— Putain, Cassien..., marmonna Anne-Fleur en enveloppant le poing ensanglanté de son frère dans un tissu propre.Assis sur le capot de sa voiture, Cassien tentait de contenir son ire. Fracasser le miroir n'avait pas soulagé sa douleur et sa colère. Il aurait dû frapper son paternel. Cette pensée tournait en boucle dans son esprit.
— Vous pouvez pas vous supporter ne serait-ce que deux heures ?! s'indignait-elle, plus effrayée qu'elle ne voudrait l'admettre.
— Tu t'attendais à quoi, Anna ?! rugit-il en la foudroyant du regard. Ce vieux con reste un enfoiré ! S'il ne l'avait pas ramené avec sa morale à deux balles, on en serait pas là.
— C'était pas une raison pour hurler dans toute la baraque, briser un miroir et faire peur à Violette ! s'exclama-t-elle avec fureur.
Il ouvrit la bouche pour rétorquer, mais l'expression apeurée de sa nièce le retint d'en dire davantage. Elle avait raison. Il avait merdé. En soupirant, il massa son front de sa main libre et chuchota :
— Je suis désolée Anna...
Sa sœur lui lança un regard peiné non sans tendre l'oreille vers les cris qui résonnaient encore. Ils avaient tous débarqué dans la chambre parentale en entendant les insultes des deux hommes, leurs voix graves qui s'élevaient de secondes en secondes, pour découvrir Cassien empoignant son père et le repoussant violemment avant de fracasser la glace fixée contre un battant de l'armoire. Violette avait crié, Ferdinand l'avait saisi et extraite du spectacle quand Nathalie s'en était prise à son ex-mari - au plus grand plaisir de sa fille - et qu'elle s'était ruée vers son frère pour le sortir de ce guêpier. Elle apercevait toujours les muscles tendus de sa mâchoire, signe d'une rage contenue à merveille si l'on oubliait le sang de son poing et les phalanges violacées.
— Tu peux bouger tes doigts ? demanda-t-elle, inquiète.
— Honnêtement ? Ca fait un mal de chien, mais je crois que j'ai encore envie de le cogner.
Elle soupira et délaissa le membre endolori pour fouiller dans sa poche à la recherche de son portable. En constatant qu'il ne s'y trouvait pas, elle jeta un regard embêté sur son cadet.
— Tu peux y aller, je vais pas faire de bêtise, dit-il en la détaillant.
— Ha-ha. Je n'arrive pas à te croire, grommela-t-elle.
— Il n'est pas là.
— Pour l'instant.
— Tant qu'il reste dans la maison, rien n'arrivera, répliqua-t-il avec un sourire si faux qu'il lui donna la chair de poule.
Elle frissonna et promit de revenir rapidement. Il se contenta de hausser les épaules avant de fixer la chaussée d'un air maussade. L'adrénaline coulait encore dans ses veines, réduisait la douleur, et alimentait sa haine. Il rêvait de hurler ou de boxer quelqu'un.
Cassien se décida à ouvrir sa voiture pour récupérer son portable et saisir, tant bien que mal, un texto à l'intention de son seul et vrai ami.
De Cassien :
10/12 Aujourd'hui 15 : 42Tu peux venir me chercher ?
Pb avec le daron.
Faut m'emmener à l'hôpital.
Je crois ke g la main cassée.
Il grimaça en observant les textos. On aurait dit le Cassien de seize ans, trop pressé pour prendre la peine d'écrire l'entièreté des mots. Lorenzo ne répondit pas de suite, mais il ne s'en formalisa pas. Chacun avait sa propre vie. S'il ne donnait pas signe de vie dans la dizaine de minutes qui s'écouleraient, Cassien s'arrangerait avec sa sœur afin qu'elle le dépose lui et sa voiture à l'hôpital le plus proche.
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Tome 2 - True Love
Roman d'amourSix ans se sont écoulés. Six années sans réponse, sans signe de vie. Loup est resté au même endroit, est retombé amoureux, a gardé contacte avec son meilleur ami tout en privilégiant sa famille. Cassien, de son côté, a fuit cette ville de malheur...