Tome 2 - True Love

Chapitre 10

— T'as besoin que maman te frotte le dos ? demanda Lorenzo en criant pratiquement dans l'appartement.

— Tu mets un pied dans ma salle de bain et je te pète les deux jambes, rétorqua Cassien sous le jet d'eau qui battait les parois de sa douche.

Ricanant, fier de sa blague, Lorenzo abandonna le couloir pour se jeter dans le canapé moelleux et allumer la télévision. Il zappa quelques minutes jusqu'à jeter son dévolu sur une série policière, puis fouilla dans les placards de son meilleur ami. Il dénicha un paquet de gâteaux et sauta pratiquement sur le sofa, bien au chaud.

[loup247] vient de poster une story privée

Par habitude, Lorenzo déverrouilla son smartphone et cliqua sur l'application. Une seconde plus tard et il apprenait comment se déroulait la soirée de son autre ami, visiblement emmitouflé dans son plaid favori, devant l'écran de sa télé qui renvoyait l'image d'un feu de cheminée, une tasse au chocolat dans la main et un bouquin ouvert en grand sur ses cuisses. Amusé par ce tableau si représentatif du jeune homme, Lorenzo répondit à sa story.

[LoBG1] : Mr a encore dépensé son argent dans un nouveau bouquin ! Où est-ce que tu trouves la place de TOUS les ranger ?

[loup247] : Il y a toujours de la place pour des livres 😎

Il appuya de nouveau sur la story et fronça le sourcils, curieux.

[LoBG1] : T'es chez toi ? Je croyais que tu passais ta soirée chez Aubin ?

— Nan mais j'hallucine ?! râla Cassien en lui arrachant la boîte de cookies des mains. Je te laisse cinq minutes tout seul et tu piques dans mes placards.

— Mais c'est bon ! protesta Lorenzon en volant un dernier biscuit.

Cassien lui tira la langue et rangea l'objet des méfaits avant de sortir une casserole d'un autre placard. Il alluma le gaz et se retourna vers son meilleur ami qui suivait tous ses moindres faits et gestes du regard.

— Si tu as faim, dis-le moi et je te fais à manger.

— Très bien, sourit ce dernier. J'ai faim alors !

Le rire du brun sembla détonner avec sa morosité de la journée. Le voir aussi détendu soulagea Lorenzo. Rien ne l'avait préparé à récupérer un homme sur les nerfs, prêts à se jeter au cou du premier quidam qui oserait lui manquer de respect. L'hôpital avait mis un temps monstre à les prendre en charge, notamment parce qu'il n'était pas en train de convulser sur le sol et de gémir de douleur. Résultat : une fracture au niveau du cinquième métacarpien et un plâtre sur une durée de quatre semaines. Un peu de rééducation surviendra ensuite, mais pour le moment, Cassien se voyait dépositaire d'un arrêt maladie. Ce qui ne semblait pas le moins du monde le déranger.

— Comment tu vas faire avec ta caserne ?

— J'en sais rien, répondit-il en haussant les épaules. Pour le moment, je vais profiter de mes semaines de congé, puis je verrais s'ils ne peuvent pas m'affecter à des travaux plus administratifs.

— T'es vraiment con de t'être explosé la main, quand même !

— Merci Lolita, je m'en doutais, râla-t-il pour la forme.

Lorenzo bondit du canapé, avala la distance à une vitesse affolante et lui frappa l'arrière du crâne.

— Putain, je vais te faire avaler ce surnom à la noix ! Je te jure, tu me donnes des envies de meurtre.

— Bienvenue au club, ricana Cassien.

Le rappel douloureux de ce qui aurait pu arriver s'il n'y avait pas eu de spectateurs calma les ardeurs de l'espagnol.

— T'as conscience que les mains d'un artiste sont son gagne-pain ?

— Je ne suis pas un artiste, marmonna Cassien en rougissant.

Si le grand brun paraissait inébranlable la majorité du temps, lui rappeler qu'il disposait d'un talent autre que sauver des vies lui provoquait toujours ces rougeurs, notamment parce qu'il ne se sentait pas légitime d'être appelé ainsi. Lorenzo avait vu ses dessins et, bien qu'il n'ait jamais été féru d'art, il savait reconnaître du bon travail quand il en voyait.

— Si tu le dis..., fanfaronna Lorenzo avant de se précipiter sur le canapé en entendant la sonnerie d'une notification Instagram.

[loup247] il y a 2 min

Il a annulé mais pas grave ! Je vais sûrement geeker ce soir :) D'ailleurs, on se rejoint sur Genshin tout à l'heure ?

Annulé ? Alors qu'il a passé l'après-midi à le harceler ? Son mec est vraiment bizarre, songea Lorenzo en tapotant rapidement une réponse, affalé sur le dossier du canapé. Il sursauta en réceptionnant la fessée de son ami et le fusilla du regard.

— Dégage de mon canapé. Tu vas l'abîmer.

— Roh la la, désolé papa. Je recommencerais pas, rétorqua-t-il en levant les yeux au ciel.

— Tu t'es trouvé quelqu'un ?

La question, sortie de nulle part, le prit au dépourvu. Il s'adossa contre le plan de travail, suivant Cassien qui touillait l'eau bouillante avant d'y mettre les pâtes.

— Non...

— T'es sûr ?

Le regard incisif de son ami lui arracha un rire.

— Oui pourquoi ? Je t'en aurais informé, sinon.

— Je sais pas, tu t'es précipité sur ton tel. Je me suis dit que c'était quelqu'un d'important, répondit Cassien en haussant les épaules.

— Ah ! C'est juste L...

Il se mordit la langue et ravala le prénom qui aurait dû franchir ses lèvres. La curiosité de Cassien se transforma en suspicion face à son soudain mutisme. Il le scanna des pieds à la tête et haussa si haut son sourcil qu'on aurait dit qu'il allait s'envoler. En soupirant, Lorenzo décida de bannir les tabous et d'en faire un sujet de banalité. Notamment parce qu'il détestait se censurer et que Cassien devrait comprendre qu'il partageait la vie de ces deux hommes, que ça lui plaise ou non.

— C'était Loup.

Le prénom eut l'effet escompté. Cassien se figea comme s'il venait de voir un fantôme, lâcha un "oh" sans émotion et se retourna mécanique pour fixer la vapeur qui s'élevait de la casserole.

— J'ai passé un bout d'après-midi avec lui.

— Ok, répondit-il laconiquement. Tu veux de la crème fraîche ? Ça te dit des lardons ?

— On va vraiment faire comme s'il n'existait pas ?

Cassien ouvrit le frigo un peu trop brutalement et rattrapa in extremis la bouteille de lait qui manqua de se répandre sur le sol. Il sortit ce dont il avait besoin et s'arma de courage pour chasser les émotions parasites qui le prenaient à la gorge.

— Lorenzo, tu vois qui tu veux. Je ne suis juste pas intéressé par sa vie ou ce que vous faites tous les deux. Lardons ou pas lardons ?

La manière dont il agitait la boîte en plastique démontrait son irritation à peine contenue. Lorenzo décida de rendre les armes. Ce n'était pas sa bataille. Il ne s'en mêlerait pas. Même si une petite voix lui soufflait l'injustice de cacher le retour de Cassien à son meilleur ami, il serait muet comme une carpe. Car le destin les réunirait sûrement tôt ou tard et qu'il devrait sûrement endiguer les dommages d'une telle rencontre.

Si seulement ils s'étaient parlés.

— Lardons.

— Très bien monsieur. Retourne devant la télé, je ne vais pas faire cramer la baraque.

— Ok bro.

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Une possible réconciliation semble impossible du côté de Cassien... à votre avis, que s'est-il passé avec Loup ?