Le Royaume de l'hiver

Chapitre 1

Après une semaine éreintante à traquer les redoutables tigres à dents de sabre, je rêvais déjà du réconfort d'un bain chaud. Leurs rugissements résonnaient encore dans ma tête m'emplissant d'un mélange d'adrénaline et de fatigue. J'avais encore le goût du sang et de la sueur sur le bout de la langue, je méritai une bonne journée de repos.  La chasse n'était pas un passe-temps comme certains nobles le pensaeitn, mais une nécessecité pour protéger notre peuple de ces prédateurs redoutables. Une responsabilité que mon père semblait ignorer.  Ces bêtes se reproduisaient comme des lapins et devenaient une nuisance certaine pour les petits villages aux alentours de la forêt magique. Ils s'aventuraient même dans certaines villes terrifiant les habitants et causant de nombreux dégâts matériels en plus de blesser la population.

Au détour d'un couloir Drahor, le bras droit de mon père, surgit devant moi, tel un Rodeur*, me faisant sursauter. Un frisson de dégoût me parcourut à la vue de cet individu aux manières brutales et aux intentions évidentes.

Je levai un sourcil, peu enchantée par sa présence. Les échanges avec ce faë m'avaient rarement laissée avec un sentiment autre que celui de mépris.

— Ah, c'est toujours un plaisir de te voir, Princesse, déclara-t-il d'une voix lourde de sous-entendus, son regard lubrique balayant mon corps d'un air impudique.

— Si seulement je pouvais en dire autant à votre égard, général, ripostai-je d'un ton acide. Mais j'ai bien peur que votre présence ne soit guère une source de réjouissance pour moi.

Un sourire mesquin étira ses lèvres, révélant une rangée de dents blanches parfaitement alignées. Derrière son apparence parfaite se cachait un monstre de la pire espèce. Les pensées viles et les intentions perfides de cet homme répugnant me glaçaient le sang. Je n'aimais pas être seule en sa présence comme toutes les femmes d'ailleurs. J'avais dû consoler bon nombre de servantes à cause de lui, mais je ne l'avas jamais pris la main dans le sac. Le jour où cela arrivera je m'en donnerai à cœur joie. Je

— Un jour, tu te rendras compte de ta place, ma belle, murmura-t-il d'un ton sinistre, en s'approchant encore plus de moi. Et ce jour-là, tu te prosterneras devant moi.

Je ricanai devant la bêtise de ses paroles.

— Ce jour n'est pas près d'arriver, et je ferai en sorte qu'il n'arrive jamais, répliquai-je avec détermination, réprimant l'envie de lui faire tâter de mon poignard. Si je le faisais mon père me punirait et je n'avais aucunement l'envie qu'il me jette dans le cachot. Il y a quelques semaines de cela, j'avais eu l'outrecuidance de lui répondre et j'étais restée une semaine dans une cellule sombre, humide et sale. Je ne voulais pas réitérer l'expérience. Rien que de penser aux bêtes rampantes, j'avais envie d'hurler.

— Nous verrons bien, ma jolie, nous verrons bien, souffla-t-il, un sourire perfide aux lèvres. Le roi te fait mander.

— Je vais me rafraîchir rapidement, puis je me rendrai dans son bureau.

—Il veut te voir immédiatement.

Je laissai échapper un soupir de lassitude et pris la direction du bureau de mon père, sachant pertinemment que sa convocation n'annonçait rien de bon. Mon bain attendrait ; il semblait que les ennuis étaient à nouveau à ma porte. Haut du formulaireVoyant que le général me suivait toujours, je déclarai avec un brin d'irritation :

—Inutile de m'accompagner, général. Je connais parfaitement le chemin.

—Oh mais, je ne raterai pour rien au monde la mine défaite que tu arboreras à l'annonce que doit te faire le roi, ricana-t-il en se frottant les mains.

Je serrai les poings, me préparant au pire. Je savais que quelque chose de grave se tramait. Je fis volteface et marchais d'un pas décidé à travers les couloirs du château, l'esprit tourmenté par les pensées de ce qui m'attendait dans le bureau de mon père. Les murs de pierre semblaient se resserrer autour de moi, amplifiant le poids de mon anxiété. Les torches éclairaient faiblement mon chemin, projetant des ombres dansantes sur les fresques murales qui racontaient l'histoire de ma lignée.