Receuil de nouvelles

L'espoir d'une vie meilleure

/!\ Ce chapitre aborde le sujet des violences conjugales /!\

Elle était seule sur son grand lit dont les draps étaient propres et bien mis. Le drap du dessus était blanc et les taies d’oreillers d’un ton brun sombre. Au-dessus du lit se trouvait un grand miroir ovale dont le cadre orné était d’un doré vieilli. Elle était allongée sur le ventre, ses pieds dansants avec lenteur au rythme de la lecture passionnante que lui offrait le livre qu’elle tenait entre ses mains. Elle avait sur elle une longue robe de chambre dont la soie rose pâle était ornementée de dentelle au niveau de la taille et du col. Sa bretelle droite commençait à glisser le long de son épaule, sans qu’elle n’y prête la moindre attention. Les rayons du soleil couchant entraient dans la pièce, illuminant celle-ci d’une belle lumière teintée d’orange  virant au bronze dans quelques coins sombres de la grande pièce. La fenêtre était ouverte, laissant entrer dans la pièce une douce brise, soulageant la lourdeur de cette soirée d’été. On entendait quelques oiseaux chanter au loin et, plus loin encore, le doux bruit des vagues venant s’éteindre sur la plage. Les voix de quelques passants qui profitaient des derniers rayons de soleil en dessous de la fenêtre venaient animer la petite rue. Elle était plongée dans sa lecture, à tel point qu’elle perdait petit à petit conscience de la réalité autour d’elle. Elle plongea totalement dans son livre, tous les sons autour d’elle devenant un simple murmure, puis plus rien.

« La porte s’ouvrit doucement, et, dans l’encadrement de celle-ci, la jeune femme aperçut les traits familiers de son petit-ami. Ce dernier entra dans la pièce avec calme, et vint déposer un doux baiser sur le front de son amie. Il se dirigea vers la fenêtre qu’il ferma. De retour devant sa bien-aimée, il lui retira le livre des mains en douceur et le posa sur la table de nuit, retourné et ouvert pour garder la page. La jeune femme sourit et s’assit. Le jeune homme s’approcha de son visage et l’embrassa tendrement. Il acheva de faire tomber la bretelle qui glissait déjà légèrement avant son arrivée. Il posa un baiser sur l’épaule qu’il venait de dénuder. Petit à petit, il remonta le long de l’épaule de la jeune femme pour atteindre le cou de celle-ci. Elle pencha la tête de l’autre côté pour exposer plus de peau encore. Le garçon passa sa main délicate et chaude le long du bras de celle qu’il aimait, puis la fit parcourir son dos, pour finalement la laisser se poser sur sa hanche. Il poussa délicatement sa bien-aimée pour l’allonger, et s’allongea sur elle. Il continua de l’embrasser : sur la bouche, dans le cou, sur l’épaule. Après quelques longues minutes, il commença à la déshabiller avec lenteur, laissant d’abord apparaître sa poitrine, puis, petit à petit, son ventre, le haut de son bassin et, enfin, acheva de faire glisser la robe de chambre le long des ses jambes. Il l’observa, laissant ses yeux se promener sur chaque détail du corps de sa partenaire. Elle n’avait sur elle plus qu’une culotte noire, assez simple. Il se déshabilla à son tour, gardant simplement son caleçon. Il vint coller son torse brûlant contre le corps froid de la jeune femme. Il posa ses lèvres sur celles de cette dernière, et y déposa un long baiser. Il allait se relever légèrement pour retirer les derniers bouts de tissus qui recouvraient leurs corps quand un grand bruit sourd résonna dans la maison.

Elle sursauta. Le bruit l’avait sortie de son livre dans lequel elle avait entièrement plongé. Il faisait maintenant nuit, et il n’y avait qu'une petite lampe pour éclairer la pièce. La lumière qui en émanait était presque inquiétante. La température était légèrement retombée, et il ne restait que les derniers passants dans la rue. Le silence était presque total, encore plus marquant après le vacarme entendu en bas. Un homme imposant ouvrit la porte de la chambre avec violence, et fusilla la femme du regard. Elle semblait frêle à côté de lui. L’homme, saoûl, ne laissa pas le temps à sa femme de lui reprocher un retour si tardif sans raison valable. Il lui hurla dessus, sans plus de bonnes raisons que ce qui l’avait fait rentrer si loin dans la nuit. Les cris résonnaient dans le silence de la nuit. La femme, terrifiée, ne vit pas venir le premier coup. Elle se retrouva simplement assise sur le lit, en pleurs, la main sur sa joue en feu. Le deuxième coup fut lancé sur le haut de sa hanche, le troisième atteignit son visage à nouveau. Elle suppliait qu’il la laisse tranquille, qu’elle ferait ce qu’il voudrait. Mais rien n’apaisa la colère démesurée de l’homme qui se trouvait face à elle. Il faisait sombre dans la pièce et elle ne voyait pas bien d’où pourrait provenir le coup suivant. Celui-ci fut envoyé sur le bras et un dernier coup vint lui toucher le ventre. Ce dernier la plia en deux, lui coupant la respiration durant quelques secondes et inondant ses yeux de larmes, l’empêchant de voir quoi que ce soit. Quand elle se redressa enfin, tant bien que mal, l’animal qui l’avait frappé avait quitté la pièce. Elle regarda son reflet dans le miroir. Elle y vit une femme vieillie, usée, du sang coulant sur sa tempe. Des cernes et des rides tachaient son visage délicat, et les larmes humidifiaient ses joues rouges et brûlantes. De vieilles blessures la faisaient à nouveau souffrir suite à la haine que son mari avait déversé contre elle.

Après cet intense moment de violence, elle transpirait, exténuée et abîmée, encore une fois, sous les coups de celui qu’elle avait aimé, il y a bien longtemps. Avant qu’il ne devienne ce monstre, la battant presque chaque soir. Elle tenta de se souvenir du moment où les choses avaient changé. Abattue, elle avait du mal à croire que cela faisait si longtemps. Elle aurait voulu trouver la force de partir, mais elle n’avait jamais réussi à s’y résoudre, continuant désespérément de croire que son mari pourrait redevenir l’homme doux qu’elle avait épousé. Elle n'eut soudain plus le courage de penser. La fatigue l’emporta dans un lourd sommeil, duquel elle n’eut pas la force de se réveiller.