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~Campbell Eliot~

La petite ville de West Ham se drapait dans une étrange tranquillité, presque trompeuse. Depuis que les adolescents avaient été coupés du reste du monde, tout avait changé. Les règles sociales, les alliances, et même les sentiments semblaient avoir pris une tournure plus sombre, plus viscérale. Campbell Eliot, avec son sourire en coin et son regard glacé, naviguait à travers ce chaos avec une aisance inquiétante.

Ce jour-là, il était assis sur les marches du bâtiment principal, observant la scène autour de lui. Son esprit travaillait toujours, cherchant à contrôler, manipuler, tirer les ficelles de ce nouveau monde qu'il voyait comme son terrain de jeu personnel. Mais ce matin-là, quelque chose d'autre attira son attention. Ou plutôt, quelqu'un.

Athéna.

Elle avançait dans la rue avec une assurance presque effrayante. Ses cheveux châtain bouclés encadraient son visage, ses yeux bleus scrutaient tout autour d’elle avec une intensité palpable. Elle portait une mini-jupe noire qui soulignait sa silhouette élancée, et son attitude, un mélange de défi et de désinvolture, la rendait impossible à ignorer. Campbell la connaissait. Il avait entendu parler d’elle, de son caractère explosif et de cette lueur dans ses yeux qui rappelait la sienne. Mais il ne s’était jamais vraiment intéressé à elle, jusqu’à aujourd’hui.

Lorsqu’elle passa devant lui, elle s’arrêta, sentant son regard pesant sur elle. Sans même le regarder, elle lança d’un ton sarcastique :

— Prendre l'air, Campbell ? Je pensais que tu préférais les ombres.

Il esquissa un sourire, amusé par son audace.

— Et moi, je pensais que tu préférais les endroits où tu pouvais terroriser les faibles, Athéna.

Elle tourna la tête vers lui, ses yeux bleus rencontrant les siens. Un silence tendu s’installa, mais il n’y avait pas d’animosité dans ce silence, plutôt une sorte de reconnaissance, presque un défi silencieux.

— Les faibles ne sont plus amusants, répondit-elle enfin. Ils ne mettent pas assez de temps à se briser.

Il se leva, s’approchant d’elle, son sourire s’élargissant.

— Et que fais-tu quand tu as fini de jouer avec eux ?

— Je cherche un nouveau jouet, Campbell. Quelque chose de plus… stimulant.

Il y avait une lueur dans ses yeux qu’il n’avait vue que dans son propre reflet. Une absence de peur, une soif de pouvoir, de contrôle. Elle était comme lui. Et cette réalisation le troubla autant qu'elle l'excita.

— Tu me cherches, Athéna ? demanda-t-il, son ton mielleux, mais ses yeux durs.

Elle haussa les épaules, un sourire énigmatique sur les lèvres.

— Peut-être. Ou peut-être que je cherche simplement quelqu'un qui ne se brisera pas.

Il s'avança encore, jusqu’à ce qu’ils soient face à face, si proches qu'il pouvait sentir le parfum léger et métallique qui émanait d'elle. Sa main effleura sa joue, un geste à la fois tendre et menaçant.

— Fais attention, Athéna. Jouer avec moi pourrait te brûler.

Elle ne bougea pas, son sourire s'élargissant.

— J'adore le feu, murmura-t-elle.

Campbell éclata de rire, un son presque joyeux, mais il y avait une obscurité sous-jacente, une promesse d’ennuis. Il savait qu’il venait de trouver une alliée, ou peut-être une rivale. Mais dans les deux cas, cela rendait le jeu encore plus intéressant.

— Très bien, dit-il doucement. Jouons.

Les jours suivants, Athéna et Campbell devinrent inséparables, formant une alliance redoutable. Ils se délectaient du chaos qu’ils pouvaient semer, jouant avec les autres comme des marionnettes. Leur relation était un équilibre précaire entre la passion destructrice et une admiration mutuelle pour leur propre noirceur.

Un soir, après avoir orchestré une dispute particulièrement vicieuse entre deux groupes rivaux, ils se retrouvèrent seuls, dans une maison abandonnée à la périphérie de la ville. La tension entre eux était à son comble. Campbell s'assit sur une vieille chaise, regardant Athéna qui se tenait debout devant une fenêtre, la lumière de la lune jouant sur ses boucles châtain.

— Que penses-tu de ce que nous avons construit ici, Athéna ? demanda-t-il finalement.

Elle se tourna vers lui, ses yeux brillant d'une lueur dangereuse.

— C'est beau, Campbell. Mais c’est fragile. Et je me demande combien de temps ça tiendra avant que l’un de nous ne décide de tout faire exploser.

Il se leva lentement, s'approchant d'elle. Son sourire disparut, remplacé par une expression de gravité inhabituelle.

— Et si je te disais que je ne veux pas que ça explose ?

Athéna fronça les sourcils, troublée par cette confession. Elle le connaissait trop bien pour le croire sur parole, mais il y avait quelque chose dans sa voix, une sincérité qu’elle n’avait jamais vue auparavant.

— Pourquoi pas ? demanda-t-elle, son ton défiant.

Il lui prit la main, un geste inattendu qui la fit frémir.

— Parce que je pense que toi et moi, on pourrait aller bien plus loin ensemble. On pourrait faire quelque chose de vraiment grand, de vraiment… funeste.

Athéna regarda leurs mains jointes, hésitant un instant. Mais elle savait que ce qu’il disait était vrai. Ensemble, ils étaient dangereux. Ensemble, ils étaient invincibles. Et l'idée de régner sur ce chaos, côte à côte, la séduisait au-delà de toute mesure.

Elle leva les yeux vers lui, un sourire carnassier sur les lèvres.

— Alors, faisons-le, Campbell. Faisons trembler ce monde.

Il répondit à son sourire, ses yeux brillants d’une noirceur partagée.

— À nous deux, Athéna.

Et ainsi, sous la lumière pâle de la lune, leur pacte fut scellé. Deux âmes tordues, unies dans leur désir de contrôle, prêtes à plonger West Ham dans un chaos encore plus profond. Mais pour eux, c’était plus qu’un simple jeu de pouvoir. C’était un lien inébranlable, forgé dans le feu et la folie.