Forgotten Memory [AUTO-ÉDITÉ SUR AMAZONKDP]

XXXIX

Alban, 4 ans plus tôt

J'avais accompli l'inimaginable. Je l'avais réalisé. J'avais réussi à franchir la limite, à trahir Larry, et cette victoire me remplissait d'une satisfaction inattendue. J'avais offert les précieuses données, un acte motivé par la vengeance, mais aussi par le besoin de justice.

Larry, autrefois le leader bienveillant, s'était métamorphosé sous l'ombre grandissante du trafic de stupéfiants et de son emprise sur le quartier. Ses actions devenaient de plus en plus brutales, sa cruauté s'étendant au-delà des limites acceptables. Des menaces proférées à l'encontre de nos adversaires se transformaient en véritables mises en danger pour des âmes innocentes, transformant notre territoire en un champ de bataille sans merci.

Face à cette escalade de violence, il m'était apparu clairement que persister dans cette collaboration compromettait non seulement notre sécurité, mais aussi notre moral. Pourtant, une simple trahison ne suffirait pas à mettre un terme aux agissements de Larry, et risquait même de me plonger dans un péril plus grand encore. C'est ainsi que j'avais choisi de révéler les secrets essentiels, transmettant des informations cruciales à nos rivaux et livrant plusieurs chargements de substances illicites.

Une décision lourde de conséquences.

Lorsque je me tenais désormais devant mon immeuble, grimpant péniblement ses marches, je me sentais vidé, tendu, oscillant entre la peur et la colère.

Enfin, j'atteignis mon étage.

L'appartement était plongé dans l'obscurité de la nuit. Pourtant, un faible éclat émergeait, progressivement intensifié, révélant le visage tant redouté.

Le visage de Larry.

Il était là, la fumée de sa cigarette se dissipant dans l'air.

- Tu veux rester ? Tu restes, déclara-t-il d'une voix rauque, ayant l'air défoncé. Tu veux partir ? Tu pars. Mais n'oublie jamais, trahir signifie mourir.

Mourir.

- Alors tue-moi, répliquai-je d'un ton défiant.

- Je n'hésiterai pas, Alban.

- Tu n'en seras pas capable.

- Tu te trompes, ce n'est pas parce que tu as bénéficié de ma confiance que je te porte dans mon cœur au point de tolérer une telle trahison.

- Tu n'es rien sans moi.

- C'est ce que tu penses. Mais avant que tu n'arrives, j'étais déjà là, et tout fonctionnait parfaitement.

- Plus maintenant.

Il s'avança vers moi, écrasant sa cigarette contre le sol, une menace tangible dans son regard assombri par la colère.

- Tourne toi, Alban. Personne ne viendra te sauver.

Je pivotai, les yeux écarquillés, et découvris avec horreur près d'une dizaine d'hommes qui s'alignaient de part et d'autre de l'escalier.

Sans réfléchir, mes jambes se lancèrent dans une course, dévalant les marches avec une précipitation désespérée, cherchant la sortie.

- Oui, c'est ça, fuis ! hurla Larry, sa voix portée par une jouissance malsaine.

Je ne me retournais pas.

Je fuyais.

Je courrais.

Je courrais.