’approche pour passer sa main droite sur ma joue en se penchant jusqu’à ce que son front soit contre le mien.
—Promets-moi de faire attention, murmure-t-il.
—Je te le promets, mais toi aussi fais gaffe, je n’ai pas encore testé la marchandise en profondeur, je lui réponds sur le même ton. On ne sait pas ce qu’on va trouver là-bas.
Il rigole et me serre dans ses bras forts, musclés, chauds et sécurisants.
—Je ne voudrais pas perdre ma marchandise, j’y tiens autant que toi, ricane-t-il en me faisant un bisou sur le front.
—Bien, si nous nous sommes compris tout va bien, je rétorque taquine. Et puis, elle est énorme, j’ai hâte de voir ce que ça va donner.
Il éclate de rire et je le suis, c’est habilement détourné pour dérider un peu l’atmosphère tendue qu’il règne dans la maison depuis que nous y sommes. Nous rejoignons Yliria devant la demeure. Il fait nuit noire et il n’y a plus un chat dans les petites rues de ce trou paumé. Nous nous dirigeons vers la ferme réaménagée et avec Yliria nous nous tapons dans le poing avant de nous éloigner chacun de notre côté. Mais d’abord, je pose ma bouche sur celle de mon sexy démon et je pars sur la droite de la maison, faisant attention à l’endroit où je mets mes pieds et me concentre sur ma démarche. L’astuce quand on veut se fondre dans la nuit, ce sont dans un premier temps des vêtements sombres, et marcher des talons à la pointe des pieds en évitant les feuilles mortes et branches sèches.
Une fois arrivée, je me stoppe un instant, me collant au mur extérieur. Je jette un œil aux alentours pour trouver une ouverture qui me permettrait de rentrer facilement dans la baraque sans me montrer, non pas qu'égorger ces débiles me fasse peur, mais si le petit ange est dans la maison je n’ai pas envie qu’elle en pâtisse. Je bouge jusqu’à l’arrière et là je vois un mec avec un AK dans les mains et une clope au bec venir vers moi. Je m’accroupis, dos au mur, et le laisse passer en sortant ma dague silencieusement, et au moment où il ne s’y attend pas je lui tranche la gorge après m'être relevée rapidement.
Je retiens le poids mort pour ne pas qu’il tombe avec fracas et me ramène ses potes en renfort, je relance un coup d'œil et la voie est enfin libre pour le moment. Ah non, j’ai parlé trop vite, je me sens tirée en arrière et une lame se faufile contre ma gorge. Du moins au max de celle-ci, avec tout l'attirail qui me camoufle. Putain, que ça me saoule de me faire choper comme une bleue, sérieux en plus je n’ai même pas fait de bruit. Der’mo, der’mo, der’mo !!!
—T’es qui toi ? Et qu’est-ce que tu fous là ? me demande-t-il.
—Tu es sûr de vouloir le savoir ? questionné-je.
—Ton accent me dit que tu viens de Russie ou dans les environs.
—C’est qu’il en a dans la bouloche le dégénéré, ricané-je.
Entre-temps, un autre péquenaud se ramène à la petite sauterie improvisée, fait chier, littéralement. Il sourit comme s’ils avaient découvert le Graal, attardé !
—Bah alors, qu’est-ce que tu as trouvé mon ami ? lui demande péquenaud deux.
—J’allais l’apporter au patron, elle vient de saigner Henri, réponds le premier.
Le second venu jette une œillade au macchabée qui se vide toujours au sol d’un œil presque morne. Ah il ne devait pas s’adorer ces deux-là !
—Il était sur mon chemin, me justifié-je en haussant les épaules. Et vous aussi.
Je me mets en action, dans ce genre de situation je n’ai que très peu de manœuvres possibles. J’attrape de mes doigts le pouce sur la main droite de mon assaillant au couteau et le tire pour le lui faire lâcher. Je m’y accroche pour me dégager de son étreinte forcée, une fois fait ceci avec rapidité, je suis de nouveau libre de mes mouvements. J’en profite pour frapper ce débile de mon pied en plein dans le plexus solaire avant de lui aussi, lui trancher la gorge et me retourne vers l’autre qui est resté là les bras ballants à ne rien comprendre de ce qu’il vient de se passer.
Il se propulse vers moi avec une puissance hors-norme nous faisant tomber à terre, mon arme avec. Il est sur moi en deux secondes. Il me met une droite du tonnerre qui m’aplatit le visage du côté gauche en plein dans la mare de sang de son pote.
—Espèce de salope, je vais te le faire regretter, tu vas voir, crie-t-il en me mettant les mains autour du cou pour m’étrangler.
Encore ? Sérieux, ils ne peuvent pas lui foutre la paix à mon cou ? Je baisse le menton pour faire un maximum de vide entre ma trachée et ses mains. Je respire autant que je le peux et lui fourre un coup de poing dans la pomme d’Adam, il recule en suffoquant et j’en profite pour lui planter ma lame directement dans le cœur. Une coulée de sang sort de sa bouche après une minute à se fixer des yeux, qu’il a arrondis de surprise.
—Je t’attends mudak, rigolé-je au-dessus de lui. Aïe, putain, ce chien m’a entaillé le bras.
Dehors tout est silencieux, je ne sais pas où se trouve ma coéquipière, mais je ne m’inquiète pas, elle se défend aussi bien, voire mieux que moi. J’inspecte la face arrière de la bâtisse et vois une porte-fenêtre, je m’y approche pour vérifier si elle est ouverte, j’ai de la chance, la porte s’entrebâille quand je la pousse vers l'intérieur.
—Sésame ouvre-toi comme on dirait, soufflé-je pour moi-même.
Ouais, un peu d’ironie et d’humour n’a jamais tué quelqu’un, pas que je sache en tout cas. J’ai atterri dans ce qui semble être un salon, mais tout y est délabré, des papiers et toutes autres sortes de trucs trainent au sol. On voit que plus personne n’y vit depuis longtemps, la pièce est en longueur avec deux portes l’une conduisant à la cuisine, je pense, et l’autre au couloir. Je m’approche doucement de la pièce que je suppose être la cuisine. Ah non, ce n’est pas elle mais un escalier que j’inspecterais plus tard, je dois faire le tour du rez-de-chaussée de la demeure.
J’emprunte alors la porte menant au couloir et commence mon repérage, je détecte la cuisine sur ma gauche, j’entre dans la pièce qui est jouxtée par une autre qui servait de buanderie fût un temps. Aucune importance je ressors et continue mon périple tout en émettant le moins de bruit possible. Je me dirige donc vers la dernière porte que je vois dans ce grand couloir, une fois le battant ouvert je me rends compte qu’il s'agit d’un garage. Ce qui ne m'intéresse absolument pas, mais la voiture que je découvre à l’aide de ma lampe torche me dit qu’il doit sûrement rester du monde à l'intérieur.
Toujours aux aguets, je sens un mouvement derrière moi tandis qu’aussi vive que l’éclair j’attaque l’intrus (même si sur le coup j’avoue que l’intrus c’est plus moi) avec mon poignard, mais je suis vite arrêtée et je me percute que j’ai failli tuer ma meilleure amie, putain mais la conne je vous jure en plus elle me sourit la débile.
—J’aurais pu te planter bouffonne, chuchoté-je.
—Mais non, ne t’en fais pas, répond-elle sur le même ton. Alors comment ça se passe ?
—J’en ai égorgé trois dehors et je viens de finir le tour du bas. J’ai vu des escaliers au salon, je n’ai pas eu le temps d’inspecter l’étage.
—Quoi, trois seulement ? Pas de chance moya sistra. Tous les gorilles étaient à l’extérieur, Grisha en était venu aux mains avec l’un d’eux quand je suis venu te rejoindre.
Je hoche la tête de bas en haut pour lui signifier que j’ai saisi et nous nous dirigeons vers lesdits escaliers. Je ne sais pas où ça va nous mener, peut-être une chambre, aucune idée, nous montons en faisant attention aux marches, du bois magnifique ! Plus ça grince, mieux c’est non ? Oui bon j’ai compris, ne plus faire de vannes vaseuses dans ces moments. Une fois le palier atteint nous tombons de nouveau sur un long couloir où l’on peut apercevoir trois portes, une au fond et les deux autres de chaque côté du couloir. Nous avançons sans bruit, les deux premières entrées ne sont que la salle de bain et les toilettes (ouais c’est marqué dessus des fois que les anciens proprios oublient où chaque pièce se trouve).
Ainsi on se focalise sur la dernière porte qui, j’en suis sûre est une piaule parentale, je sors mon Glock 9mm de son étui pendant que Yliria se positionne prête à abaisser la poignée. Avec ses doigts elle compte jusqu'à trois et ouvre à grande vitesse, un bruit se fait entendre à l’intérieur alors je pointe mon arme dans cette direction et ce que j’y vois me laisse carrément sur le cul. Simon Vidal, mon ancien meilleur ami et le frère de mon ex, se trouve assis devant un bureau où se situe un ordinateur. Derrière siège un lit double qui a servi, j’enlève la sécurité de mon arme et le mets en joue.
—Tu bouges t’es mort, grogne Yliria. Nous avons éliminé tous tes gorilles, alors facilite-nous les choses.
Je m’avance vers lui alors que ses yeux passent de l’une à l'autre, positionnant ses mains en l’air, je me mets dans son dos et le pousse contre le mur en face de moi. Je les lui attache au bas des reins avec des colliers de serrage en plastique que bien sûr je serre à fond.
—Putain, mais vous êtes qui vous deux ? crache-t-il alors que je le jette sur son plumard.
Je me dirige vers l’ordinateur et j’en retire la clé de décryptage d’Ivan. J’actionne dans le même temps l’oreillette qui nous relie tous ensemble que ce soit à Moscou ou avec mon beau mâle dehors.
—Tour de contrôle, j’écoute. En quoi puis-je vous aider très chère Déesse?
—Arrête tes conneries blyah. Je viens d’insérer ta clé c’est à toi de jouer désormais..
—Bien reçu, je m’y mets. Je t'envoie un message quand j’ai fini.
—Otlichno.
Je dois appeler Raphaël, c’est son fils après tout. Tout le contraire de son frère, qui lui est aussi blond que les blés, Simon est brun tout comme moi, mais les yeux sont ceux de son frère et de son paternel, verts ! Il est musclé, mais sans plus, porte un jean foncé, une chemise grise et une paire de chaussures cirées. Ses cheveux auraient besoin d’un bon coup de ciseaux, mais malgré ça il est propre sur lui. Je m’éloigne pour sortir de la pièce.
—Allo ? Grogne Raphaël à l’autre bout du fil.
—Salut mister grognon, dis voir est-ce que tu peux rappliquer à la ferme ?
—Yéléna ? Mais… oh laisse tomber, déclare-t-il. Pourquoi je devrais venir?
—Je crois que ça pourrait t’intéresser, parce que tu ne devineras jamais qui  j’ai en face de moi en ce moment.
—Accouche bordel!
—Roh la la, on ne peut même plus faire durer le suspens, t’es pas drôle le vieux.
—Tu vas voir ce qu’il te dit le vieux, morveuse! Bon alors, tu l’ouvres ta bouche ou je raccroche.
—Pff, figure-toi que nous sommes dans la ferme, et que j’y ai trouvé ton fils. Tu sais, grand, brun, yeux verts comme les tiens, un peu musclé mais sans plus. Ah et détail important, mon ancien meilleur ami. Allo ? Putain c’est quoi ce délire ?
Toujours l’oreille collée au téléphone, j’entends à l’autre bout un bordel monstre, Raph hurle aux mecs de se bouger le fion. Je perçois entre-temps Grisha revenir, il dépose un baiser sur ma joue et ma bouche (oui monsieur a tiré sur le masque pour l’atteindre) avec un sourire de canaille. Il a du sang sur lui, je fronce les sourcils et me rassure en secouant la tête me disant que ce n’est pas le sien. Je soupire de soulagement en me mettant dos contre son torse, il passe ses bras autour de moi et pose son visage au creux de mon cou.
—Qui as-tu appelé ? me demande-t-il en russe.
—Raphaël.
—Pourquoi ?
Je pointe du menton le second fils de ce cher président, et je me souviens qu’il ne connaît qu’un des fils Vidal, pas les deux. Alors je lui explique son lien avec les bikers et il hoche la tête.
—Tu as bien fait, mais je pense que ton grand-père va vouloir l’interroger et qu’il serait préférable que nous le prenions avec nous.
—Son paternel ne te laissera pas faire, et si on souhaite qu’ils continuent à nous épauler on n’aura pas le choix il faudra leur livrer.
—Je pense que tu as raison malheureusement. Qui était-il pour toi avant ?
—Mon meilleur ami, je me suis toujours confiée à lui dans les moments où ça n’allait pas ou quand je me posais trop de questions. Il m’a constamment aidée et conseillée au mieux. Je me rappelle la première fois où un mec du collège insistait pour sortir avec moi, il me suivait même jusqu’au club. Simon s’est interposé et lui en a mis une en lui disant de ne plus m’approcher.
Je lui raconte cette anecdote, mais ce n’est pas la seule, avec chacun d’eux j’ai des souvenirs bons ou mauvais, mais je sais que ressasser le passé ne mène nulle part. Juste à de la déception au final. J’en oublie même mon téléphone quand mon interlocuteur beugle comme un fou dans le combiné.
—Pas la peine de hurler, je t’entends, informé-je Raph une fois que j’ai remis le téléphone contre mon oreille.
—Nous sommes arrivés, où êtes-vous ?
—La maison principale, entrez par l’arrière, une fois dans le salon directement sur votre droite il y a une porte qui mène à un escalier qui lui-même donne sur l’étage, j’énumère. On se trouve là.
Il raccroche sans dire merci l’ancêtre, putain et après on dit que plus tu vieillis plus tu t’assagis, ça ne doit pas s’appliquer à tout le monde en tout cas. Deux minutes plus tard, c’est un troupeau d’éléphants ou de mammouths qui grimpent l’étage et à ce moment-là cinq bikers remontés comme des coucous sur une horloge apparaissent. Il y a mon géniteur, François, mon frère, Raph bien sûr et un des nouveaux dont je n’ai pas mémorisé le nom (et que je ne retiendrais probablement jamais d’ailleurs). Mes yeux rencontrent ceux du Préz.
—Où ? me questionne-t-il en grognant.
Je lui montre la chambre du menton et les laisse avancer, j’avoue j’en profite pour presque fusionner avec mon démon qui lui, est toujours en soutien derrière moi. Je remarque le regard torve de François et pour ma plus grande joie, il n’ouvre pas le bec pour sortir une connerie plus grosse que lui.
Ensuite, tout se passe relativement vite, bien que Simon ait perdu quelques couleurs de peau en voyant entrer son père dans la pièce, il n’en reste pas moins que son allure demeure digne, comme si son créateur n'en valait pas la peine. Je ne sais pas ce qui est arrivé entre eux et oui je vous vois venir, mais non je m’en contrefous totalement. Cette vie n’est plus la mienne comme cette famille ne l’est plus non plus, ils se démerdent. Raphaël attrape son fils par le bras et le fait sortir pour l’emmener à la salle de jeu au club. C’est une salle de torture, on y trouve toute sorte de jouets d’après Ruslan, allant du sécateur, à la batte de baseball en passant par les pinces électriques.
Et on dit que c’est nous les psychopathes, le foutage de gueule ouais, c’est bon j’avoue j’ai fait bien pire, le supplice de l’aigle de sang vous connaissez ? Non ? Bref, fermeture de la parenthèse.
Je vois le fils cadet se débattre comme il le peut pour échapper à l’emprise de son biker de paternel. Les moutons suivent le berger vers l'extérieur en défonçant encore plus les marches en bois déjà instables. Et nous on attend, enfin surtout moi, je dois récupérer la clé de décryptage avant de partir. J’allume de nouveau l’oreillette pour demander à notre cher geek adoré s’il a bientôt terminé parce que je veux rentrer me reposer au plus vite.
—Je viens de finir Morana, tu peux la reprendre. Pendant ce temps, je vais lancer un programme pour démêler tout ce merdier et effectuer des recherches en même temps avec le prénom de la petite.
—Ok, amuse-toi bien, je reprends épuisée.
Je retire l’oreillette tout en ôtant la clé de la tour, j’en profite pour tirer dans l’écran et ladite tour, pour que rien ne puisse être récupéré ultérieurement, puis comme les autres avant nous, nous descendons pour quitter la maison. Dehors, un vent frais vient souffler dans ma capuche, ce qui heureusement ne l’enlève pas, mais ça fait un bien fou. Nous sortons de la propriété et je découvre tout un amoncellement de corps, j’y vois même les trois gus. Grisha le remarque et hausse les épaules en prononçant :
—Je vais faire un feu de joie, les flammes détruisent tout c’est connu.
—Si tu le dis med, pour ma part je suis trop fatiguée pour chercher la petite bête.
Il me sourit et demande aux bikers dont j’ai oublié sciemment ou non le nom de l’aider à foutre le feu. Vingt minutes, c’est le temps qu’il a fallu pour qu’il prenne correctement mais qu’en plus il ne laisse aucune trace de corps, bon avec un accélérant quoi de plus facile hein. Mon démon se retourne vers moi le sourire aux lèvres, sourire que j’ai moi aussi derrière mon masque, il revient dans ma direction et pose son bras autour de mes épaules. Il me dépose un bisou sur la tête, ou plutôt sur la capuche et convient avec Raphaël de passer au club dès le lendemain pour interroger son cadet. Une fois d’accord, chacun repart d'où il vient, je retire avec plaisir ma capuche et mon masque pour mieux respirer l’air de la campagne tout en marchant au côté de mon mâle alpha et de ma meilleure amie.
Grisha et moi sommes sous la douche, ça fait au moins trente minutes que nous sommes rentrés. Ma copine s’étant lavée la première quand nous sommes arrivés, et la connaissant aussi bien qu'elle-même, elle doit sûrement dormir comme un loir maintenant. Mon incube en profite pour me masser les épaules et me détendre, je fais de même en passant du savon sur son torse taillé par les dieux en personne. Eh non, pas plus de batifolage, on est crevés et même si ma best a fait le plus gros du boulot, je suis lasse de tomber sur de fausses pistes à chaque fois.
Nous sortons de la douche, nous séchons et nous habillons. Pour ma part, je ne porte que mon tanga et un tee-shirt à mon homme, lui juste son caleçon. Quelle vue paradisiaque vraiment, mais je ne tiens plus. Alors, en se concertant du regard, je vois que nous sommes d’accord, on a tout le temps qu’il faut pour se découvrir l’un l’autre. Dans la chambre de Grisha, je monte sur le lit et me mets sous les couvertures, il fait de même et éteint la lampe de chevet qu’il avait au préalable allumée. Je me positionne dos à lui, mais contre son torse chaud et dur, il passe un bras pour entourer mon ventre et me rapprocher encore plus de lui.
—Bonne nuit dorogoy, dors bien, chuchote-t-il à mon oreille.
—Bonne nuit med, toi aussi.
Je ferme les yeux et me laisse happer par le sommeil plus que bienvenu et sans rêves.

Yelena l'amour dans le sang (en auto édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant