Chapitre 16

1 0 0
                                    

Les jours suivants, Saral repassa le plus clair de son temps libre à arpenter les couloirs de la bibliothèque, pour se vider la tête, et oublier le fait qu'il ne reverrait probablement plus jamais Tess, mais surtout, il avait besoin d'être seul.

Il pressentait que la réponse à ses questions se trouvait dans les archives. Cependant, à défaut d'avoir découvert un moyen sans risque d'y pénétrer, il continuait à errer entre les murs de pierre une fois la nuit tombée. Il venait tout juste d'achever ses lectures d'une salle comprenant un ramassis d'absurdités sur la divination runique, et il s'attaquait maintenant à une toute nouvelle sous-section sur les symboles t'rhodd. C'était une civilisation qu'il ne connaissait pas très bien. Il n'en avait d'ailleurs jamais vu un de ses propres yeux, mais on racontait qu'ils vivaient à la frontière sud d'Avalar, dans le désert, ce qui expliquait certainement qu'il n'en croisait jamais à Astia.

Les t'rhodds s'étaient toujours passionnés par la cosmologie ainsi que l'interprétation des symboles célestes. Nombre d'entre eux représentaient des animaux, et il frémit lorsqu'il tomba sur un chapitre entier consacré au serpent. Cependant, alors qu'ils arrivaient aux parties intéressantes, il se retrouva une fois de plus face à une impasse... Quelqu'un avait délibérément arraché les dernières pages du chapitre, et une frustration sans égale le gagna. Pourquoi ? Est-ce que cela avait un rapport avec la mise en garde de Alfred ? Ou peut-être même qu'Alfred en personne se trouvait derrière ces manigances ? Cela semblait absurde, mais de qui pouvait-il bien s'agir dans ce cas ? Est-ce qu'on le surveillait ? Saral fut pris d'un élan de panique et scruta rapidement les environs, mais il était seul. Seul avec ses mystères qu'ils ne parvenaient pas à percer...

Quelque peu abattu, il rejoignit la salle principale avant que les premiers rayons ne se dévoilent, et il emprunta le passage qui menait à l'extérieur. Il patienta une bonne heure devant la majestueuse bibliothèque qu'elle ouvre ses portes.

La journée ne se déroula pas comme toutes les autres, pas exactement.

— J'ai besoin que tu m'accompagnes, sans poser de questions, lui avait dit Alfred.

Et Saral l'avait suivi sans broncher, jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la grille en fer forgé et que l'archiviste sorte un porte-clés.

Saral avait eu toute la peine du monde à cacher son excitation. Allait-il vraiment l'emmener dans la section interdite ?

— Je croyais qu'il fallait être deux pour pénétrer dans les archives ?

— Et combien crois-tu que nous sommes, Saral ?

Cela ne répondait certes pas à sa question. Comment Alfred avait-il mis la main sur la seconde clé ? Est-ce qu'ils étaient en train de rentrer par effraction dans ce lieu ? Si tel était le cas, il n'oserait quand même pas le faire en plein jour avec tous les étudiants et archivistes traînant par là, bien que maintenant qu'il y pensait, cela faisait un petit temps qu'ils n'avaient plus croisés personne dans les environs.

— J'ai besoin que tu tiennes cela pour moi, Saral.

Alfred lui tendit précautionneusement une lampe à huile avant d'actionner les deux verrous, ouvrir la grande porte, puis la refermer derrière eux. ... Saral n'en croyait pas ses yeux. Ils se rendaient dans l'endroit le mieux protégé de la ville, là où même les rois ne pouvaient pénétrer sans raison explicite.

— Qu'est-ce qu'on vient faire ici ? demanda-t-il alors qu'il bouillonnait d'excitation.

— Ça ne te regarde pas. Tais-toi et suis-moi.

Il ne se fit pas prier. Après avoir traversé plusieurs pièces remplies d'ouvrages, ils s'enfoncèrent dans un escalier en colimaçon qui s'étirait sur plus d'une centaine de mètres.

Avalar - Tome 1 - Le peuple ancienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant