Liens interdits : entre cœurs et amitié

54.

Mercredi 19 juillet 2023 - Paris

Je me tourne vers le danseur qui se gratte la nuque tout en me fixant. Son regard oscille entre gêne et désir, bien qu'il tente visiblement de dissimuler ce dernier.

— Quoi, tu n'aimes pas ? je le taquine, consciente de son malaise.

— Hein ? Euh... si, enfin je ne suis pas certain que ça m'ira, mais pourquoi pas, plaisante-t-il pour détendre l'atmosphère.

Je lui lance un regard et éclate une nouvelle fois de rire. C'est pour cela que je ne me sens pas gênée d'être avec lui ici, il prend tout à la légère et détend l'atmosphère instantanément. Je repère un autre ensemble de sous-vêtements noirs en dentelle, accompagné d'un collier noir relié à deux bracelets en dentelle. Je suppose que ce sont des sortes de menottes un peu plus douces. Je les regarde tous les deux et finis par me retourner vers Noah.

— Lequel ? je l'interroge en examinant les bouts de tissu.

— Pardon ? il déglutit difficilement, m'arrachant un sourire taquin.

Je suis consciente que je le provoque délibérément, ce qui me surprend moi-même. Il semble qu'il ne me laisse pas si indifférente que ça, après tout.

— Je te demande lequel tu préfères, pour moi, pas pour toi, je précise.

— Oh... Regarde-moi ça. Une après-midi et tu es déjà en train d'acheter des sous-vêtements sexy pour moi, répond-il avec un sourire.

Je secoue la tête. Il ne manque pas de confiance en lui, une qualité que j'apprécie particulièrement, même si je sais qu'il plaisante sur ce coup-là.

— Qui te dit que c'est pour toi ? je le taquine un peu tout en essayant de rester sérieuse.

Il semble comprendre mon petit manège. Un éclat de malice passe dans son regard et je sens qu'il ne va pas tarder à me sortir une réplique qui ne manquera pas de me surprendre. Il s'approche lentement de moi, me faisant reculer instinctivement.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? je murmure presque alors qu'il n'est plus qu'à quelques centimètres de mon corps.

Son parfum emplit mes narines, et ma respiration s'alourdit malgré moi. Je ne m'attendais pas à réagir autant à sa proximité, mais il est clair qu'il a un effet sur moi. Sinon, pourquoi mon cœur battrait-il aussi vite ?

— Si tu me demandes lequel des deux est le plus beau, je te dirais que les deux sont superbes, je n'ai pas vraiment de préférence. Mais si tu me demandes lequel des deux je préférerais t'enlever... je dirais le deux pièces, il murmure si près de mes lèvres que son haleine au parfum de café imprègne mes sens.

Un frisson me parcourt l'échine et je déglutis difficilement. Il sourit, content de m'avoir déstabilisé. Je cligne des yeux plusieurs fois surement, plusieurs pensées explicites me traversent l'esprit, mais je les repousse.

On a dit non, Swan !

Je tente de retrouver ma contenance et lui adresse un sourire, une façon polie de détourner la conversation. Je remets rapidement les deux tenues en place et quitte rapidement le rayon. Il vaut mieux partir avant que mon cerveau ne parte totalement en vrille.

Avant de quitter les lieux, je saisis l'occasion de prendre une photo avec mon nouvel ami qui souhaite, visiblement, être plus que mon ami, juste devant l'établissement. Je poste la photo sur Instagram avec une légende amusante.

Il ne faut que 15 minutes avant qu'Eden m'appelle pour me demander ce que je faisais là avec un mec. Bien sûr, je ris, car je m'attendais à cette réaction. Je lui explique simplement que je suis en visite et que Noah est mon guide touristique.

Ma réponse ne le rassure guère, mais je ne lui laisse pas vraiment la possibilité d'argumenter avant de raccrocher. Heureusement, il ne rappelle pas, je pense que lui aussi commence à comprendre que je n'ai pas besoin de lui, et que je peux faire mes propres choix. Pas en ce qui concerne Alec, mais...

Non, on a dit qu'on ne pensait plus à lui.

Je pense que la schizophrénie me guette, il n'est pas normal que j'entende la voix de June dans ma tête en permanence. Noah me guette d'un œil amusé alors que je range mon téléphone dans mon sac.

— Ils sont tous comme ça ? il me questionne avec un sourire aux lèvres.

— Tous ? À t'entendre, on dirait que j'ai des milliers de frères, je pouffe.

Les jumeaux sont déjà une charge suffisante, je ne peux même pas envisager d'en avoir d'autres comme eux. Ma vie aurait été un enfer sans nom, voire même pas une vie.

— Tu en as combien deux ou trois déjà ? il demande en me prenant la main pour me faire avancer.

— Deux, les jumeaux, Eden et Ezra, c'est déjà bien assez, je ricane.

— Et le type qui t'a appelé après le bar, ce n'était pas l'un d'eux ?

Je grimace au rappel de ce moment. Quelle honte il m'a foutue. On l'entendait gueuler à travers le téléphone. Noah s'aperçoit de mon malaise.

—Oh sujet sensible, désolé, je ne voulais pas me montrer indiscret, il s'excuse. Donc ce n'est pas ton frère ?

— Non Hadès, enfin Alec n'est pas mon frère, je réponds plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Je trouve ça absurde, mais je n'apprécie pas d'être confondu avec sa sœur. On ne couche pas avec sa sœur, on n'éprouve pas de désir pour sa sœur, et on ne ressent pas de jalousie envers sa sœur, sauf en cas de sérieux problème. Je me rends compte que mon ton a jeté un froid.

— Je... désolée, c'est juste que... laisse tomber. Alec, c'est le meilleur ami, du moins c'était jusqu'à il y a peu, le meilleur ami de mes frères, on a grandi ensemble, j'explique sans rentrer dans les détails.

Il hoche la tête, je vois bien qu'il se pose plusieurs questions, mais aucune ne franchit le seuil de ses lèvres et je lui en suis reconnaissante, je n'ai aucune envie de parler de cette histoire. Si je suis venue à Paris, c'est bien pour oublier tout ce merdier.

— On va manger ? C'est moi qui invite ? il retrouve son sourire séducteur.

Je chasse les pensées envahissantes concernant un certain brun et acquiesce avec enthousiasme. 

Alors mes chicas, que pensez-vous de Noah, pour le moment ? 

N'est-il pas adorable ?