Chapitre 23 suite et fin

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Je hochais simplement la tête, j'étais bonne pour une dose d'anti-douleur pour la suite. Il lança un simple regard à Silent Boy qui fit un pas vers moi. Instinctivement, je reculais, le regard chargé de colère, ce qui le blessa.

— Je pense qu'une discussion s'impose entre vous deux sur nos codes, commenta Atlas assez amusé, mais si vous pouvez la remettre à plus tard, ça m'arrangerait. En attendant, Frenchie, c'est Phénix qui te montera là-haut.

Je soufflais résignée. Il me souleva pour me porter.

— Serre tes jambes autour de moi, me demanda-t-il au creux de l'oreille alors que j'avais l'impression de devoir m'accrocher à lui comme un koala sur le ventre de sa mère. J'étais certaine d'être devenue rouge tomate de cette proximité affichée avec lui.

Me tenant d'une main sous les fesses, il commença son ascension en me jetant quelques regards, je le sentais tendu et moi j'étais à nouveau ailleurs, son parfum qui m'avait manqué ne m'aidait absolument pas.

— Tu m'en veux à ce point ? me demanda-t-il à mi-chemin.

— Oui, non et je ne sais pas.

Je soufflais consciente de le froisser, mais j'étais pommée de mon côté, il fallait qu'il le comprenne.

Il arriva en haut de la structure sans un mot de plus. Se tenant fermement sur ses appuis et lâchant la structure de ses deux mains, il me souleva par les cuisses pour me faire glisser vers le tube. La position était ultra dangereuse à plus de trois mètres de hauteur, mais j'avais confiance en lui. J'avais maintenant le visage à la hauteur du sien et il en profita pour me remettre les cheveux derrière mon oreille.

— Je suis désolée Mél, me dit-il simplement.

Pourquoi j'avais les lèvres qui brûlaient ? Pourquoi j'avais encore envie de les sentir contre les siennes ? D'avoir un vrai baiser avec lui.

— Je préfère quand tu m'appelles Méli, répondis-je en rougissant à nouveau.

Une nouvelle lueur brilla dans son regard et il m'adressa un grand sourire. Je détournais vite le regard vers le tube. Dyclan. Ma priorité était Dyclan.

Sans un autre mot il m'aida à me glisser dans le tube où je rampais à l'aide de mon seul coude valide. Finalement après ce qui me sembla des heures à ramper, je trouvais le petit dans une bulle entre deux conduits.

— Petit Chef, l'interpellais-je alors qu'il était dans un coin, se couvrant la tête et les oreilles. C'est une sacrée cachette que tu as trouvée là, je peux venir ?

Il ne dit rien et commença à se balancer d'avant en arrière. Je pris ça pour une invitation.

— En tout cas, tu es super fort pour arriver jusqu'ici, je n'y suis pas arrivée seule.

Bon je savais qu'il n'allait pas me répondre, mais ma présence ne semblait pas le contrarier, autant pousser un peu. Je lui caressais doucement une main en m'approchant, se laissant faire, je réussis à le prendre dans mes bras, bien que je fusse tordue dans tous les sens pour pouvoir rentrer dans cet espace clos.

Il finit par lâcher sa position pour se blottir dans mes bras. Je tenais la posture autant de temps que je le pus, autant de temps qu'il en eut besoin et quand je le sentis se détendre, je lui demandais s'il voulait bien qu'on descende. Sa réponse fut immédiate. Un non ferme.

— Tu sais, personne n'est fâché. Dyclan me regarda étonné. Le petit garçon n'a pas vraiment eu mal, c'était de la comédie.

Ah tiens j'avais réussi à éveiller la colère de Petit Chef, ça je ne l'avais pas vu venir, il m'échappa pour s'enfuir dans un tuyau.

— Dyclan attend-moi, l'appelais-je en vain.

Le suivant, je le vis disparaître dans un toboggan.

— Attrapez-le, criais-je à qui aurait bien pu m'entendre.

Annie fut la plus rapide, mais Dyclan ne se laissa pas faire, tant et si bien que quand je sortis à mon tour du toboggan, je découvris Annie avec du sang au nez et Atlas tenait fermement son fils en subissant ses coups. C'en était assez, je vis rouge. Je me rapprochais d'un pas vif de Dyclan et profitais que son père le tienne pour lui saisir les épaules et le forçais à me regarder en me mettant à son niveau.

— Ça suffit Dyclan ! Il rua en me donnant un coup. Tu veux ressembler au monstre qui s'en est pris à ta mère ?

Ma question le choqua et l'immobilisa immédiatement alors que j'entendis des hoquets d'exclamation et mon nom prononcé sur un ton menaçant. Sans me préoccuper des autres, je poursuivis certaine d'avoir l'attention du petit.

— Il y a d'autres moyens d'exprimer ta colère Dyclan, repris-je plus doucement mais avec fermeté. Chacun de tes cris, chacun de tes coups aux personnes qui t'aiment te rapproche de ce monstre. Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais quand tu agis comme ça, tu blesses le cœur de ton père, de ta famille, avec autant de violence et de force que les poings d'un adulte sur le visage des gens, mais ce n'est pas toi.

Il me regardait les larmes aux yeux et les vannes s'ouvrirent quand il regarda le visage de sa tante. Son père le consolait, en m'adressant un regard meurtrier.

— La différence avec ce monstre c'est que tu as le pouvoir de tous les guérir. Avec des excuses, avec de la tendresse et beaucoup d'amour, tu peux réparer tous les dégâts comme si rien ne s'était passé. Tu as ce pouvoir en toi.

Il pleurait à grandes eaux se cramponnant au t-shirt de son père.

— Par...Pardon, entendit-on entre deux reniflements.

Ça y est ! Pour la première fois, je découvris sa voix ! C'était faible, hésitant, on aurait dit un croassement, mais il avait parlé. Le visage d'Atlas s'émerveilla à ce son et j'étais certaine que lui aussi versa deux larmes en fondant dans les bras de son fils. J'entendais Annie pleurer ouvertement.

— C'est rien mon fils.

Après une dernière caresse sur le bras de Dyclan, je me relevais, les abandonnant à leur étreinte dans cet instant de complicité paternel. J'étais sale, pas à ma place avec eux. Je fus rattrapée à mi-chemin de la voiture par Psycho.

— Arrête de faire la gueule, me lança-t-il dépité, il parle maintenant.

— Je l'ai comparé au type qui a tué sa mère, m'a tabassé et violé, Psycho. Il n'a que quatre ans... Mon père doit se retourner dans sa tombe.

— Laisse-nous Blade, ordonna Silent Boy qui nous avait rejoint sans que je le remarque alors que j'essuyais une larme sur mon visage.

Je fuyais son regard. J'en avais marre qu'il me voit toujours en train de pleurer. Qu'il me réconforte. J'en avais besoin mais je ne me supportais plus d'être dépendante de lui et de toutes mes contradictions.

— Je voudrais aller ailleurs, c'est possible ? demandais-je alors qu'il me fixait sans rien dire.

— Où ? me répondit-il simplement.

— Wilson Street.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant