24 ♥︎

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Ch24, sang

"Tu as l'air stressé. — constata-t-elle à la rigidité de son visage.

— Un peu.

— Ça ira, j'en suis sûre."

L'hôpital s'esquissait devant eux, et en lui, Shoto voyait ses plus grosses inquiétudes se matérialiser. C'était une étape qu'il avait refusé, qu'il avait refoulé, ravalé, depuis trop longtemps. C'était comme s'il était resté immobile tout ce temps, et que les autres avaient continué à avancer. Toujours à la case départ. Parce qu'il était toujours incapable d'enterrer son ressentiment. Incapable de tolérer. Incapable d'utiliser ce pouvoir. Son pouvoir.

Et il savait que s'il voulait vraiment recommencer, s'il voulait vraiment devenir le héros qu'il s'était fait le serment de devenir, c'était ici que ça devait commencer.

"Voilà, on y est."

La porte était juste là, à côté, une plaquette et une inscription: "Rei Todoroki". Ce lieu, ce long couloir trop terne, cette porte et par la fenêtre, sa mère. Tout ce qu'il avait omis de voir se révélait à présent sous ses yeux. Le rideau était tiré sur cette obscurité, et enfin, la lumière apparaissait.

Et elle contemplait cet instant, émue. Elle réalisait combien, se tenir debout à côté de lui et pouvoir serrer sa main, était un privilège. Parce qu'il avait voulu qu'elle soit là, dans un moment aussi intime. C'était comme s'il lui avait donné le trousseau de son jardin secret, et qu'il avait accepté de tout la laisser voir: son histoire, son passé, son présent, son futur. Elle pouvait être là où personne n'avait le droit. Parce que c'était elle.

Elle était là en tant que petite amie, en tant qu'amie, en tant que confidente. Elle était là pour lui tenir la main, pour lui apporter de la sécurité, pour lui rappeler qu'il y a toujours quelque chose de meilleur. Ils partageaient ce chemin ensemble, à la recherche du mieux.

"Merci de m'avoir permise de venir avec toi aujourd'hui.

— C'est moi qui devrait te dire merci. — rectifia-t-il."

Elle aimait le voir comme ça: vulnérable. C'était rare, de le voir comme ça. Il arrivait toujours à tout dissimuler sous cette neutralité infaillible. Une armure à sa façon. Mais ces faces de lui qu'elle voyait aujourd'hui, elles étaient vraies. C'était authentique. C'était lui intégralement. Toujours fort et toujours charismatique, mais aussi sensible et incertain. Humain, avant tout.

Il passa sa main sur son épaule, signe qui voulait dire "à toute à l'heure", puis, toujours tendu, pénétra la pièce. Elle le laissa faire, une chaleur immune qui embrassait son corps, un sentiment de fierté, d'accomplissement. Et elle ne pouvait que sourire, pas une once de doute qui ne troublait son ciel bleu. Elle avait l'intime conviction que tout irait bien, que c'était un nouveau départ, que tout redevenait possible pour Shoto. Les dés étaient relancés.

Un coup d'œil par la vitre. C'était la première fois qu'elle voyait la mère de Shoto. Et c'était pour le moins troublant. Une réplique conforme de son côté droit. Mêmes yeux, mêmes cheveux, mêmes traits. En la détaillant, elle comprenait mieux d'où il avait hérité sa douceur. C'était une très jolie femme, une jolie femme qui n'avait pu échapper à un destin tragique. Une femme qui avait été gâchée. C'était quand elle observa ses yeux plus longtemps qu'elle décela son chagrin. Elle y voyait, la même tristesse que Shoto arborait. Cet air affligé, comme s'il n'y avait rien de conciliant à vivre. Elle pouvait comme sentir tout ça, sans doute parce que c'était comme du déjà-vu. On reconnaît les femmes qui ont vécu l'enfer, lorsqu'on en est une.

Et en elle, dans cet air flottant et triste, Seiko ne pouvait s'empêcher de voir sa mère. Elle regardait cette femme qu'elle ne connaissait pas, et avait le sentiment de la voir elle. C'était presque identique. La même aura. La même affliction. Les mêmes plis dans le visage. La même douleur imprégnée à même la peau. Tous ces détails qui lui étaient trop familiers. Tout ce qu'elle avait peur de devenir elle aussi.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant