Je ressortis de cet entraînement épuisée, mais plus satisfaite de moi-même que je ne l’avais été depuis des semaines. Peut-être Amren avait-elle raison, j’avais des ressources insoupçonnées au fond de moi qui ne demandaient qu’à être exploitées.
Personne ne m’attendait à l’hôtel particulier alors je décidais de rester au Pavillon du Vent pour le reste de la journée. Après un bon repas, je passais le reste de l'après-midi dans la bibliothèque à dévorer un roman d’aventure qui prenait place dans une Cour bien distante de la notre. Depuis quelque temps déjà, je rêvais d’évasion. Je brûlais d’envie de découvrir Prythian et les six autres Cours qui composaient notre île. Sans parler du Continent et des Terres des Mortels au-delà du Mur. Cependant le simple fait de quitter Velaris pour visiter le vaste territoire de la Nuit relevait déjà du défi avec Rhys… Alors franchir les frontières… Je ne me sentais pas encore prête à affronter mon frère à ce sujet, mais je savais que cela viendrait un jour et que ça n’allait pas lui plaire. J’aimais écouter les récits de voyage de Mor et Azriel, mais il devenait frustrant de ne pas pouvoir découvrir les villes qu’ils décrivaient par moi-même.Le soir venu, je m'apprêtais pour une virée nocturne dans Velaris. Je possédais la grâce naturelle des Fae et mon corps sculpté par mes années d'entraînement avec Cassian, tout comme mes boucles noires et mes grands yeux bleus nuits semés d’étoiles, ne laissaient pas les hommes indifférents. Lorsqu’Amren m’avait demandé ce qui m’animait, j’aurais tout aussi bien pu lui répondre, que c’était les beaux mâles Fae, ailés ou non. Mais je n’étais pas certaine qu’elle ait goûté la plaisanterie alors je m’étais abstenue.
Pour cette soirée, j’avais maintenu mes cheveux en arrière avec deux peignes en nacre et je les avais relevé en un chignon complexe en laissant seulement quelques boucles retomber. Un peu de khôl pour souligner la profondeur de mon regard et pour le reste un maquillage léger. Je jetais mon dévolu sur une robe aux reflets argentés au décolleté avantageux et au dos nu pour laisser libre mes ailes.
Une fois sur le balcon du Pavillon, j’hésitais un instant avant de m’envoler. J’avais passé du temps à peaufiner ma coiffure et le vent nocturne risquait de tout gâcher. Les premières étoiles commençaient à scintiller et la lune se levait. Après-tout pourquoi ne pas tenter un tamisage ? J’étais seule, personne devant qui me ridiculiser, si jamais ça tournait court. Alors je fermais les yeux pour aller réveiller mon pouvoir au fond de moi. Je devîns poussière d’étoile et le temps d’un souffle je me tamisais dans une ruelle tranquille de la Cité non loin du lieu où j’avais rendez-vous avec mes amis. Rayonnante, je retrouvais Lorcan et Miren devant le restaurant où nous avions prévu de dîner avant d’aller danser.
Lorcan était un grand Fae, le fils d’un noble de Velaris. Un ami de Rhys. Il avait reçu une éducation assez semblable à la mienne : ses études auprès des meilleurs précepteurs et l’art du combat avec un Maître d’Arme qui certes n’était pas Cassian, mais qui avait quand-même fait de lui un combattant émérite. J’avais supplié le général de laisser Lorcan s'entraîner avec nous, mais il avait répondu qu’il avait mieux à faire que d'entraîner toute la marmaille de Vélaris. Les yeux sombres de Lorcan, ses cheveux bruns coupés courts et ses traits parfaits faisaient des ravages parmi la gent féminine de Vélaris. Comme nous nous connaissions depuis l’enfance, nous avions décidé d’un commun accord de demeurer des amis pour ne pas risquer de tout gâcher entre nous.
Miren quant à elle était une immortelle à la peau olivâtre et aux yeux d’ambre. Ses parents étaient des artistes. Sa mère tenait une galerie dans l’Arc en Ciel. Rhys s’y était rendu pour acheter certaines de ses œuvres lorsque j’étais enfant et c’était ainsi que nous étions devenues amies Miren et moi. Elle menait une vie bien moins fastueuse et compliquée que la mienne et elle m’avait toujours aidée à garder les pieds sur terre. Tous les trois, nous formions un trio inséparable, depuis longtemps déjà. Ils étaient connus et appréciés de ma famille, qui avait toujours jugé très important que je fréquente des enfants de mon âge autre que mes cousins éloignés de la Cité de Pierre.
“-Mesdames, j’ai failli attendre, s’exclama Lorcan qui visiblement était le premier arrivé.
-Morrigan dit toujours qu’une femme doit savoir se faire désirer, répondis-je en riant.
-Sages paroles, renchérit Miren.
-Si vous le dites, concéda le grand Fae.”Une fois attablés, Lorcan repris :
“-Alors, où irons-nous danser ce soir ?
-J'espère que vous avez des idées, ajoutais-je, parce que le Rita est vraiment le dernier endroit où j’ai envie de finir. Même si ses principaux habitués seront absents ce soir, je n’ai pas envie que le propriétaire leur fasse un rapport complet.
-Exactement approuva Miren, je n’ai pas spécialement envie de passer ma soirée à être surveillée. J’ai entendu parler d’un nouveau club qui a ouvert pas loin d’ici. Il paraît que l’ambiance y est incroyable !
-Oh ? fis-je intriguée. Comment s'appelle-t-il ?
-Le Lotus, répondit Lorcan. Ils se dit que c’est comme danser au milieu d’un lac, mais sans le désagrément de l’humidité.
-Ça sonne comme une aventure, dit Miren avec enthousiasme. Elysia tu es partante ?
-Absolument ! acquiesçais-je. Tant qu’on évite le Rita et ses habitués, je suis de la partie. Le Lotus, ça a l’air parfait pour tester nos pas de danses loin des regards scrutateurs des espions du Premier Cercle de mon frère.
-Tant qu’on ne termine pas la soirée à courir devant les sentinelles parce que Miren a encore décidé de taguer un monument historique, ajouta Lorcan en riant.
-Je proteste ! s’exclama l’immortelle sur un ton faussement offensé, c’était une œuvre d’art temporaire ! Et puis c’était pour la bonne cause.
-La bonne cause tu parles ! rétorquais-je. Bon, on termine vite ici et allons découvrir ce Lotus ! Je paris que c’est moi qui tiendrais le mieux sur la piste de danse !
-C’est un pari que tu vas perdre Elysia, déclara Lorcan, toujours provocateur. Prépares-toi à être éblouie.”Le Lotus Club tint toutes ses promesses. Enhardis par le vin consommé tout au long de la soirée, Miren, Lorcan et moi dansâmes jusqu’à l’aube. Je savourais le regard appréciateurs des autres immortels sur moi, mais je ne jetais mon dévolu sur aucun des mâles présent préférant danser jusqu’au bout de la nuit avec mes amis. Lors de ces soirées en leur compagnie j’oubliais qui j’étais. Plus de petite sœur du Grand Seigneur, plus de protégée du Premier Cercle. Plus d’inquiétudes quant aux manigances de la Cour des Cauchemars, où aux potentielles révoltes Illyriennes. Juste Elysia, habitante de la Cité des étoiles et savourant ses plaisirs. La piste de danse en plein air offrait une vue magnifique sur le ciel nocturne. Je sentais le corps de mes amis bouger en rythme avec le mien et je sus que pour le moment je pourrais me contenter de cette vie sans chercher à affronter mon frère pour en découvrir plus… pour l’instant.
On nous mis gentiment mais fermement à la porte à la fermeture du Club. Heureux d’être jeunes et en vie, nous errions dans les rues de Vélaris, ivre de vin et de musique. La nuit commençait à pâlir à l’est, lorsque j’eût une idée.
“-Si on allait admirer le lever de soleil depuis le Pavillon du vent ?
-Pourquoi pas, mais comment on y va ? demanda Lorcan qui titubait légèrement. Miren et moi on a pas d’ailes.
-Je pourrais nous tamiser, répondis-je. Nous avons passé la nuit à danser sous la lune et les étoiles, j’ai largement assez de pouvoir pour le faire.
-Tu es sûre de toi? interrogea Miren.
-Certaine ! dis-je avec assurance. En plus il n’y à personne là-haut. Ce qui veut dire pas de compte à rendre. Je dois seulement retrouver Amren en début d’après-midi pour poursuivre mon entraînement. Nous pourrons prendre un peu de repos dans ma chambre, ainsi vous rentrerez frais et dispo chez vos parents.
-Que voilà une perspective intéressante ! s’écria Lorcan. Je suis partant.”Je saisis mes amis chacuns par la taille et appelais mon pouvoir que je sentais palpiter en moi, galvanisé par cette nuit passée sous le ciel étoilé. Comme la fois précédente, je devins poussière d’étoiles et mes amis avec moi. Mais la magie qui circulait en moi était trop puissante et soudain j’en perdis la maîtrise. Le monde se mit à tourbillonner à toute allure. Nous passâmes le Pavillon du Vent ballottés en tous sens, sans que je parvienne à reprendre le contrôle. La panique s’empara de moi. Il fallait que j’arrête ça tout de suite. Mais chacune de mes tentatives était plus vaine que la précédente. Lorcan et Miren s’agitaient et se débattaient, ajoutant à mon propre désarroi. Nous fûmes finalement jetés à terre dans une forêt de pins. L’air était froid et vif, bien loin de la chaude nuit de Vélaris. Une odeur de vent des montagnes se répandit dans mes narines. L’odeur d’une contrée où je n’aimais pas du tout me rendre. Encore moins seule sans un de mes trois frères Illyriens, tant les coutumes de ses habitants pouvaient être barbares.
Lorcan aida Miren à se relever tout en regardant autour de lui. La bise froide du matin nous dégrisa tous les trois. Au delà des pins, nous distinguâmes de hautes montagnes aux sommets encore couverts de neige.
Par la Mère, mais comment avions-nous pu atterrir en Illyrie ?!
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Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)
FanfictionBonjour à tous ! Je vous propose ici ma première esquisse d'une Fanfiction consacrée à l'Univers de la Saga Un Palais d'épines et de roses (ACOTAR en VO). Il s'agit plus exactement d'un What If puisque j'introduis un nouveau personnage aux milieux d...