Chapitre 1

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Tout ira bien.

Cette phrase hantait Emma depuis des années. Elle revenait inlassablement, comme un refrain.
Mais ce n'étaient pas des mots de réconfort. Ces mots, prononcés par sa mère raisonnaient plus comme une prière.
Elle les lui répétait en continu, tout en la coiffant.

Emma lâcha un soupir.
Elle avait peur.

Non finalement elle n'avait pas peur; Elle était terrifiée.

Ses mains tripotaient nerveusement les plis de sa jupe.
Ses yeux marrons allaient machinalement du miroir en face d'elle à ses pieds.

Tout ira bien.

Emma se retenait de pleurer.
Mais ce qu'elle essayait vainement de conserver en elle étaient des larmes de peur et d'anxiété.

Tout ira bien.

Sa mère lui prit la main et l'aida à se relever du tabouret où elle était assise.

Dans un silence de mort, les deux femmes sortirent de la salle de bain.

Tout ira bien.
La jeune fille remonta le couloir de l'appartement familial avec sa mère sur ses talons.

C'est en passant devant le petit miroir qui était accroché au fond du couloir qu'elle réalisa enfin comment sa mère, Emeline, l'avait coiffé.

Ses cheveux formaient une tresse en épis qui lui tombait sur l'épaule gauche.

Tout ira bien.

Emma respira un grand coup, ajusta une dernière fois ses vêtements et déboucha dans la cuisine.

Elle se dirigea immédiatement vers la porte du salon.
Une fois dans le salon, elle ouvrit la porte d'entrée.

L'air dehors lui rafraichit le visage.
Elle sentit alors une main se poser sur son épaule.

Sa mère.

Tout ira bien.

Emma pivota pour faire face à sa génitrice.

Elles se dévisagèrent quelques secondes.

Enfin, Emeline prit la parole.

"Tout ira bien, Emma.

-Non. lui répondit cette dernière.

-Si, mon coeur. Tu verras, ce sera différent cette fois.

-Les gens ne changent pas, maman.

-Si, cette fois ça ira."

Sa mère prononça ces derniers mots sur un ton suppliant, comme si elle essayait de s'en convaincre elle même.

-"Non, les gens ne changent pas. Regardes papa." reprit Emma.

Une larme perla au coin de l'œil droit d'Emeline. Elle dévala sa joue et finit par tomber sur le parquet.
Le silence s'installa dans la pièce.

Soudain, sa mère la prit dans ses bras.

"Oh ma chérie..." Murmura Emeline dans l'oreille d'Emma.

Après quelques minutes d'un ultime câlin, Emma se dégagea et attrapa son sac à dos dans un coin du salon.

Puis elle partit en fermant la porte, sans se retourner.

Emma devait faire de gros efforts pour ne pas repartir en courant vers sa maison.
L'air lui manquait en ce matin de septembre. Les rayons oranges du soleil levant balayaient la route devant elle.
Les trottoirs citadins étaient jonchés de vieux chewing-gum et de papiers sales.

Au pire on s'en fout ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant