Chapitre 33 : Lune rouge et soleil blanc

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Une fois arrivées à Ernistère, j'ai déployé plusieurs unités pour trouver un endroit où vivre pour les enfants de Jizu.
Maintenant qu'ils sont en sécurité, avec Sera, nous nous sommes rendues au château.

Mes citoyens étaient étonnés de la ressemblance qu'il y avait entre elle et moi.
Moi-même, je ne savais pas quelle était la raison mais une chose était certaine, avec Sera, c'est comme si mon monde fleurissait de l'intérieur.
À l'entrée principale une fois le trajet terminé, se trouvait la générale suprême.
"Je vois que vous vous êtes rencontrées. Nous a-t-elle dit.
-Où veux-tu en venir, É'Synthia? Ai-je répondu à l'elfe noire.
-Je pense qu'elle est mieux placée pour expliquer la situation que moi. Répondit la générale.
Vous devriez vous trouver un endroit où discuter toutes les deux." Finit-elle en retournant vaquer à ses occupations avec plusieurs gardes.
Dans l'incompréhension, j'ai tout de même demandé à Sera de me suivre.
Allant à l'endroit habituel où j'avais pour habitude de me détendre, marchant dans le vide, nous sommes montées jusqu'à nous rendre sur la plus haute tour du château.

Tout en haut, je sentais qu'on s'approchait de quelque chose de différent ce que j'avais l'habitude d'avoir.
En général, j'étais apaisée ou rassurée, pouvant faire s'échapper mes pleurs en toute circonstance, mais cette fois-ci, j'avais encore plus soif de connaissance, de savoir et de réponses.
"Plutôt que de t'expliquer une à une les choses, visitons ensemble le monde que nous avons oublié. Me dit Sera en me tendant la main lorsqu'on déposa les pieds sur la tour.
-Je devrais avoir peur mais je sais que tout va aller. Lui ai-je répondu en lui prenant la main.
Tu es certainement cette personne que j'ai cherchée toute ma vie sans savoir son existence."
Lentement, nos fées se sont mises à nous tourner autour.
Vinrent celle de la tempête et du soleil qui virevoltaient ensemble et s'ensuivirent celles de la lune et de la lumière.
Peu à peu, nous nous sommes mises à nous élever dans le ciel.
Je tremblais légèrement et j'ai remarqué qu'il en était de même pour elle.
"Tout va bien se passer, Andréalle." Rétorqua Sera pour couper le silence en cachant ses craintes.
Nous dépassant jusqu'à passer au travers des nuages, les esprits s'en sont allés sans qu'on ne puisse plus les voir.
Soudain, une immense force statique me prit lorsqu'un éclair pourfendit le ciel pour m'imprégner de son électricité.
Au même moment, malgré la lune, la lumière du soleil vint à son tour frapper sur celle qui m'accompagnait.
C'est là que de partout, sortant du sol, des bâtiments et de l'horizon, des esprits et fées par centaines sont venus nous rejoindre.
S'envolant jusqu'à traverser les nuages, une grande lumière blanche vint nous aveugler.

Lorsque j'ai eu la possibilité de voir à nouveau, j'étais couchée sur l'herbe.
Il faisait bon et l'ambiance était très agréable.
Nyrzhüls, dragons, Ornülfs et diverses autres créatures étaient présentes dans ce grand champ où je me trouvais.
Avec des esprits allant dans toutes les directions, d'autres personnes étaient présentes, sans compter Sera ou moi-même.
La lumière rouge de la lune se mélangeait à la blancheur d'un soleil blanc.
Au milieu de tous, se trouvait la Déesse Estelle.
"Je vous souhaite un bon retour dans mon jardin." Nous dit-elle.
Aux longs cheveux châtains, aux yeux noisettes, la Déesse de deux mètres avait des défenses de cerf sur la tête.
Dans une longue robe dont le bout était fait de flammes de toutes les couleurs, elle s'avança vers nous.
"Andréalle, Sera, vous devez avoir beaucoup de questions et nous avons très peu de temps. Expliqua Estelle.
Mais sachez que c'est un réel plaisir de pouvoir vous revoir toutes les deux, même si à l'époque, vous n'étiez qu'une seule personne."
À l'entente de ses mots, j'ai eu une sensation étrange au niveau de la poitrine et des larmes ont coulé de mes yeux et de ceux de celle qui me ressemblait énormément.
Sans tenir compte de la Déesse, deux dragons sont venus vers nous.
En prenant une forme plus humaine, l'un m'a fait penser à celui que j'avais chevauché dans un de mes rêves.
"Tu n'es pas encore prête à entendre toute la vérité, petit chat." M'expliqua cet homme dont involontairement, je me suis laissée tomber dans ses bras.
D'un côté, il me faisait penser à cette ombre qui me poursuivait depuis toutes ces années mais d'un autre, je ne souhaitais pas le lâcher ...
"Afin que vous ne soyiez jamais seules, j'ai divisé l'âme de Furie en deux pour qu'elle puisse vous suivre, qu'importe les aventures que vous serez prêtes à faire. Se reprit la Déesse.
La raison pour laquelle vous avez été séparées est très simple.
Si j'avais fait le choix que vous restiez une seule et même personne, peut-être que vous auriez regretté vos choix.
Vous qui avez mes pouvoirs, vous êtes capables de vous approprier mon essence vitale dans chaque être, brisant le lien qui m'unit à eux.
Grâce à ce lien, par exemple, les aventuriers sont capables de revenir d'entre les morts.
Mais pour accéder à un tel pouvoir, Sera, Andréalle, vous avez besoin d'unir vos forces.
Je ne peux vous en dire plus pour le moment mais lorsque vous retournerez dans le monde des vivants, je vous laisserai un cadeau pour que vous n'oubliiez pas votre séjour ici, dans mon jardin." Termina-t-elle, alors que rapidement, tout commença à s'assombrir.
Je ne voulais pas partir, je me sentais si bien ici mais je n'avais pas le choix ...
"Si tu as peur, si tu te sens seule ou perdue, d'une simple larme, d'un simple froid et je serai là, petit chat ..." Retorqua le dragon pour me rassurer.
Complètement dépassée par les évènements, j'ai serré les vêtements du dragon.
"Je t'aime ..." Lui ai-je murmuré avant que tout ne s'efface.

Tombant dans le vide, Sera et moi nous tenions la main.
Dans l'autre, quelque chose de très lourd s'y trouvait.
C'était une boule, légèrement plus grande que le creux de ma main.
On aurait pu penser à une pierre précieuse faite de noir aux lignes blanches mais elle ne m'y trompait pas.
Bien qu'elles étaient couchées sur son corps, deux oreilles étaient présentes.
Ses yeux fermés et son petit nez cachés sur la boule lisse me faisaient savoir que j'avais dans la main un animal.
C'était un Ornülf encore bébé.
Les plus grands pouvaient parfois faire un mètre et était d'un poids qui dépassait la force physique des humains.
Que ça soit la main de Sera et l'Ornülf, je les ai déposés contre mon cœur et elle en a fait de même.
C'est là que nous sommes arrivées sur le haut de la tour du château.
L'orage grondait et en-dessous de nous, mes yeux étaient capables de voir quelque chose que je n'avais jamais fait attention auparavant.
La Déesse Estelle avait octroyé à la naissance de l'Homme ses fées.
Bien que je pouvais voir les esprits, maintenant, je pouvais voir où se trouvaient ses esprits dans le corps de chaque être.
Pour Sera comme pour moi, les choses étaient différentes.
Lorsque nous regardions plus attentivement où les fées étaient, nos yeux devenaient d'un bleuté aussi profond que le ciel lorsque le soleil blanc lui offre sa lumière.
Toutes les deux, nous avions des centaines d'esprits qui nous tournaient autour mais notre fée, Furie, dont la moitié de l'âme se trouvait en chacune de nous, brillait de milles feux.

Si nous sommes capables d'utiliser les pouvoirs qui nous ont été conférés par la Déesse Estelle, le bien que nous devions réaliser, était-il d'empêcher ceux qui provoquaient le mal de le faire?
Malgré les réponses que nous avons eues, tant d'autres restaient en suspens.
Mais avec ma sœur, à mes côtés, nous étions capables de changer le monde.
C'est là que nous avons entendu un bâillement de la part de nos Ornülfs qui ont ouvert les yeux.
Avec un sourire mutuel, nous avons posé notre front sur celui de l'autre.
Je ne sais pas pourquoi je t'ai dit ces mots, toi l'ombre qui est à mes côtés, mais sache que je t'aime de tout mon cœur ...

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