Chapitre 18 : Notre erreur à tous les deux

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Les yeux bandés, les mains liées dans mon dos, j'avais mal de tête.
Avec un baillon au niveau de la bouche, je ne pouvais rien faire.
Perdue dans mes pensées, je sentais encore le sang de Sa Majesté traverser mes veines.
J'avais mal, je me sentais perdue et la seule chose à laquelle je pouvais m'accrocher, était le bruit de la respiration d'Heimérid non loin de moi.

En y repensant, même si nous avions tous été en forme, je ne suis pas certaine qu'on aurait pu battre Ernesto.
Il était si rapide, si fort et si gracieux dans ses mouvements, j'avais l'impression d'être face à une montagne.
Mon nez me faisait encore souffrir mais je ne pouvais rien dire.
Tout était de ma faute, j'avais envoyé mes compagnons et moi-même à l'abattoir.
Je pensais qu'avec l'entraînement, ma nouvelle équipe et mon nouvel équipement, j'avais toutes mes chances de mon côté.
Mais là, seul le désespoir était présent.
Je ne savais pas où j'étais mais mes liens étaient aussi froids que la pièce où je me trouvais.
Je m'en voulais d'avoir fait vivre ça à mon groupe.
Seule fautive, il me fallait trouver une solution pour résoudre ce problème.
Peut-être qu'avec une fiole ou deux du sang du roi, je pouvais m'en sortir.
Mais je n'avais aucune idée d'où elles se trouvaient et encore moins comment y parvenir.

Ma cible était si proche et pourtant ... Si éloignée ...
Je savais que nous nous trouvions dans un endroit tenu par la guilde des Croix inversées mais où exactement, je n'en n'avais aucune idée.
Il ne me fallait qu'un signe pour pouvoir nous sauver de ce pétrin dans lequel je nous avais mis.
C'est là que comprenant ma détresse, le Nyrzhül a commencé à se débattre.
L'entendant faire, j'ai décidé de ne pas m'apitoyer sur mon sort.
À mon tour, j'ai tenté de me libérer les yeux en utilisant mon épaule mais je n'y parvenais pas.
J'ai gesticulé mes mains pour trouver une faille à mes liens mais j'en étais incapable.
En tentant d'appuyer avec ma langue pour me libérer la bouche, je me suis juste mordue moi-même.
En bougeant dans tous les sens comme Heimérid, je sentais ma tête se cogner à l'intérieur de moi à cause des effets du sang.
On avait beau essayer de se démener, rien n'y changeait.
C'est là que j'ai continué à m'en brûler les poignets, me mordre encore et encore, cogner mon épaule à mon visage jusqu'à saigner et au final, mon côte bestial a pris le dessus.
Devenant une maine coon à part entière, la douleur de mes os que se craquaient ne me faisait plus rien.
En changeant d'apparence, le bandeau sur mes yeux se décala légèrement.
Mes chaînes devinrent trop grandes pour mes pattes et j'ai pu m'en extirper.
De mes yeux qui pouvaient encore détecter les traces de la magie, j'ai observé mon entourage.

Ce n'était pas une très grande pièce, faite de pierres grises sans la moindre once de lumière ou de fenêtre vers l'extérieur, seule une porte en bois se trouvait ici.
Bien que j'avais toujours mon baillon, j'ai fait comprendre aux esprits présents que j'avais besoin de leur aide.
La seule fée présente était un esprit des défunts morts trop tôt.
Elle était réticente à l'idée de m'aider car je savais quelle serait la contrepartie à ses pouvoirs.
Lui faisant comprendre que je n'allais pas lâcher l'affaire, de ses pouvoirs qu'elle m'a prodigués, mon cœur commença lentement à ralentir.
C'est là que je savais que je n'avais que très peu de temps avant d'y passer car seule moi pouvais annuler ce don qu'elle m'offrait.
Heimérid et moi-même étions dans une cage séparée et je ne savais pas où se trouvaient Zhin ou Anne.
À cause du bruit qu'on faisait, deux gardes sont venus jusqu'à nous pour voir ce qu'il en était.
En fixant la porte de mes yeux, grâce à la magie, je l'ai magiquement bloquée sur place.
Le temps m'était compté et j'ai commencé à cogner ma tête contre les barreaux qui me bloquaient l'accès à ma liberté.
Ça faisait si mal mais je ne pouvais plus m'arrêter, sinon j'allais y passer.
Me voyant faire, le Nyrzhül a suivi le mouvement.
Tous les deux, nous nous cognions car notre vie en dépendait.

À force, j'ai réussi à me libérer mais mon cœur touchait bientôt à sa fin.
De mes pattes avant, j'ai utilisé toute ma force pour détruire la cage d'Heimérid et à deux, alors qu'on entendait les gardes crier en tapant sur la porte, nous l'avons défoncée.
C'était un long couloir qui ressemblait à la cellule où nous étions et où plusieurs torches étaient allumées.
Sur une petite table en bois, juste à côté de la porte qui était maintenant au-dessus de ceux qui ne pouvaient plus crier, il y avait ma sacoche et le reste de mes équipements.
S'ils étaient là, ça voulait dire que j'étais nue dans ma cage mais ça, ça m'arrangeait sur le moment.
De mes dents, j'ai secoué le sac jusqu'à faire sortir les trois fioles qu'il me restait.
Dans tous les cas, si je n'agissais pas, sans la force de la fée ou des pouvoirs vampires, nous aurions fait tout ça pour rien.
Au fond du couloir, plusieurs portes plus loin que celle qu'on avait cassée, deux gardes se sont mis en position pour nous tirer dessus de leurs fusils.
Incapable d'être réactive, Heimérid a intercepté les projectiles à ma place, le faisant tomber sur le sol, entre la vie et la mort.
Prise d'une profonde rage, j'ai croqué de mes dents une fiole, qu'importe les bouts de verre que je pouvais avoir dans la gueule, je n'avais aucune autre solution.
Je n'étais pas en état de reprendre ma forme humaine, sinon j'allais moi aussi y rester.
Cette fois-ci, la douleur était si intense que j'ai crié de toutes mes forces.

Plus rapide qu'auparavant, lorsqu'ils m'ont tiré dessus, j'ai sauté sur le mur et de mes griffes à l'intérieur de la pierre, j'ai avancé jusqu'à arriver à eux en passant sur le côté.
D'un coup de crocs, j'ai arraché la jugulaire d'un de mes ennemis.
De mes pattes, j'ai défiguré le second jusqu'à ce qu'il perde la vie.
En retournant auprès du Nyrzhül, mon cœur était sur le point de s'arrêter.
Mais sans les pouvoirs de la fée, ma capacité de guérison n'était pas assez efficace pour pouvoir sauver mon camarade.
J'ai décidé de rompre le lien avec l'esprit et j'ai repris une fiole dans ma gueule que j'ai à nouveau cassée.
J'en ai bu une partie et avec le reste dans ma bouche, j'ai mordu Heimérid.
Du sang qui coulait en lui et de mes pouvoirs curratifs en même temps, j'ai réussi à lui extirper les balles dans son corps.
C'est là qu'il m'a mordu à son tour, ce qui m'a fait pousser un cri car je ne m'attendais pas à ça mais je savais qu'il le faisait pour se sauver.
Au bout du couloir, sans qu'on ne l'entende venir, Elias sauta sur moi.
De son hallebarde qui passa au travers de mon corps, j'ai arrêté de soigner le Nyrzhül et en même temps, j'ai perdu ma forme bestiale.
Tombant à terre, alors qu'il allait me tirer dessus, c'est là que derrière lui, un bruit de fiole qui se casse se fit entendre.
En le regardant, j'ai vu Heimérid faire comme moi et prendre une fiole dans sa gueule et avaler son contenu.
De sa tête, il a poussé de toute ses forces notre adversaire commun, qui partit s'écraser contre le mur.
Je tremblais de tout ce pouvoir en moi et mon compagnon de bataille aussi.

Ne l'avais-je pas déjà dit? Lorsqu'un Nyrzhül vous prend dans ses tentacules, ceux-ci vous dévorent jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de vous.
Ce que je n'ai pas précisé, c'est ce qui arrivait lorsque la bête faisait ça à son maître.
Heimérid s'est couché sur moi et je l'ai serré dans mes bras en ronronnant.
La bête me mangeait mais je n'avais pas peur.
Je savais qu'à présent, plus personne ne pourrait lui faire du mal.
Alors que je me faisais engloutir par le monstre, lentement, je me suis mise debout.
De tentacules sur tout mon corps formant une longue robe, lorsqu'Elias a tenté de venir par derrière pour m'attaquer, je me suis retournée et je l'ai regardé.

"Coucouche panier, l'humain." Ai-je dit en lui brisant la nuque grâce à mes tentacules.

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