Antonin
Bien que je sois inquiet de l'état d'Aliénor, je me rends dans mon bureau. Il est grand temps que je passe à l'action.
Je n'ai toujours pas lu le dernier carnet, pourtant, je sais parfaitement comment agir.
Je prends mon téléphone, et lance un appel. Personne ne répond. Cela ne m'étonne guère, je change donc de cible et change le destinataire de mon appel.
Elle ne répond pas. Je sais qu'elle est au travail à cette heure donc si elle ne répondait pas à son portable, elle aurait dû me répondre sur le téléphone du boulot.
Mon intuition se confirme, Camille fait exprès d'ignorer mes appels. Cela m'agace au plus au point, mais je lui concède que ce dernier mois, je lui ai donné plein de raisons de m'en vouloir.
Je tente donc une nouvelle approche. Je lui envoie un mail et un SMS au contenu similaire.
Essentiellement, ses messages lui expliquent que je suis sincèrement désolé pour mon comportement de ces derniers temps. Que je sache qu'elle ne me donnera pas son pardon si facilement, mais que j'ai besoin de son aide pour ma femme et non moi.
Je sais que si elle lit un seul de ces messages, elle ne tardera pas à rappeler. Tout d'abord, elle sait pertinemment que je ne m'excuse jamais. Les fautes que je commets sont rarement, et je les répare, comme me l'ont appris ma mère et Martial, cependant, jamais, je ne m'en excuse. Mais ce qui la fera plier, c'est la mention de ma femme.
Camille et elle se sont rencontrés peu de temps après le repas avec le paternel. Comme souvent quand mes obligations familiales me prennent trop de temps, Camille a eu la gentillesse de m'apporter la paperasse que je devais signer.
En cette période, je m'entendais un peu mieux avec Aliénor même si je la considérais comme une Rochambeau et il me parut normal de lui présenter. Après tout, Camille était au courant de mon mariage et passe régulièrement au manoir pour discuter de notre entreprise. Elles devaient forcément se croiser un jour ou l'autre. Autant que ce soit moi qui les présentes.
Elles s'étaient aussitôt bien entendues. Le soir même, Camille m'annonçait qu'elle mangerait à notre table. Et elle est revenue plus de fois que besoin.
Et sans surprise, quelques minutes plus tard, mon téléphone sonne.
- Bonjour Camille, la saluè-je poliment.
- J'espère que ton message précédent n'était pas du pur mensonge parce que si c'est le cas, je t'évince de la société !
Il y a beaucoup de colère dans sa voix. Je ne suis même plus sûr de ce que j'ai fait exactement pour mériter tant de haine. Mais c'est sûrement mérité.
- Aliénor est accusée d'avoir volé ma famille.
Un froid glacial s'installe. Camille ne sait pas grand-chose sur ma famille. Elle sait juste que ce sont des criminels.
- Je pense qu'elle est accusée à tort, mais je ne sais plus à qui je peux faire confiance, continuè-je doucement. Je voudrais vous confier la vidéo surveillance de ma maison sur les trois derniers mois. Je propose de devenir client.
- Tu veux que quelqu'un de notre équipe analyse la vidéo pour voir si elle n'est pas corrompue ?
- Exactement.
Le silence revient et je peux presque l'entendre réfléchir. Je connais très bien son dilemme. Quand nous avons créé cette entreprise, j'ai juré que jamais mes autres activités ne l'influenceraient.
Il y a deux mois, si l'on m'avait dit que ce serait moi-même qui romprait la promesse, je ne l'aurais pas cru.
Aujourd'hui, je ne souhaite qu'une chose : réparer le mal que j'ai fait à Aliénor.
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Deuxième captivité
AcakAliénor : Un mariage. Cela ne signifie pas grand-chose pour moi. Finalement, je passe juste d'une captivité à une autre. Je ne la crains pas vraiment. J'ai eu des années pour m'y préparer. Une seule question reste : cette nouvelle vie peut-elle êtr...