Haruchiyo

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Mercredi, 1:00 Roppogni

Être l'enfant du milieu, c'est la Hess. Dans la fratrie on est trois : Takeomi, moi et Senju. Entre le plus âgé qui est la fierté des parents et la plus jeune qui a toute l'attention pour elle, il ne reste pas grand chose pour le cadet. Pour ma part, j'ai toujours été celui qui devait s'occuper de la petite dernière. Mon frère aîné n'en avait rien à branler de nous. Ou de moi plutôt.. Quand Senju faisait de la merde, c'était de ma faute. Quand elle se faisait mal, c'était de ma faute. Quand elle ramenait une mauvaise note, c'était de ma faute. Takeomi me grondait à chaque fois sous prétexte que « c'est à moi de m'occuper de Senju ». Il était comme mon père : absent. Il préférait passer tout son temps avec Shin sans se soucier de nous. Et Senju elle en profitait. J'étais un gosse, je pensais que c'était normal. Je faisais ce que Takeomi m'ordonnait de faire. Ma soeur, elle, se comportait comme une garce pourrie gâtée. Elle n'en faisait qu'à sa tête. Jusqu'à ce qu'un jour, elle dépasse les bornes. Elle avait détruit ma vie. Et mon visage avec. Tout ce qui m'était arrivé était de sa faute. Elle avait fait de la merde et elle m'avait fait porter le chapeau. Jamais je ne lui pardonnerais. Et Takeomi non plus. Ils peuvent aller crever en enfer. J'ai asseyez souffert pour eux. Plus jamais je m'attache à qui que ce soit.

~

J'étais couché sur le canapé des frères Haitani, un joint à la bouche. Mes paupières étaient lourdes et j'avais l l'impression de flotter quelque part entre le conscient et l'inconscient. Rindou était assis par terre, accoudé au canapé et la tête en l'air. Il me parlait de musiques et de DJ depuis je ne sais combien de temps et franchement, j'en avais rien à branler. Ça me cassait grave les couilles à vrai dire. Mais bon, je me plaignais pas je squattais chez lui. Ran, Kakucho, Muto et Izana étaient tous les 4 entrain de se faire un tournoi de Mario kart. Soudain Ran dit :

-Eh Sanzu arrête de fumer comme une cheminée ou sors. Flemme que l'appart pue la beuh.

Je soufflai simplement en réponse mais me levai avant de me diriger vers la porte d'entrée. J'ouvris cette dernière avant de sortir d'un pas nonchalant et de la refermer derrière moi. Je m'approchai du creux du bâtiment délabré et posai mes avant bras sur la barrière qui me séparait du vide. Seule la lumière de l'étage ou j'étais était allumée donnant une vibe apocalyptique au moment. Soudain du bruit provenant du couloir d'en face attira mon attention. Un homme qui devait avoir la quarantaine et complètement bourré titubait jusqu'à la porte de l'appartement juste en face de celui des Haitani. Il marmonnait des mots incompréhensibles avant d'entrer dans l'appartement et de claquer la porte derrière lui. Je repris une taffe de mon joint en pensant que c'était vraiment la merde de vivre ici. Mais bon après j'vivais pas dans un palais non plus. 

Mon regard se perdit dans le vide et des pensées négatives se mirent à m'envahir.  Notamment sur mes complexes. Qu'est-ce que je me détestais . Je détestais mes cicatrices. Je les haïssais, je les haïssais tellement. Pourquoi je ne pouvais pas juste ressembler aux autres ? Je voulais juste avoir une vie normale et paisible. Aller en cours comme les autres, rêver d'un avenir joyeux, pouvoir me permettre de rêver tout simplement. Je n'avais pas ce luxe. Je savais déjà d'avance que je finirai dans un gang de grande envergure plus tard. Ma vie était déjà tracée. Et c'était une putain de vie de merde. Je n'étais tout simplement pas destiné à être heureux. Bien sûr je ne pouvais pas montrer ou même me confier à qui que ce soit. Il fallait que je garde mon image de gars nonchalant et jemenfoutiste même si au fond de moi j'avais besoin de parler. J'en étais conscient. J'allais exploser, j'allais peter un câble. Mais bon, si quelqu'un venait à apprendre comment je me sentais vraiment c'était la fin pour moi. Je deviendrais une cible facile et franchement, je pouvais m'en passer.

L'air chaud et humide malgré l'heure tardive me donnait l'impression d'étouffer. Ma respiration s'alourdit et mes paupières devinrent lourdes. Ma vue devint de plus en plus floue et ma tête se mit à tourner. Je finis par écraser mon joint par terre avant de rentrer en titubant dans l'appartement.

MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant