Les 19èmes Hunger Games

[ Chapitre 12 ] Nuit

Le soleil se coucha. Depuis la fenêtre de son immeuble, Fred pouvait voir la Corne d'abondance et le feu ardent de Florence. Il venait de repenser à Clémentine et, s'étant convaincu qu'elle était morte, à comment il n'avait pu la protéger. Sa famille doit être plus qu'en colère. Mais bon, qu'est‑ce que je pouvais faire, en vrai ? Je lui ai dit de se barrer, pourtant... se dit‑il vaguement, en repensant à la fin du décompte où il avait fait un geste à Clémentine pour lui dire de s'enfuir. Il pourront pas m'en vouloir parce que leur fille a pas suivi mon conseil...

Alors que Fred s'apprêtait à se coucher, un cri strident s'éleva de l'île. Il accourut à la fenêtre d'où il vit Luc et Vanessa, chacun tenant une bûche enflammée au‑dessus d'une Florence dont les vêtements commençaient à prendre feu. Elle tentait désespérément de se rapprocher du lac, mais à chacun de ses pas, les tributs du 1 la renvoyaient au sol avec leurs bâtons flambants, leurs rires sadiques retentissant dans l'arène plongée dans la froide obscurité, seulement éclairée par Florence qui se transformait petit à petit en torche vivante. Ses cris se mêlaient aux rires de Luc et Vanessa, et Fred ne put qu'être dégoûté de leurs actions. Mais c'est pas surprenant, remarqua‑t‑il en repensant à la violence pour laquelle les tributs de carrière étaient généralement connus. La masse qui fut autrefois la tribut du 9 s'écroula alors par terre, les cris s'estompant lentement, alors que le brasier ne faisait que croître. Luc et Vanessa s'écartèrent pour observer leur victime cramer, discutant d'un air satisfait. Le feu dura longtemps, et Fred pensa tristement à la tribut du 9 qui devait bien avoir la pire mort de l'histoire des Jeux. Ils doivent payer, décida‑t‑il en regardant les flammes lentement disparaître, ne laissant qu'un cadavre carbonisé et impossible à reconnaître. Luc et Vanessa, je dois les faire payer pour tout ce qu'ils ont fait à l'entraînement, et ce qu'ils feront pendant les Jeux. Car Fred avait le pressentiment que les deux tributs du 1 continueraient leur effroyable massacre si personne n'intervenait.

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« Je dirais que c'était... divertissant. Seulement, je n'avais pas pensé au fait que la fille crierait autant, commenta Indigo comme s'il critiquait un livre dont il aurait surestimé la qualité. Mais enfin, c'est normal venant d'une personne comme elle, je suppose... »

Lori lui adressa un regard sceptique en s'asseyant dans l'herbe à côté de lui ; le fait qu'il commentait une mort aussi violente avec tant de légèreté la perturbait. Avait‑il toujours été comme cela ? Même quand on regardait les Jeux dans le 4, il riait pas de la mort comme il le fait là... Je crois.

Ils continuèrent à regarder leur filet de pêche sans vraiment discuter, quand les portraits des tributs morts apparurent dans le ciel. Livia du 3, Jeanne du 6, Antonio du 7, Trixie et Ludovic du 8, Mathieu et Florence du 9, Clémentine du 11, et Lune du 12 avaient perdu la vie en ce premier jour des Hunger Games. Lori comprit qu'il ne restait plus que trois tributs dans le groupe de Trixie, même si elle n'était pas particulièrement émue de constater la mort de la plupart des membres. Elle se tourna vers Indigo qui contemplait le ciel, aussi sans émotions, comme s'il n'avait pas mené à la mort trois de ses amis. Non ; s'il les avait tués, il ne devait certainement pas les considérer comme de vrais amis. Je suis sûre qu'il leur a parlé juste pour faire passer le temps et déstresser en vue des Jeux, devina Lori avec un soupir.

« Tu sais, commença‑t‑elle, j'aime pas que tu sois devenu aussi malhonnête. T'as vraiment changé depuis la dernière fois qu'on s'est vraiment parlé dans le 4, il y a deux ans.

— Pourtant, j'ai toujours été comme cela... répondit Indigo sans détacher les yeux des portraits dans le ciel, avant de se reprendre soudainement en regardant Lori en face. Enfin, je n'ai jamais été malhonnête avec toi... évidemment... haha... »