CHAPITRE TROIS

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Le réveil que j'avais mis la veille, sonnait. Dans un grand geste, je l'éteignais. Assis sur le bord du lit, j'étais bloquée à nouveau dans mes pensées. Une dure journée m'attend. Je me refais la soirée d'hier. Je me souviens de mes promesses. Alors, je dois être forte. Je soupire longuement, avant finalement de me lever pour de bon. Je regagne la cuisine. Je m'arrêtai net quand mes yeux se posèrent sur la tasse toujours brisée sur le sol. La tristesse m'envahit. Je serrai les poings. Et, me contrôlait à ranger cette tristesse bien loin dans mon cerveau. Je laisse place à la colère. Rien n'avait changé dans cette cuisine, depuis que ma mère était morte dans celle-ci. Je ramassai frénétiquement la tasse et la jetai dans la poubelle. J'essuyais également le liquide qui entre-temps avait eu le temps de sécher. Appuyé sur le rebord de l'évier, j'observais la rue déserte.

J'avalais un verre de lait et mangeai une pomme. Je ne pouvais rien avaler d'autre. La faim n'était pas présente en moi. J'avais perdu l'appétit. J'étais seule. Assise dans cette grande cuisine. Je ne voulais pas que cette journée se déroule ou alors, je voulais qu'elle se termine très vite. Je voulais qu'elle soit déjà finie. Que les mois passent. Que j'oublie un peu tout ça. Alors que j'étais dans mes pensées, la scène de ce lundi matin, se repassait en boucle sous mes yeux. Je fermai les yeux un instant, ravalant mes larmes avant qu'elles ne déferlent sur mes joues. Mes rappelant, mes promesses. Je quittai alors cette cuisine aussitôt. M'évitant des peines.

Débout devant le miroir de ma chambre, je m'observais. Me détaillant. J'avais opté pour une petite robe noire, très simple. De petits talons noirs également. Quelques bijoux. J'avais laissé mes chevaux détacher après les avoir longuement brossées. Accentuant la masse de mes cheveux. Je regrettai aussitôt ce geste. Mes cheveux bouclés étaient difficiles à brosser. Je l'ai humidifié. Quand le résultat me paraissait plutôt à mon goût, j'abandonnais le miroir.

Il était bientôt l'heure. Adrian allait arriver. Et, cette journée de l'enfer pouvait commencer. Je la redoutais déjà. Avant d'aller me laver, j'avais eu le temps d'écrire un petit mot pour ma mère. Que je devrais sans doute lire à voix haute devant tout le monde. Rien que de penser à cette scène, j'en avais la nausée. Je ne suis pas timide. Mais, parler de ma mère et de ce que je ressens devant des tas de gens que je ne connais sûrement pas me rendait malade. Je n'aimais pas dire ce que je ressentais. Ces sentiments n'appartenaient qu'à moi, je ne voyais pas pourquoi il fallait que je les partage à des inconnues. Mais, Carla, m'avait envoyé un message hier. Me souhaitant un bon courage et une bonne nuit, sans oublier de me dire de préparer un discours dédié à ma mère pour son enterrement. J'avais encore moins dormi avec cette demande de dernière minute.

Adrian klaxonna devant la maison. Il n'avait même pas pris la peine de descendre. Quant à Clara, elle était déjà dans la maison. Elle n'était pas venue les mains vides. Elle avait les bras chargés de sacs. Qu'elle vidait au fur et à mesure, remplissant l'îlot centrale de la cuisine, de tout un tas de nourriture et de boisson. Je savais donc qu'après l'enterrement, tout le monde viendrait dans ma maison. L'envahirent de leurs sales pâtes. Manger comme des goinfres toute cette nourriture. Je ne voyais pas grand intérêt dans ces traditions. De venir se recueillir dans la maison du défunt. À part remuer le couteau dans la plaie, je n'en voyais pas l'utilité. Je n'avais pas envie que des inconnues pénètrent dans notre intimité. Ma mère n'aurait sans doute pas aimé ceux-là. Mais, j'avais l'impression que je ne pouvais pas réagir, que c'était comme cela que ça devait se passer.

Quand Carla eut fini de tout disposer. Elle me prit dans ses bras, avant de m'emmener à l'extérieur. Il était l'heure de partir. Il était l'heure de rejoindre les pompes funèbres. Dans la voiture, le silence régnait à nouveau. Le trajet ne fut pas long, pourtant j'aurais voulu qu'il dure des heures entières. Je ne voulais pas participer à ça. Je ne voulais pas prendre part à la mise en bière de ma mère. Je ne voyais, là, pas non plus grand intérêt à cette situation. Des tas de gens étaient déjà là. Je ne leur portai aucune attention, et me faufilai à l'intérieur du bâtiment. Adrian, c'était chargé de tous les détails, je n'avais rien besoin de gérer aujourd'hui. Juste subir. Subir.

Ceci n'est pas un conte de fées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant