A million ghost scars

Chapitre 4 - Petite Trahison

Splash ! Splash !

Les éclaboussures d'eau m'asperge le visage et j'éclate de rire. Je réplique mais Timothé évite les gouttes et m'en envoie d'autres. Après un combat acharné ou aucun de nous deux ne ressort vainqueur, nous décidons de faire la paix.

- C'est quoi ton film préféré ? je lui demande alors que nous nous asseyons sur des galets, le bas du corps encore dans l'eau.

- Oula ! C'est une question beaucoup trop difficile ! s'esclaffe-t-il.

- Mais si tu ne devais en choisir qu'un pour le reste de ta vie, ce serait lequel ?

- Un seul ?

- Un seul.

Il réfléchit, mais je sens, que sa décision est déjà prise.

- Forest Gump, répond-il enfin.

Je souris.

- Je ne voudrais pas paraître prétentieuse, mais je m'en doutais.

- Comment ? s'étonne-t-il. Tu l'as vu ?

- Oui, et j'ai beaucoup aimé, même si se n'est pas mon préféré, mais je ne sais pas... Tu as une tête à aimer Forest Gump.

Il rigole, et il place ses bras qui tenaient ses genoux derrière lui, et lève la tête vers le ciel complètement bleu.

- Tu sais, il y a encore quelques mois, je t'aurais dit Le Parrain, mais aujourd'hui... (Il sourit aux nuages inexistants) J'ai apparemment une tête qui aime Forest Gump.

Je ris et lève moi aussi les yeux et apprécie le soleil sur ma peau.

- Et toi ?

- Interstellar, je réponds sans hésiter.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je m'en doutais.

- Parce que j'ai une tête à aimer Interstellar ?

- Tu as tout compris, rit-il. Je ris aussi et me lève.

- Allons nager !

J'essaye de courir le plus vite possible dans l'eau, mais je me fais vite rattraper. Avec beaucoup d'éclaboussures et de tricheries, il me passe devant. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je le retiens en lui tenant les épaules, et au moment où je sens qu'il va perdre l'équilibre et tomber dans l'eau, il se retourne et m'entraîne avec lui.

Je me retrouve à moitié immergé, Timothé au-dessus de moi, une main dans l'eau pour se retenir de me tomber dessus, et l'autre dans mon dos. En tombant, il m'a attrapé pour que je ne tombe pas brutalement sur les pierres.

Mon visage et le sien sont seulement à quelques centimètres l'un de l'autre. Nos deux haleine se mélangent, et un goût de glace et de pomme envahit mes narines. Je me sens submergé dans tous les sens du terme.

Mais je peux enfin admirer ses yeux de plus près.

Aujourd'hui, ils sont verts, avec les contours dorés de ses iris qui s'agrandissent.

Je sais que nous sommes dans une position bizarre, mais je ne veux pas le mettre mal à l'aise, alors je souris (le self-control que j'affiche est totalement faux) et lui demande silencieusement de se relever. Ce qu'il n'a pas l'air de faire. Il est comme figé, ses pupilles rivées aux miennes.

- Timothé ? je demande doucement.

Je n'ose pas me redresser, de peur qu'il ne recule pas et que nos têtes soit encore plus proches qu'elles ne le sont déjà.