Chapitre 8 : Un combat pas comme les autres

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Tout comme dans la forêt avec son gorille, dans les terres désolées, se trouvait le Fossoyeur.
Armé de sa grande faux, de sa toge noire à moitié déchirée par l'usure, se trouvait un squelette qui errait.
Si jamais un aventurier avait le malheur de croiser son chemin, même s'il était rapide, il ne ferait pas long feu.

À la boue, au brouillard permanent, au soleil qui n'était pas présent même la journée, l'endroit où nous étions était là où le dernier mal causé par le roi des démons était parvenu.
Puisque son influence provenait du volcan d'Ernistère, la route était encore longue avant de parvenir jusqu'à lui et le peu de ses pouvoirs qui se répendait ici dans les terres anciennement vertes, avait détruit la végétation.
Là où anciennement paysans vivaient, ne restaient plus que squelettes et goules, ainsi que le Fossoyeur.
Contrairement à la grotte, ici, nous avions la chance d'être tous les cinq car les combats étaient bien plus difficles.
Par chance, le premier qu'on allait commencer était fait de deux squelettes et une goule.
L'un possédait une fourche, sûrement un ancien paysan, tandis que le second avait une épée et un bouclier, alors que la goule, elle, n'utilisait que ses griffes et ses crocs.
Incapable d'empoisonner dans cette nouvelle zone, Jizu s'occupait d'assister le groupe en ralentissant de ses fils les squelettes, aidée de Rénald pour les retenir.
Nuxie utilisait ses flammes pour incinérer à sa vitesse les goules et Elvirin s'occupait de nous dire quoi faire ainsi que tirer sur tout ce qui n'était pas un squelette car ses carreaux n'étaient pas efficaces pour les ossements.
Tandis que moi, plus polyvalente, je pouvais aider le groupe contre tous les ennemis, selon ce qu'on avait le plus à combattre à la fois.
Puisque cette fois-ci, les squelettes étaient plus nombreux, j'ai aidé à les retenir, grâce à l'enchantement que l'Arachna m'avait obtenu pour ma dague, me permettant de leur briser les os avec facilité.

Tout le monde suivait les directives de notre meneur de guilde et l'arc-en-ciel gris s'aventurait de plus en plus dans les terres désolées.
D'un coup de dague, je faisais tomber un bras, une jambe ou même parfois une tête d'un squelette d'un seul coup.
Selon la situation, je pouvais réussir à abattre une goule de ma dague sans avoir besoin d'aide.
Notre progression était rapide, jusqu'à arriver à une impasse ...
Cette fois-ci, une vingtaine de squelettes étaient là, suivis par une dizaine de goules.
Il était impossible de progresser ou reculer, nous étions encerclés.
C'est là que nous avons trouvé le Fossoyeur.
Lui qui ne marchait pas sur le sol, lévitant vers nous en quête d'une nouvelle proie, l'haleine qui sortait de son corps qui n'avait pourtant pas de poumon, était d'un froid à glacer le sang.
C'est là qu'il a poussé un cri, horrible.
Rénald, Nuxie et Elvirin en sont tombés à genoux, déposant les armes et mettant leurs mains sur les oreilles pour se les boucher.
Avec Jizu, on arrivait pas vraiment à comprendre à quel point ils étaient atteints car toutes les deux, son cri ne nous faisait rien.
Et au moment où j'ai voulu me mettre en position pour l'attaquer, je me suis ravisée et j'ai rangé ma dague.
J'ai avancé droit vers lui et le chevalier a mis sa main dans ma direction, comme pour m'appeler et me dire de ne pas y aller.
Il devait sûrement penser que j'étais contrôlée par télépathie ou autre mais il n'en n'était rien.

En croisant les bras, j'ai pris un air sérieux et j'ai regardé le Fossoyeur.
"C'est toi qui t'es occupé d'enterrer mes parents, non? Lui ai-je demandé.
-Tu es Andréalle Sina'Zérian, je me trompe? M'a-t-il répondu.
-Non, c'est effectivement ça.
-Alors oui, je suis celui qui les a enterrés après l'attaque des démons."
À l'entente de sa réponse, je me suis penchée vers l'avant et je l'ai remercié.
Ce n'était pas tous les jours qu'en tant que citoyen, on avait la chance de rencontrer celui qui s'occupait d'offrir le repos éternel à ceux qui le méritaient.
"J'ai eu vent que tu aimais beaucoup les paris. Ai-je dit avec un sourire au coin de mes lèvres.
Que dirais-tu qu'on troque notre passage sur les terres désolées lors d'une petite course?
-Tous les coups seront permis? C'est là qu'à sa réponse, j'avais compris qu'il était intéressé.
-Tant qu'ils n'entraînent pas la mort, oui."
Étrangement, j'ai entendu Nuxie qui était dépitée en regardant Rénald qui soupirait de ce que je venais de faire en cognant à maintes reprises sa tête sur le sol, et encore une fois, je n'étais pas capable de comprendre ce que j'avais dit ou fait de mal.

Une fois mon groupe debout, seule Jizu s'est approchée de moi pour me souhaiter un bon courage, en me disant que si quelque chose se passait mal, elle utiliserait ses fils pour me réceptionner.
La raison pour laquelle elle avait dit ça était que la course que je m'apprêtais à faire, était de gravir une colline plus rapidement que le Fossoyeur.
Elle n'était pas forcément très pentue mais le plus important, c'était d'arriver là où un squelette venait de planter un étendard, c'est-à-dire tout en haut.
Je savais que j'étais désavantagée car j'étais la seule à devoir marcher pour avancer mais ce n'est pas grave, j'avais plus d'un tour dans mon sac.
Tous les deux en position, avec mon adversaire à côté de moi, nous nous sommes regardés pour nous dire que nous étions prêts.
C'est là qu'au loin, deux cents mètres plus loin, plus exactement, un squelette a tiré d'un fusil pour marquer le coup d'envoi. 

Au moment même où le départ avait été sonné, j'ai lancé ma dague au niveau du visage de mon adversaire.
Le faible instant où il a eu à esquiver, venait de me faire gagner quelques mètres.
Grâce à la magie dans ma lame, en mettant ma main dans sa direction, celle-ci revenait jusqu'à moi.
À peine l'avais-je rangée que sortant du sol, la main du Fossoyeur m'avait fait trébucher.
De ses fils, l'Arachna avait confectionné aussi rapidement que possible un coussin sur lequel me tenir pour ne pas tomber.
Le temps de me remettre en position, voilà qu'il avait pris un peu d'avance.
"À toi, Nuxie!" Ai-je crié.
D'un oiseau fait de flammes qu'elle venait de faire par magie, celui-ci explosa sous moi, me propulsant vers le haut.
Mais je n'étais pas la seule à avoir une équipe.
Sortant de la terre, une goule se laissa tomber.
D'un carreau de flèche bien placé, ainsi qu'un second pour ralentir mon ennemi, le Fossoyeur fut déstabilisé, me permettant d'enfoncer ma dague dans la colline et de laisser passer le monstre.
Au fur et à mesure qu'on s'avançait vers la ligne d'arrivée, j'étais malheureusement en retard par rapport à mon adversaire.
En prenant une grande inspiration, j'ai enfoncé mon bras dans la terre, mis ma tête contre et de mon autre main, je me suis bouchée les oreilles.
De mes pouvoirs, j'ai murmuré à une fée des marais de prêter sa magie à Rénald.
Mon chevalier venait de faire un si grand cri que toute la terre désolée venait de trembler, faisant se cogner entre eux les os des squelettes.
Le Fossoyeur n'y faisant pas exception, malgré le bruit, j'en ai profité pour lui repasser devant.
Puisque le souffle de Rénald n'était pas éternel et mes pouvoirs non plus, à peine étais-je proche de la fin que mon adversaire m'a attaqué de sa faux.
Assez agile, j'ai sauté sur sa lame puis en arrière, tout ça pour finir par avoir mes pieds sur ses épaules et l'éjecter vers l'arrière tandis que moi, vers l'avant.
De ma main, j'ai attrapé l'étendard.

En ce jour, l'arc-en-ciel gris venait de battre le Fossoyeur et avait triomphé des terres désolées.

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