Chapitre XV : La règle du bouclier (Deuxième partie)

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« Même au milieu de la bataille, l'honneur est capital. »

*

- C'est ridicule, protesta une voix, celle de Likar contre toute attente.

Les mains de sa nouvelle « mère » venant de se poser sur ses épaules, Nyha vit l'approbation se propager dans les regards telle une trainée de poudre que l'on viendrait d'allumer.

- Que voulez-vous que l'on y fasse ? Nous ne sommes pas capables d'offrir un quart de ce qui lui donneront, se défendit Shaïon.

- Sois pas aveugle. Nous ne l'avons pas menacée pour qu'elle nous suive, rétorqua l'archère.

- Elle aurait pu retourner chez elle mais ce n'est pas le cas, ajouta un homme roux dont la main droite était finement décorée de tatouages semblables à un grand mandala floral.

Face aux arguments pertinents, Shaïon ne sut quoi répondre. Likar et Narel, à l'ombre des arbres, paraissaient se mettre d'accord pour donner une ultime preuve capable de clôturer le débat lorsqu'ils se retournèrent vers le bosquet.

Sans crier garde, deux soldats dalreniens se jetèrent sur eux, épée à la main. Likar esquiva par réflexe en se déplaçant sur le côté alors que Narel se baissa de justesse face à la lame qui lui coupa quelques cheveux blonds.

- Partez ! ordonna Shaïon à la famille tout en dégainant son épée, imité par son groupe.

Les parents n'hésitèrent pas un seul instant et agrippèrent leurs enfants qui couraient vers eux, en larmes. La plus jeune dans les bras, Nyha s'apprêtait à détaler lorsque son regard tomba sur le père de famille. Il était à genoux, protégeant son fils dont il avait calé la tête dans le creux de son cou. Tous les deux venaient d'être transpercés par une flèche aux plumes écarlates plantées dans le dos de l'homme.

L'horreur de la scène glaça Nyha et lui donna immédiatement envie de vomir alors qu'elle se forçait à poser une main sur la tête de la fillette afin qu'elle continue de regarder ailleurs.

De l'autre côté du ruisseau, les combats faisaient rage. Pour la première fois depuis qu'elle les connaissait, les askaniens avaient du mal à se défendre. Likar se battait à deux contre un, l'archère avait été contrainte de sortir une paire de longues dagues noires incurvées face à un ennemi ayant passé la défense de ses flèches, et Shaïon reculait. Narel, lui, était introuvable.

Ayin ! jura Nyha intérieurement.

- Je reviens ! lança-t-elle à la femme qui serrait son deuxième fils contre elle en pleurant la mort de son mari.

La namaïenne déposa la fillette dans les bras de sa mère avant de s'élancer vers le danger.

Tu es folle ! cria une voix en elle.

Manquant de tomber en se réceptionnant après avoir sauté le ruisseau, Nyha posa ses mains au sol et fit taire cette voix au profit de l'adrénaline affluant dans ses veines.

Elle se sentait plus forte que jamais sans savoir si c'était à cause de sa peur ou grâce à cette hormone. Probablement un peu des deux. Peu importait.

Nyha sortit la dague de sa botte et se releva d'un bond pour reprendre sa course alors qu'une flèche passa sur sa gauche, la manquant d'un bon mètre.

Devant elle, Likar était désarmé. Un soldat d'or lui maintenait de force les mains dans le dos tandis qu'un autre s'approchait, une épée à la main. Celui-ci prit une inspiration aussi lente qu'éternelle lorsque Nyha planta la petite lame ocre dans son dos. Elle était glacée jusqu'aux os face à une telle réaction. L'arme s'était logée en plein Cœur, comme le lui avait appris son père des années auparavant.

La Guerre de l'Aube et du Crépuscule [Tome 1 : Les prémices d'une guerre]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant