Chapitre 2 : Retrouvailles

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  Il grandit trop vite, son grand-père s'en rend compte de jour en jour. Jacques est heureux que son petit fils puisse vivre en paix avec sa mère et sans danger. Mathieu leur aurait nuit ; il est bien là où il est, loin d'eux.
En rangeant les dinosaures que Paul a éparpillés dans toute la maison pour la laisser sous protection, Jacques tombe sur une photo.
Jacques Nevers : Dis moi, ton papa, il te manque ?
Paul : Oui. Mais il a été méchant avec ma maman, et il nous a laissés.
Jacques Nevers : C'est vrai. Mais c'est quand-même ton papa, tu l'aimes.
Paul : Oui, papi.
  Après s'être relevé, Jacques se dirige vers la salle de bains. Il se rafraîchit le visage. Quelqu'un claque la porte, il est surpris et se dirige immédiatement vers le hall d'entrée.
Marquand : Où est Alice ?
Jacques Nevers : Je n'y comprends plus rien. Je pensais qu'elle était restée avec vous !
Marquand : Après l'interrogatoire d'hier, on s'est quittés et depuis plus de nouvelles. Où est-ce qu'elle est ?!
Jacques Nevers : Doucement, doucement... Paul est à côté. Elle ne doit pas être bien loin, ma fille est quelqu'un de raisonnable. Prévenez moi quand vous avez des nouvelles.
Marquand : Vous aussi ?
Jacques Nevers : Bien entendu.

  Marquand rejoint sa voiture. Sa juge lui en aura fait voir de toutes les couleurs. Il appelle Noah pour lancer un avis de recherche et après seulement deux bip il raccroche. Alice s'approche de la voiture, elle semble absente. Il l'invite à aller boire un verre pour discuter.
Alice refuse, en revanche elle accepte de marcher avec Marquand, comme avant, sur les quais.
Marquand : Vous vouliez que je m'inquiète ? C'est fait. Maintenant dites moi ce qui vous est passé par la tête hier !
Alice : Calmez-vous ! J'étais à l'hôtel.
  Marquand est à deux doigts de s'enfuir. Seuls ses sentiments pour Alice le retiennent.
Marquand : Seule ?
  Alice semble étonnée de cette question.
Alice : Avec qui voulez-vous que je sois ?
  Marquand demeure muet, il regarde la Seine couler sous les ponts.
Alice : Lucie va bien ?
Marquand : Très bien, merci. On n'est pas là pour parler de ma fille, à ce que je sache ! Vous allez me parler un jour, ou tout est fini ?

Alice : Apparemment je suis trop attachée à un homme. On a partagé tellement de choses que...
Marquand : Un homme ? De quoi on parle, là ?
Alice : Oui, un homme. Le docteur que vous aimez tant m'a aidée à comprendre que j'aimais cet homme.   En ce moment je ne pense qu'à lui, et des souvenirs me reviennent.
Marquand : Je ne suis pas sûr de comprendre.
Alice : L'homme dont rêve mon fils.

  Un regard bleu azur se pose sur Alice. Son expression trahit sa pensée. Alice lui sourit puis se tourne complètement vers lui. Son regard change, elle est sérieuse. À son tour, Marquand le devient aussi.
Marquand : Pourquoi c'est toujours aussi compliqué ?
  Cette question sème le doute, personne n'ose y répondre. Après quelques pas, elle daigne lui avouer :
Alice : Même si je le voulais, je ne pourrais pas vivre sans toi.
Marquand : Et tu le veux ?
Alice : Absolument pas !
  Sur ces mots, ils s'enlacent, amoureux comme jamais. Pourtant, tout n'est pas réglé. Après leur escapade, Alice rentre chez elle. Victor est averti : Alice ne reviendra que le lendemain, elle a besoin de repos.
Jacques Nevers : J'avais bien dit à Marquand de ne pas s'inquiéter, tu n'as pas disparu !
  Dans un soupire, Alice sourit.
Alice : J'aurais aimé. Comment va Paul ?
Jacques Nevers : Suite à notre petite discussion de ce matin, je lui ai expliqué qu'il pouvait nous parler de Mathieu, à toi comme à moi. J'ai trouvé cette photo dans son bac à jouets.
  Il lui tend la photo. Alice la contemple, pleine de nostalgie. Sur cette image figurent trois têtes.
Alice, Paul et Mathieu. Derrière, on reconnaît l'ancien manège, et à droite, le marchand de glaces. Le dernier beau souvenir qu'ils aient vécu tous les trois.
Alice : Je vois... Comment est-ce qu'il a réagi ?
Jacques Nevers : Il semblait perdu, mais je l'ai consolé en lui disant que son parrain et sa maman seraient toujours là.
Alice : Tu as bien fait.
Jacques Nevers : En parlant de parrain, tu m'avais dit que tu m'expliquerais ce rêve étrange qu'a fait ton fils.
Alice : Papa...
Jacques Nevers : Tu n'y écharperas pas. Je t'écoute.
  Voyant qu'elle n'est pas décidée à parler, il clôt le débat en appuyant ses propos par des gestes de mise en garde.
Jacques Nevers : Tu fais ce que tu veux, c'est ta vie privée. Mais elle ne doit pas avoir de répercussions sur ton fils, il a déjà assez souffert comme ça !
Alice : Je sais, papa...
Jacques Nevers : Si tu veux mon avis, je pense que tu ne devrais pas t'engager dans une relation comme celle-ci.
Alice : Ce n'est pas une relation c'est...
Jacques Nevers : Fais comme tu veux, mais ne souffre pas et ne fais pas souffrir ton entourage. Regarde qui tu as auprès de toi et oublie le reste.
  Après avoir déposé une photo de Marquand devant les yeux embués d'Alice, il va se coucher.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant