ᴀꜱꜱᴜᴍé / ᴹⁱⁿˢᵘⁿᵍ /

ᴏɴᴇ

               J'étais affalé confortablement dans le canapé de Hyunjin à pianoter distraitement sur mon téléphone pendant que j'entendais mon hôte et mon meilleur ami, qui lui servait de petit copain, se taquiner dans la cuisine, la pièce adjacente au salon, uniquement séparées par un demi-mur plus ou moins esthétique.

Voilà quelques mois que les deux garçons vivaient le parfait amour, à s'aimer et à se voir constamment malgré les études de l'un et le travail de l'autre. De quoi me rendre bien trop jaloux.

Pourtant moi aussi j'avais un petit copain, que j'aimais intensément et ce depuis bien plus longtemps que les deux énergumènes qui me servaient d'amis.

Depuis cinq ans j'avais l'impression d'avoir gagné au loto. Je sortais avec Lee Minho. LE Lee Minho, cet homme si charismatique, cheveux argentés, mystérieux (pas tant que ça quand on le connaissait), de deux ans mon aîné et aussi beau qu'un idole. Sincèrement, je comprendrais que certains pensent que j'ai réalisé un braquage.

Moi, Han Jisung, le tout juste étudiant, un peu perdu dans la vie, un peu menu avec des joues disgracieuses et un caractère parfois agaçant, j'étais tombé amoureux de Minho, alors que j'étais encore au collège et que lui rentrait quelques semaines plus tard au lycée. Et ce dans un camping auquel j'avais été invité par mon meilleur ami, puis l'été suivant je sortais avec ce même garçon qui avait hanté mes pensées toute une année durant. Et depuis, rien ne pouvait le remplacer dans mon coeur.

Enfin, si Minho ou même mes amis m'entendaient parler ainsi, je me serais fait incendier. Car même si j'avais du mal à le croire parfois, Minho était réellement tombé amoureux de moi pour tout ce que je constituais et le plus paradoxale dans cette histoire était qu'il ne faisait que flatter mes joues menues qu'il passait son temps à pincer ou à embrasser et ne faisait que se réjouir de mon caractère impulsif et parfois envahissant, qui, selon lui, l'amusait plus que ne l'ennuyait.

La chose étant que je voulais croire tous ses compliments. Et à ses côtés, il me faisait sentir comme l'une des sept merveilles du monde mais une fois seul, ma confiance en moi tombait au plus bas et mes doutes s'installaient sur la légitimité du bonheur que je vivais.

Et au final, la vérité était que je me retrouvais bien plus souvent seul qu'accompagné de mon petit copain.

On dit souvent que les relations à distance, c'est dur, mais que si l'amour est réellement véritable, tout se passera bien. Et j'y croyais, enfin j'essayais... Mais Minho n'était pas du genre à montrer son amour à tout va, contrairement à moi. Alors même si je l'aimais et que je lui faisais confiance, je doutais aussi. Non pas de lui, mais de moi. Je n'avais pas confiance en moi car je ne semblais pas assez bien pour lui.

Ces pensées étaient particulièrement récurrentes au début de notre relation, puis Minho avait finalement réussi à me rassurer.

Mais depuis l'année dernière, les idées sombres étaient réapparues. Depuis le jour où Minho m'avait invité dans sa ville natale passer une semaine de vacances, et que j'avais été lamentablement chassé par ses parents. Homophobes.

Depuis, des non-dits subsistaient entre nous. Même cet été, pendant les deux mois que nous avions pû passer ensemble, je n'avais pas osé parler des parents du plus vieux et lui non plus n'avait pas abordé le sujet, mis à part sur le ton de la rigolade lors d'une soirée riche en potins.

Enfin voilà. Les parents de Minho n'acceptaient pas notre relation malgré la durabilité de celle-ci et plus le temps passait plus j'avais l'impression que cela pesait sur mon petit copain. Alors je ne savais pas si ce n'était que moi qui me faisait des films... Mais... N'était-il pas en train de mettre de la distance entre nous ?