Chapitre 24 : Le trône vacant

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De mon violon sous la lumière de la lune rouge en haut de la tour du château, je chantais en draconique.

Toi au nom que j'ai oublié, je te sens et je peux te voir.
Tes mots font siffler mes oreilles mais je n'ai plus peur.
Je te sais familier, je sens ton étreinte chaleureuse quand je ferme les yeux.
Ce monde est encore noir pour moi mais est plein de couleurs pour toi.
À chaque pas, tu t'éloignes de moi.
Et c'est lorsque je recule que tu t'avances.
Combien de temps jouerons-nous encore au chat et à la souris?
Seras-tu le premier à en avoir marre ou viendrais-je à bout de ce manque de communication?

C'est là qu'au loin, au niveau des remparts, j'entendais le brouhaha des gardes.
Grâce à mes pouvoirs, j'étais capable de voir ce qu'il s'y passait.
C'est là qu'un grand sourire malsain est survenu sur mon visage.
J'ai fait un grand bond en direction de notre muraille de défense.
Pourquoi m'embêter à marcher jusqu'à là alors que j'avais maintenant autant de pouvoirs?
En seulement quelques sauts, du toit d'une maison jusqu'à une autre, je suis arrivée sur place.
Tout en haut des remparts, des gardes tenaient leurs armes à distance prêtes à tirer.
Sur les landes, un groupe d'aventuriers était sur le point de nous prendre d'assaut.
Se croyant invincibles, ils n'étaient pas beaucoup mais se croyaient tout permis.
"Gardez-moi ça, je vais m'occuper d'eux personnellement." Ai-je dit à un démon en lui tendant mon instrument.
En mettant ma main sur le rebord de la muraille, j'ai plongé jusqu'à arriver sur le sol.
Lorsque j'y suis arrivée, tout en me craquant la nuque, je les ai regardés.
"Vous qui pensez qu'Estelle vous accordera le pardon pour être arrivés jusqu'ici, sachez que vous faites erreur. Leur dis-je à voix haute.
Vous ne reviendrez pas d'entre les morts en croisant le fer avec moi.
-Et qui penses-tu être pour te prétendre au-dessus de la mort! Cria l'un de ces barbares de l'autre monde.
-Qui suis-je?" Répondis-je en rigolant.

En faisant apparaître Tranche-destinée, un à un, je leur ai envoyé un regard qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier.
"Je vois que vos parents ne vous ont pas appris le respect des bonnes manières.
Mais ça ne fait rien, je vais vous l'enseigner moi-même ..."
C'est à ce moment que j'ai laissé mon arme tomber dans le vide.
Elle est passée au travers du sol avant de disparaître.
"Les gars, je crois qu'il y a quelque chose de bizarre ...
Regardez les gardes ... Dit un aventurier en pointant vulgairement du doigt les subordonnés d'É'Synthia.
Plus aucun n'est en position pour nous attaquer, comme s'ils savaient que nous n'étions plus une menace ...
-C'est que devant nous, on a touché le gros lot!" Répondit un barbare qui arriva jusqu'à moi, de ses deux épées.

"Première leçon, aventuriers.
Ne jamais détourner le regard lors d'un combat." Disais-je à voix haute, tout en disparaissant à mon tour.
Une fumée noire se retrouva partout, les empêchant de voir ce qu'il se passait.
Et c'est là que d'un coup d'épée dans le dos d'un de mes ennemis, il tomba sur le sol, dont la vie venait de quitter son corps.
Je venais de tuer celui qui avait osé nous pointer grossièrement du doigt.
Trois d'entre eux sont alors venus en même temps vers moi.
"Seconde leçon.
Ne jamais laisser vos mages sans protection."
Passant entre les aventuriers, je suis arrivée jusqu'à leur soigneur, tout en laissant l'autre barbare de l'autre monde incanter sa magie.
De ma main qui ne tenait pas mon épée, je lui ai serré le cou, le soulevant du sol.
Deux de mes tentacules lui ont transpercé le ventre, et le troisième alla jusqu'à son cœur pour lui arrêter.
Au moment où j'ai déposé sa dépouille sur le sol, je me suis retournée vers ceux qui étaient encore présents.
J'ai fait se dissiper la fumée et je les ai vus me courir dessus.
Il restait encore trois guerriers et un mage dans le groupe.
"Tu vas voir ce qu'il en coûte de me laisser incanter sans s'en prendre à moi!" Cria leur magicien.
Tombant du ciel, une boule de feu assez imposante me tomba dessus.
Prenant mon temps pour élever ma main au-dessus de ma tête, l'attaque magique enflammée était déjà sur moi.
Le sol sous mes pieds se craquela et j'ai regardé les flammes.
"Esprits de l'hiver, éteignez-moi ça, s'il vous plaît." Ai-je demandé aux esprits, qui se sont exécutés sur le champ.
Juste après, d'un bond vers l'avant, je suis arrivée au contact du mage.
De mon poing enchanté par les fées de l'hiver, au niveau de sa poitrine, je venais de faire un trou qui lui fit perdre la vie instantanément.
"Troisième leçon ...
Toujours évaluer la différence de différence entre votre groupe et vos ennemis."
Comme si je venais de boire des dizaines de fioles de sang, qui maintenant ne me servaient plus à rien, j'ai laissé mes pouvoirs sortir de mon corps.
C'est là qu'une grande pression s'est faite sentir de partout.
Mes trois adversaires sont tombés à genoux, posant leurs mains sur le sol, incapables de bouger.
J'ai augmenté la pression encore et encore, jusqu'à ce qu'un seul reste en vie, et là, j'ai arrêté la libération de mes pouvoirs.
Je me suis lentement mise à marcher vers lui, pour lui donner le temps d'essayer de se relever.
"Quatrième leçon, barbare de l'autre monde. Lui ai-je dit en mettant ma main sur sa tête qui peinait à me regarder.
On se présente toujours avant de demander à quelqu'un qui il est ...
Surtout quand on est face à l'impératrice des démons!" Ai-je crié sur la fin, appuyant sur sa tête pour l'écraser sur le sol.

Une fois mon combat terminé, j'ai remarqué que le groupe n'était pas venu seul.
Ils avaient avec eux trois esclaves.
Un était humain et il y avait deux petits derrière lui.
En regardant comment ils étaient cachés à l'arrière de la jambe du premier, on aura pu imaginer que c'était leur père mais avec ce qu'il se passe dans le monde, je n'ai pas voulu dire quelque chose de déplacé.
"Vous voilà libérés de l'emprise de ces aventuriers. Ai-je dit en me dirigeant jusqu'à eux.
Avez-vous un endroit où retourner?
-Non, malheureusement, impératrice ...
-Qu'il en soit ainsi." Finis-je en faisant un bond jusqu'aux murailles.
C'est là qu'en rangeant Tranche-destinée, j'ai récupéré mon violon.
"Je vous laisse vous occuper des esclaves pour leur offrir un logement à Ernistère.
Jamais un seul esclave n'aura pas le droit à sa liberté chez nous. Expliquais-je aux gardes.
C'est ce que mon prédécesseur m'a appris." 
Lorsque j'ai entendu les démons demander d'ouvrir les portes pour accueillir les humains, je suis retournée jusqu'au château.

Cette fois-ci, je ne suis pas remontée en haut de la tour mais à la place, je me suis dirigée jusqu'à la salle royale.
Puisqu'il n'y avait personne, j'en ai profité pour observer le quatrième trône.
C'est là que l'ombre est apparue dessus.
Je lui ai envoyé un regard triste qu'en retour, ses yeux ne pouvaient rien m'apprendre.
Au moment où j'ai entendu du monde arriver, j'ai detourné mon regard pour me diriger sur mon trône.


Un jour, je me souviendrai de ton nom, toi qui me suis partout. Me suis-je dit en observant la fiole à la larme gelée ...

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