Etreinte enflammée (romance militaire)

Prologue

Naëlle, Sofia (Bulgarie).

Mon plan était prêt.

Mon plan était foireux !

J'attends mon rendez-vous, impatiente d'en finir avec cette histoire. Cette ruelle est sombre, glaciale. Les poubelles puent. Tombouctou m'a fait miroiter un plan soi-disant infaillible.

Suis-je prête à entrer le "gang des clous" ?

Je n'en suis pas si sûre. Je soupire de lassitude. Deux années que je me prépare, que je brigue ma vengeance comme un sou neuf. Malheureusement, je n'y crois pas tous les jours à ce projet. Intégrer les services secrets, s'infiltrer dans la plus grande des mafias... La désolation s'empare souvent de moi.

Ces deux dernières années n'ont pas été concluantes. Mes notes s'en ressentent à ma sixième année de médecine. Je me décourage. Mes cernes sous mes yeux ont envahi mon visage.

Je n'arrive plus à faire face ? Bien sûr que si !

J'ai quelques atouts dans ma manche : des pilules magiques et quelques tuyaux des agents des Forces Spéciales que Tombouctou m'a donnés pour augmenter mon potentiel et tenir le coup. Dormir sur commande, avoir de l'énergie quand c'est primordial. Les dosages, ça me connaît. C'est d'ailleurs ma couverture : produire une poudreuse encore plus pure, encore plus chère.

C'est ma promesse !

J'ai sur moi un échantillon, mon passeport pour la Bulgarie, mon sésame pour intégrer la plus grosse mafia de ce pays, celle qui m'a mise à terre, ainsi que ma famille. Néanmoins pour faire médecine, il faut être plus que coriace, alors j'ai le droit de rêver, de penser que tout est permis. Je vais réussir.

Je dois réussir.

L'échec n'est pas une option.

Je rajuste mon bonnet sur ma tête. Je souffle dans mes doigts glacials protégés de laine. Ma respiration raccourcie par le stress n'est pas très efficace pour les réchauffer. Clairement, je ne suis pas assez couverte. Ma doudoune laisse passer le blizzard. Pas de bol, cette ruelle est vraiment dans le mauvais sens.

J'aurais dû mettre un collant sous mon jean !

Mais je ne devais pas attendre si longtemps.

Pourquoi me font-ils poireauter ?

Je regarde encore mon écran pour vérifier ma position GPS et le lieu de rendez-vous.

Je suis au bon endroit.

Je fulmine et me retiens de donner un coup de pied dans le container.

La seule nouvelle satisfaisante est que grâce à ce froid, l'odeur des poubelles n'est pas pestilentielle. À l'arrière de ce restaurant, ils ont une belle collection. Le dégoût s'est emparé de moi et me vrille les entrailles. Je commence à faire les cent pas pour me réchauffer. À tout cassé deux mètres à franchir pour aller d'un mur à l'autre et je fais demi-tour. Je lève les yeux vers le candélabre de la rue principale. Il est joliment ouvragé et me redonne de l'espoir dans cette obscurité de désolation.

Mon ventre se crispe un peu plus. Cette crampe me fait sursauter.

Vais-je réussir ?

Voilà que le doute me reprend.

Je dois les convaincre que je suis une chimiste hors pair. L'héroïne pure dans ma poche en en atteste mes compétences. Je passe un pacte avec le diable pour renaître. Tel le phoenix, je me relèverai de mes cendres... enfin j'y compte bien !