Chapitre 32b : Ces fées qui sont miennes

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Deviendrais-je une reine à la hauteur des miens?
Suis-je capable d'accomplir ce que l'ancien roi, mon père n'a réussi à réaliser?

Depuis petite, entourée d'une famille aimante, je fais le même rêve chaque nuit.
J'avais un allié qui était comme ma seconde peau.
Je le chevauchais sur le champ de bataille jusqu'à ce que le tyran, l'ancien roi des démons, ne le tue grâce à sa magie noire.
Tombant dans le vide, je me retrouvais à chaque fois encerclée par les démons.
D'un bouclier fait de lumière dont l'intérieur était couvert de cordes elles-mêmes éclairées, de mon autre main, de cet instrument défensif qui me servait aussi à faire une douce mélodie d'harpe, le tyran mettait fin à ma vie.
C'est là que voyant les autres chevaucheurs, j'ai vu une femme qui me ressemblait énormément.
Était-on de la même famille? Je ne pourrai le dire avec certitude.
Je n'ai pas eu la chance d'entendre son nom avant que Tranche-destinée ne me fasse perdre la vie.
Tout ce que je retiens de cette histoire c'est cette fille qui criait en faisant tout son possible pour me sauver la vie.
Elle était accompagnée d'une fée de la tempête et je voyais son regard attristé quand je tombais dans l'inconscience.

Comme à chaque réveil, ce souvenir me donnait les larmes aux yeux.
En me réveillant, je retrouvais rapidement le sourire en voyant Furie, la fée de lumière qui me suivait depuis ma naissance.
Très peu décorée car je préférais garder nos richesses pour notre peuple, ma chambre était très banale.
Un grand lit à voiles, une table et deux chaises et un seul tableau étaient présents.
Lorsque ma gouvernante a ouvert les rideaux, je suis sortie de mon lit.
"Princesse Sera Elliya, le roi vous attend à la grande salle commune.
Je vous dépose vos vêtements sur le lit et ensuite je m'occuperai de faire du rangement une fois que vous serez sortie." M'a-t-elle dit.
Je lui avais déjà répété de ne pas m'appeler de la sorte mais rien n'y faisait, ma gouvernante souhaitait garder un écart entre son rang et le mien.
Ne cherchant pas à aller à l'encontre de sa demande, j'ai fini par accepter après un moment.
L'endroit où je devais me rendre se trouvait à l'extérieur de notre domaine principal, peu après le jardin royal de ma nation.
Bien que le soleil était présent, de là où nous nous trouvions à Elliya, il était difficile de l'apercevoir car nous étions sous l'océan.
D'un dôme fait de magie, nous autres humains, vivions en harmonie avec les anges sans que l'eau ne puisse nous engloutir.
Je me souviens encore des propos de mon père lorsqu'il m'a dit de faire attention aux aventuriers.
"Ils sont vulgaires et égocentriques, ce sont des barbres sans pitié d'un autre monde." Me répétait-il souvent.
Il y avait deux choses que je n'arrivais pas à comprendre.
La première, c'était pourquoi alors, est-ce que des aventuriers allaient venir chez nous aujourd'hui?
La seconde, comment se faisait-il que ma famille et moi étions si différents?
Je me suis toujours dit que j'avais été adoptée mais lorsque je leur demandais, ils changeaient à chaque fois de sujet.

Arrivant à la salle commune, j'ai remarqué des dizaines d'aventuriers qui discutaient entre eux.
Leur langage me semblait très différent du mien et j'avais du mal à les comprendre.
Comme me l'avait précisé mon père, lorsqu'ils se sont mis à me siffler, j'eus compris en quoi ils étaient des barbares ...
Tous avaient des armes plus dangereuses les unes que les autres et leurs regards malsains me rendaient mal à l'aise.
Sans y faire attention, j'ai pénétré à l'intérieur de là où je devais me rendre.
C'était une grande table blanche ornée de diverses dentelles de la même teinte, dans une longue pièce vitrée.
Mon père était assis au bout de la table et une chaise à côté de la sienne m'était destinée.
En m'y installant, sans compter notre plus fidèle général de guerre, il n'y avait que des aventuriers avec nous.
Contrairement aux autres, l'un était plus atypique.
Il avait des cheveux gris, des yeux rouges et sous son œil, il avait été tatoué de l'emblème de sa guilde.
Lorsque nous nous sommes échangés un regard lui et moi, son expression me fit froid dans le dos à m'en donner envie de vomir.
"N'y allons pas par quatre chemins. Dit-il en détournant le regard vers mon père pendant un instant.
Vous avez très certainement entendu parler de moi ...
Si je suis ici en ce jour, c'est pour demander la main de votre fille." Finit-il en soutenant cette fois-ci son regard vers moi, avec une expression de possession future en m'observant de haut en bas de ce qu'il pouvait voir de ma part, qui n'était pas cachée par la table.
Je me sentais très mal à l'aise et j'ai avalé ma salive en ouvrant en grand mes yeux.
"Je suis désolé messire Ernesto, mais la main de ma fille ne peut être négociée. Répondit mon père en posant sa main sur la mienne.
-Oh mais je ne vous demandais pas votre avis ..." Rétorqua-t-il en sifflant.

D'un côté, j'ai trouvé du réconfort dans les paroles du roi mais ne serait-ce qu'un bref instant plus tard, ma vie allait être chamboulée à tout jamais.
Sautant sur mon père, cet aventurier du nom d'Ernesto, mit ses mains autour du cou du roi.
Il était si rapide que notre général n'eut pas le temps de réagir.
Lorsqu'il l'a fait, les autres aventuriers autour de la table se sont levés à leur tour et ont pris leurs armes pour l'en empêcher.
Alors que j'ai souhaité défendre mon père, la force surhumaine de l'aventurier était si redoutable qu'au moment où il a lancé le roi sur moi, nous avons tous les deux été éjectés au travers de la baie vitrée.
Et à peine m'étais-je remise debout que de son poing passant au travers de son corps, mon père venait de perdre la vie de la part d'Ernesto.
Pendant la projection que l'aventurier avait effectuée, mon père a profité de ce léger laps de temps pour me donner une carte en carton.
Au moment où j'allais appeler Furie pour qu'elle me prête ses pouvoirs, ma gouvernante est venue autour de moi en me prenant dans ses bras.
"Il faut fuir princesse, l'avenir d'Elliya repose entre vos mains." M'a-t-elle dit en nous faisant disparaître grâce à ses pouvoirs.

Tombant à genoux, criant et pleurant toutes les larmes de mon corps, aux mains tremblantes, j'ai regardé ce qui était inscrit sur la carte qu'il m'avait donnée.
D'un côté, il y avait une illustration au pinceau de deux enfants tenus dans les bras de leur mère.
C'est là qu'en la retournant, ma vie venait de prendre un autre sens.
"Sera, ma fille adorée. Étaient des mots dont j'ai directement reconnu l'écriture de mon père.
Depuis toujours, tu as été ma fille et tu la seras toujours.
Si tu reçois cette carte, c'est que je n'ai pas réussi à t'avouer la vérité jusqu'à ma mort.
Cette peinture que tu as vue représente ta mère biologique et ta sœur jumelle.
Le nouveau roi des démons est un homme bon et a confié un deux des enfants, toi, aux anges pour qu'ils puissent t'élever.
Ta sœur, quant à elle, est restée auprès des démons pour y être élevée.
La raison de votre sépération est qu'à votre naissance, vous ne deviez être qu'une seule personne mais Estelle en a décidé autrement.
Vous êtes la réincarnation de tous les chevaucheurs de dragon et vous seules êtes capables de voir ce que les autres ne peuvent voir.
Afin de vous permettre de vivre heureuses et sans devoir vous obliger à prendre part à une possible future guerre, nous avons décidé de vous séparer à la naissance.
Peut-être m'en voudras-tu des choix que les anciens ont fait mais sache une chose, Sera.
Tu es et resteras à tout jamais la fille que j'ai aimée et qu'en tant que père, j'ai été heureux d'avoir élevée."


Perdue, triste, énervée, complexée, confuse et j'en passe, je passais par toutes les émotions que je pouvais avoir.
J'avais enfin eu des réponses à mes questions mais à quel prix?
Une chose était néamoins sûre, ces barbares de l'autre monde paieront les conséquences de leurs actes. 

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