♦ CHAPITRE 3 ♦

157 38 35
                                    

▬Coeur Orage ▬

J'ai les cordes. Ça ne sonne pas comme une victoire, des doigts j'ai voulu les arracher et en m'en saisissant j'ai exposé mes mains rouges. Elles saignent encore mais, la douleur ne me pâlit pas, je tiens bien sans trop de sang dans les veines, j'ai le tournis en affection, seul état second qu'on m'autorise encore.

Le gérant à posé son regard lourd sur moi, j'ai senti la prunelle qui dérive, -je crois- à moins que je ne perde la tête. Peut être que le mal, bien qu'il soit partout, ne soit pas toujours près de moi.

Je ne sais plus vraiment où se trouve la réalité quand la peur voile mon regard.

Je me faufile tel un animal de nuit dans les ruelles froides, ici les rayons du soleil ne passent jamais. Obscurité inquiétante qui pourtant l'espace d'un instant me rassure, la tristesse du gris et du froid fait fuir la plupart des gens. Il ne reste plus que les corps errants, quasiment dénués de vie, les accrocs, les perdus, les plus confus de tous, trop occupés à parler en solitaire ou à se taire religieusement pour me prêter une quelconque attention.

J'aime les regards qui me traversent, qui jamais ne s'arrêtent sur ma peau, sur mes yeux clairs. J'aime devenir fantôme, petit être qui ne se montre qu'à qui en à le droit.

Je traîne le pas, lourd est le dos quand l'angoisse ronge. Je veux rester là, dans ce coin de monde qui meurt. Je m'y sens à ma place, auprès des autres délaissés, torturés. J'aimerais m'infliger ce genre de souffrance, plonger dans l'absence de conscience, voiler tous les maux.

Lola veille comme l'ange qu'elle mérite d'être, toujours un œil posé sur moi, grand frère incapable d'avancer. Quand je prend trop mon temps, que la nuit s'écrase sur les toits et que je ne suis toujours pas là, jamais elle ne tarde à me chercher.

Sa petite lampe en main, ses hurlements qui crient combien elle m'aime, comment j'ai manqué à sa vie, à chaque fois me font revenir à elle. Adieu mes envies de morts, pour elle je dédie ma vie, tant pis si le mal s'acharne, je n'ai pas le droit de l'abandonner une deuxième fois.

Aujourd'hui encore j'y songe, partir est tentant, s'évader aux chemins du néant, se noyer, couler tout au fond du monde. Qu'on me dévore, qu'on me tue, pitié.

À chaque fois le sourire de Lola me vient comme une promesse, dès que j'ai peur je n'ai qu'à me rappeler qu'elle est la quelque part, qu'elle existe, qu'elle m'attend, qu'elle m'aime et mes pas reviennent -toujours- vers la maison clémentine.

J'ai besoin d'elle comme la plante à besoin du soleil.

C'est mécaniquement que j'attrape mon portable juste pour lui glisser quelques mots, tapés douloureusement sur le petit écran. «Je rentre bientôt à la maison.» Mes mains me font un mal de chien, la plaie de la main droite n'à de cesse de saigner mais, à aucun moment je ne viens me dire que rentrer directement pour tout soigner est une bonne idée.

Je continue de me punir pour cet hier, pour mes péchés. Trop occupé à me haïr pour envisager une quelconque solution à mon problème.

C'est plus simple au final d'empiler les erreurs, d'en faire un tas qui devient montagne et puis d'y creuser, s'y fondre, s'y cacher, s'en recouvrir jusqu'à que sur la peau, il ne reste plus que ça.

»»————- ➴ ————-««

Gratter, pour retirer les mots, gratter, pour retirer les mains, gratter pour retirer l'odeur, gratter pour retirer le mal. Gratter, pour que rien ne parte d'autres que la peau, écorchée dans la rue froide le regard s'abandonne au vague, ça s'entremêle. Le téléphone sonne en boucle. Lola doit se faire du souci mais, sur l'instant je n'ose y penser.

OSCAR [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant