Hope

6 2 37
                                    

Mes mains étaient moites, ma respiration se coupa et mon coeur tambourinait contre ma cage thoracique à une vitesse hallucinante. Mes parents étaient tous les deux là, derrière cette porte, entrain de s'embrouiller comme pas possible, et moi je m'apprêtais à rentrer. Bien sûr fallait-il que mes voisins, les frères psychopathes, et leurs potes assistent à toute la scène. Je pris une profonde inspiration et fis tourner la poignée de ma porte d'entrée avant de l'ouvrir tout en restant dehors. Je tressaillis quand j'entendis mon père hurler des atrocités à ma mère avant qu'il ne tourne sa tête vers moi. J'étais toujours dans l'encadrement de la porte tout en priant intérieurement pour que mes voisins étaient rentrés chez eux. Mon père, qui faisait dans les 2m, me saisit violemment le bras et me tira à l'intérieur en criant :

-C'est maintenant que tu rentres salope !? Tu me casses les couilles Chelsey ! Je savais que ta mère aurait du avorter dès qu'elle est tombée enceinte de toi !

Puis il me gifla en plein visage, me faisant pivoter la tête dû à la force de sa frappe. J'avais les oreilles qui sifflaient et maintenant j'avais même mal au crâne. Mais ce qui me fit le plus mal n'était pas sa gifle, ni sa poigne ferme autour de mon bras, non, c'étaient ses mots. Mon propre père venait de me dire qu'il aurait préféré que je n'existe jamais. Et ça, c'était horrible. Je jetai un regard à ma mère qui elle était recouverte d'hématomes et de traces rouges, les larmes aux yeux et la lèvre inférieure tremblante. Je me tournai alors vers mon père et dis d'un ton monotone :

-Va-t'en.

J'ouvris la porte un peu plus que ce qu'elle n'était déjà et pointai mon doigt vers l'extérieur. Je répétai alors d'une voix tremblante :

-Va-t'en. Sors d'ici ! J'irai t'acheter des bières, de la vodka, tout ce que tu veux mais par pitié sors !

Suite à mes mots, il se mit à me crier des insultes de plus en plus violentes avant de me mettre un coup dans le ventre que je réussis plus au moins à bloquer. Ma respiration se coupa quand même et je me pliai de douleur. Puis il sortit en trombe me laissant seule avec ma mère. Je me redressai et pris une grande inspiration avant de me tourner vers la porte que mon père venait de franchir.

Ils étaient là. Tous. Ils avaient assisté à toute la scène. Absolument toute la scène. Je m'avançai vers la porte avant de m'incliner, les bras le long de mon corps et de leur dire de façon polie et calme :

-Je suis désolée que vous ayez eu à assister à ça. Ça ne se reproduira plus.

Puis je fermai la porte avec douceur avant de me tourner vers ma mère qui s'effondra sur le sol avant de fondre complètement en larmes. Je m'approchai doucement d'elle avant de poser ma main sur son dos et de le caresser doucement. Je la regardai en me mettant à croupi à côté d'elle avant de la prendre dans mes bras.

-C'est fini il est parti maman....

Elle se cramponna à moi comme si j'étais une bouée de sauvetage tout en hoquetant et en sanglotant. Je détestais la voir comme ça. J'étais l'enfant et pourtant j'étais celle qui rassurait sa mère et qui raisonnait son père. J'en avais marre de devoir m'occuper de mes parents. Ça ne devait pas être mon rôle à moi.

Je devais avoir 6 ans quand c'était arrivé la première fois. Je rentrais de l'école enfantine en pleurs parce que les autres enfants s'étaient moqués de mon teint et de mes cheveux. Ils m'avaient poussé sur le béton et je saignais des deux genoux. En rentrant, j'entendis mes parents se crier dessus. Je partis les rejoindre sans vraiment comprendre ce qui se passait quand je vis mon père frapper ma mère avec une violence qui m'était inconnue jusque là. C'était à ce moment là que mon père m'avais remarqué moi aussi. Il m'avait violemment saisi le bras tout en m'emmenant dans ma chambre en me hurlant de ne pas sortir. Depuis ce soir la, plus rien n'était comme avant. C'était le début de l'enfer. Mon père, qui était mon héros jusque là, était devenu mon cauchemar vivant. Ma mère, qui elle était mon ange gardien à mes yeux, m'abandonna du jour au lendemain, n'ayant plus assez de force pour nous protéger toutes les deux. Et c'est comme ça que le dernier endroit où je me sentais en sécurité, ma bulle de paix, éclata en mille morceaux. J'étais seule, complètement seule.

MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant