Two Birds [Green Romance🌶️🌶️🌶️]

Faire des bulles *

Les dernières paroles de Cathy ont eu un effet inattendu sur Al.

Cathy scrute l'eau. Ses doigts balayent la mousse blanche produite par le brassage des bulles du jacuzzi. Cathy découvre des petits grains dorés qui brillent comme des soleils : ça lui rappelle les iris de Al.

Ce dernier reste silencieux et la serre fort contre lui, une main agrippée à l'épaule de Cathy et l'autre à son flanc. Dans son dos, elle sent le corps de Al irradier d'une chaleur très douce. Elle écoute son silence. Une brume irisée coule lentement sur les remous, semblant provenir de son compagnon.

Le cœur de Cathy papillonne d'émerveillement, tandis que celui de Al est gorgé d'une émotion intense. Ce n'est pas désagréable, car cette sensation nourrit son âme en profondeur. Impossible d'expliquer ce qu'il ressent, ce qui lui arrive. Se contentant de blottir son amour contre sa peau, il éprouve sa poitrine fuser, de la même manière qu'une étoile. Une déferlante en émerge, un trop-plein, une énergie qu'il ne parvient pas à contenir. Ça s'échappe de lui, ça change la couleur de l'eau, fait fleurir des bourgeons sur le bois, et grésiller la lumière de la terrasse. Ses yeux sont complètement voilés par l'Immensité. Sur sa peau se cristallisent des éclats scintillants, fin comme du sable.

— Respire, lui murmure Cathy.

Elle comprend que quelque chose d'inhabituel se passe et qu'il ne contrôle rien. Il l'écoute, et prend une profonde inspiration. Elle sourit en sentant ses doigts se détendre. Aucune crainte ne la saisit : Cathy reste calme tel un phare dans la tempête émotionnelle de Al. De quoi aurait elle peur ? De sa magie enchanteresse ?

— Comment tu te sens ? elle tend une main derrière elle pour effleurer la tête de Al.

Quand il rouvre les yeux, son champ de vision est strié de courbes lumineuses aveuglantes. La réalité peine à se dessiner dans son regard. Al questionne son émotion intense, et sourit. De sa gorge nouée sortent ces mots gémissants :

— Heureux... Tellement heureux.

Cathy est rassurée. Ses doigts effleurent le cuir chevelu de son compagnon pour communiquer sa quiétude. Al ressent un immense bien être mais se sent seul à ne pouvoir le partager, ça lui pèse. Un désir monte en lui, en cherchant à bercer sa compagne dans cette même félicité. Timidement il demande :

— Je... j'ai très envie de te faire du bien, sa voix est hésitante. Je... peux ?

Le cœur de l'archiviste rate plusieurs marches dans le rythme de sa respiration. Elle balbutie un « Oui » saccadé qui trébuche sur ses hormones.

Elle sait qu'elle peut dire non à tout moment. En aucun cas, elle ne se sent en danger entre ces mains qui courent langoureusement sur son corps. La température de Al augmente. Bientôt, elle le rejoint dans son souffle haletant, bombant la poitrine qu'il saisit tendrement dans ses immenses paumes.

Cathy penche la tête, lui présentant sa nuque dégagée. Sans attendre, Al pose ses lèvres dessus, pris d'un appétit étourdissant. Extase. Voilà ce qu'il ressent. Sentir sa partenaire trembler entre ses lippes ne dilue pas cette sensation, au contraire. Al écarte ses jambes légèrement, ouvrant les cuisses de Cathy posées dessus.

La réalité se distord autour d'eux, Cathy est trop agitée pour s'en inquiéter. L'eau du bac s'élève comme un ballon, flotte en lévitation, avant de s'étaler le long du toit de la terrasse. Elle a l'impression d'être sous la surface d'un océan scintillant. Quelques bulles descendent pour s'éclater sur leur peau frissonnante, pourtant ils n'ont pas froid. L'ampoule du balcon explose et ses débris tombent en nuage de sucre glace. Le liquide au-dessus de leur tête devient la seule source de lumière. Paisible, d'un vert azuré. La maison grince, en lutte pour rester intègre, ses murs se couvrent de zébrures brillantes telles des nuances de Malachite*.