Chapitre XIV

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     Les appartements de Tinuviel sont incroyablement simples et chaleureux à la fois. Pourtant on ne pourrait pas croire la personne qui décrirait cet endroit quand on connaît le personnage qu'est l'assassin. A la fois minutieuse mais également froide et détachée, son environnement paraît tout aussi froid avec des mûrs en pierres taillés et des tapisseries lugubres. Mais Alvana'as découvrait un tout autre monde, ne pensant plus à ces créatures qu'elle avait vues quelques minutes plus tôt.

    - Je n'aurais jamais cru Tinuviel si elle m'avait dit que son lieu de vie était si agréable...

    - Pourquoi elle te l'aurait dit ? Vous êtes comme chien et chat toutes les deux, toujours à vous crêper le chignon...

    Lucia avait sortie ces mots sans même réfléchir à l'impacte que ça pourrait avoir sur cette femme si sensible dans le fond. Et c'est en ressentant le regard noir de cette dernière qu'elle se racla la gorge tout en se cachant derrière le livre de botanique qu'elle avait pris.

    - Non mais je veux dire, à ce qu'il paraît Alvana'as...

    Un simplement grognement fût la réponse de la femme aux cheveux sombre. Elle continue son inspection analysant chaque détail. Un âtre accueillant avec des rondins non loin prêt à servir, des petits tableaux représentant des personnes aux sourires contagieux étaient regroupés au-dessus. La femme avait un air de ressemblance avec Tinuviel, mis à part qu'elle avait les deux yeux de la même couleur. C'est en faisant claquer ses talons contre le sol en bois qu'elle remarqua qu'aucunes des planches de bois ne craquait. Son regard balayant la pièce, elle s'arrêta sur le bureau rempli de papier, mais son corps la fit se diriger vers la chambre de l'absente. Elle savait que ce n'était pas la meilleure chose à faire et que Tinuviel s'en rendrait compte mais c'était plus fort qu'elle. Se retrouvant devant la porte assez sombre comparé à la pièce, elle hésita quelques secondes avant de poser la main sur la poignée et l'ouvrir.

* * *

    La chambre était plongée dans les ténèbres, il n'y avait que le bruit des grillons dans les buissons qui encadre l'habitation. Une petite maison de campagne perdue au milieu d'une vaste plaine. La nuit, cette étendue se transforme en un paysage féerique, où le clair de lune caresse doucement l'herbe humide et fait scintiller de minuscules gouttes de rosée comme des milliers de petits diamants. La bâtisse elle-même semble abandonnée à première vue, avec ses volets en bois légèrement délabrés et sa peinture écaillée qui témoigne d'un passé plus heureux. Mais, malgré son apparence négligée, elle dégage une atmosphère étrangement chaleureuse. Peut-être est-ce dû à la lumière douce qui filtre à travers les fenêtres cassées, ou aux fleurs sauvages qui ont pris racine dans les fissures de la pierre, ajoutant des touches de couleur à ce tableau mélancolique. La cheminée, bien qu'éteinte depuis longtemps, semble encore prête à accueillir un feu crépitant. À côté de la maison, un vieux puits recouvert de lierre suggère les échos des rires et des conversations qui animent autrefois ce lieu. La nature environnante, avec ses arbres aux branches noueuses et son herbe haute, semble embrasser cette bâtisse, la protégeant et l'invitant à faire partie de son mystère nocturne. La nuit, alors que la brume monte doucement de la terre et que le ciel se pare d'étoiles, la petite maison de campagne abandonnée devient un havre de paix, un secret bien gardé au cœur d'un monde enchanté. En son intérieur, un jeune feu était en train de danser dans sa cheminée, chaud et réconfortant. Qui donc aurait pu l'allumer ?

    Non loin de celle-ci, un jeune couple qui s'était donné rendez-vous près du puits des Souhaits Murmurés afin de pouvoir émettre leur demande et de passer une nuit charnelle dans la bâtisse à côté. Alors que tous deux s'étaient approchés, ils s'aperçurent qu'une lumière sortait des fenêtres, montrant que pour cette nuit la maison allait être habitée. Intrigués et légèrement hésitants, ils s'avancèrent avec précaution vers la demeure, guidés par le feu de cheminée qui semblait les accueillir dans son étreinte. La porte, étonnamment, n'était pas verrouillée, invitant presque les visiteurs à entrer. Poussés par la curiosité et l'excitation d'une aventure nocturne, ils franchirent le seuil. À l'intérieur, la maison était étonnamment chaleureuse et accueillante. Une petite table avait été dressée au centre de la pièce principale, illuminée par plusieurs bougies qui projetaient des ombres dansantes sur les murs. Un modeste feu crépitait dans la cheminée, répandant une douce chaleur et une lumière apaisante. C'était comme si la maison, malgré son apparence abandonnée, attendait leur arrivée.

L'ordre d'Ishval : l'éveil [en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant