Forgotten Memory

XLI

Faith

"Cher Journal,

Aujourd'hui, je réalise avec amertume que le mensonge est la pire forme de trahison. C'est comme si chaque faux mot avait planté une épée dans mon cœur, brisant la confiance et laissant derrière elle une douleur indélébile. Comment peut-on prétendre vouloir aider tout en cachant la vérité ? Je suis confrontée à cette dure réalité, mais je choisis d'abandonner la croyance en la force de la vérité et en la possibilité de guérison."

Une journée de plus s'achève.

Assise devant mon piano, la tête posée dans mes bras croisés sur celui ci, mon esprit s'égare dans un océan de pensées. Les notes, de temps en temps, s'échappent, leur timbre cristallin résonnant dans l'atmosphère de ma chambre. L'odeur envoûtante de cannelle, portée par la douce lueur d'une bougie, embaume délicieusement l'espace, enveloppant mes sens d'une chaleur réconfortante.

Au lycée, une nouvelle dynamique s'est instaurée depuis le début de la semaine. Ariana est devenue ma compagne constante, partageant chaque instant de mes pauses, matin, midi et soir. Sa présence, bien que rassurante, suscite en moi un vrai malaise. Nos échanges se réduisent à un horizon restreint, se limitant aux banalités de la vie scolaire et aux murmures concernant "Monsieur Johnson". Une sensation étrange m'étreint, comme si ses mots étaient soigneusement choisis, orchestrés par une force invisible. Les messages insistants d'Alban ne font qu'accentuer mon malaise, semant le doute dans mon esprit déjà tourmenté.

"Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?"

"Elle t'a vraiment tout dit?"

"Evite la au maximum."

"Arrête d'ignorer mes messages, Faith."

"Ne lui parle plus."

"Vous ne parlez que de moi ?"

"Réponds."

"Ne me dis pas que t'es assez idiote pour ne pas voir qu'elle te manipule."

"Par pitié, Faith."

"Je n'arrêterai pas."

"On doit se parler."

"J'ai besoin de te voir."

Mes paupières se ferment brièvement, avant que la réalité ne me rappelle à l'ordre. Je devrais prendre une douche, peut-être manger quelque chose. Un frisson parcourt mon échine alors que je me lève pour trouver un pyjama dans mon armoire, mais avant même d'atteindre la porte, le bruit familier de mon téléphone me fige sur place.

Alban. Son nom s'affiche. Mon cœur s'emballe, tandis que mes doigts hésitants glissent sur l'écran pour accepter l'appel. Le souffle court, je reste muette, laissant sa voix envahir l'espace entre nous.

— Faith ? Tu m'as enfin répondu.

Je reste silencieuse, tiraillée entre l'envie de fuir et la nécessité d'entendre ses mots.

— Ne raccroche pas, s'il te plaît, implore-t-il. J'ai besoin de te parler.

...

— Tu sais aussi bien que moi que je n'ai plus personne, plus personne du tout, poursuit-il d'une voix empreinte de désarroi.

Je le sais.

— Plus personne à part toi, Faith.

Les mots résonnent en moi, troublant l'équilibre fragile de mes émotions.

Moi non plus, je n'ai personne d'autre que toi, Alban.

— Tu me manques déjà, murmure-t-il, comme une confession arrachée à son âme.