✯ P E R F E C T E A R ✯

Chapitre 6 - BEFORE

Assise sur la banquette arrière, coincée entre les épaules des deux garçons de sa classe, Shizuka partait en direction de sa première mission en tant qu'exorciste. Une boule de stress lui pesait sur l'estomac, mais on lui avait assuré que le niveau de la mission ne serait pas trop élevé. Et puis, elle était bien entourée. Daiki et Alec l'avaient rassurée en lui promettant de protéger ses arrières, et Kento Nanami, leur aîné, les accompagnait pour être sûr que tout se passe bien.

Un homme qu'elle ne connaissait pas les conduisait à l'endroit où ils devraient se battre contre le fléau. Plusieurs semaines étaient passées, et Shizuka avait pris l'habitude d'appeler les monstres de son enfance, des Fléaux. Entre les quelques cours qu'on leur donnait et les entraînements de combats, elle n'avait pas vu le temps passer. D'après Masamichi, elle avait fait beaucoup de progrès, même si elle n'en avait pas l'impression. C'était pour cette raison qu'il avait donné son accord pour cette mission.

La voiture s'arrêta peu de temps après devant un bâtiment funéraire. L'endroit avait été vidé de son personnel au préalable, laissant ainsi l'espace libre pour que les jeunes exorcistes puissent travailler sans être interrompu. Leur conducteur les pressa de sortir, avant de s'allumer une cigarette. La fumée s'empara de l'habitacle et il disparut à moitié derrière. Shizuka grimaça en imaginant l'odeur de l'intérieur de la voiture lorsqu'ils devraient retourner à l'école des exorcistes. Déjà que les sièges étaient imbibés de la puanteur du tabac froid...

Daiki ouvrit le coffre pour s'emparer de son équipement, et passa à Shizuka la lance avec laquelle elle s'était entraînée à combattre au cours des dernières semaines. La jeune fille le remercia d'un sourire crispé, et Alec attrapa une épée à la lame droite, qui ne ressemblait pas au genre d'arme que l'on pouvait trouver au Japon. Le blondinet lui avait expliqué que c'était une arme importée de son pays natal, et qu'il avait plus de facilité à se battre avec elle, même s'il s'entraînait avec tout type de lame.

― Bon, on va pas y passer la journée, soupira Nanami en se mettant en marche.

Il se dirigea vers l'établissement sans attendre que les trois premières années ne lui emboîtent le pas. Daiki le suivit rapidement, tandis qu'Alec attendait que Shizuka se mette en route à son tour.

― T'inquiète, on sera là pour t'aider si besoin. Et puis, t'as sûrement déjà eu affaire à des fléaux plus forts que ça pendant ta...

Il ne finit pas sa phrase, ne trouvant pas de mot qui ne vexerait pas son amie. Fugue était un peu trop péjoratif à son goût. Shizuka le remercia d'un hochement de tête, et s'avança finalement aux côtés du garçon, les doigts serrés autour du bâton de sa lance.

La structure montait sur trois étages, et possédait également un sous-sol, selon les plans qu'on leur avait montré. Dans ce dernier se trouvait les chambres froides où l'on entreposait les corps des défunts, en attendant que les familles viennent leur faire leur adieux. Au rez-de-chaussée, une multitude de pièces, normalement ouvertes pour les obsèques, avait été vidé, laissant seulement un lourd silence hanté les lieux. Pour les étages supérieurs, des bureaux occupaient l'espace.

― Je dois rester dans l'entrée, et vous laissez faire, expliqua Nanami en croisant les bras. À partir de maintenant, vous devez vous débrouiller tous seuls.

Les garçons acquiescèrent en silence, tandis que la jeune fille jetait un long regard autour d'elle. Elle ne voyait rien, mais ses poils se hérissaient sur ses bras et dans le haut de sa nuque. Ils n'étaient pas tous seuls, elle en avait la certitude.

― Ça vous va si on se sépare ? proposa Alec. Y'en a un qui s'occupe du sous-sol, d'autre du rez-de-chaussée et le dernier qui fait les deux derniers étages. Je pense qu'il y aura moins de fléaux en haut.