Chapitre 17 - Damien

252 27 1
                                    

Après cette escapade au bar, je raccompagne les filles chez elle avec mes colocataires alors que Romain bifurque vers sa résidence universitaire.

— Je n'ai pas pu voir ta prestation, alors j'espère qu'elle a été filmée. J'aimerais vraiment voir ce que tu donnes au milieu de toutes ses nanas.

— Je rends très bien !

— J'en doute pas ! Tu as dû faire des envieux ce soir.

— Sûrement ! Je sais me tenir en tout cas. Et puis ce n'est pas trop ma came.

— Je sais bien. Est-ce que tu dirais de même au sein d'un groupe de mecs ?

— Tu veux dire, si j'étais à ta place dans les vestiaires de l'équipe de basket ?

— Par exemple !

— Alors je ne répondrais plus de rien, se marre-t-il.

Je rattrape le groupe qui a pris de l'avance. À hauteur de Victoria, je la prends par la main, naturellement, et poursuit ainsi durant la centaine de mètres qui nous sépare de son bâtiment. En bas des portes, je zieute autour de moi. L'attention est encore trop focalisée sur nous pour que je me laisse aller.

— Y'a même pas un petit bisou en partant, proteste John.

Je le fusille du regard. Celui-là me le paiera. Des rires se déclenchent sur les bouches de mes amis et j'ai d'un coup l'impression de revenir en arrière. On se moque de moi, on m'épie. Je me renferme dans une carapace, les yeux dans le vide. Victoria, agrippe ma main plus fermement et cherche mon regard, en vain.

— Damien ?

Je ne réponds pas. L'ai-je seulement entendu ? Des têtes sans visage se dessinent devant mes paupières, avec seulement des sourires démoniaques qui animent leur visage. Des doigts qui me pointent alors que je ramasse mes affaires étalées au sol après qu'on m'ait bousculé. Je m'imagine m'arrachant les oreilles pour fuir le son glauque s'échappant de leur bouche. Je visualise le sang, de mes tympans percés, couler le long de mes paumes.

— Damien ? Incite Victoria.

Mes épaules sont secouées par les gestes inquiets de ma copine. Ma vision se stabilise pour rencontrer des iris verts auxquels me raccrocher. Un sourire timide se dessine sur le visage de ma blonde.

— Salut, entends-je Mady dire aux garçons ? Salut, Damien.

Elle m'adresse un signe de la main.

— Je te rejoins, lui précise Victoria qui embrasse à son tour mes colocataires avant de revenir me saisir les mains.

Elle s'approche tendrement et me dépose un baiser langoureux. Mes lèvres répondent à la chaleur des siennes. Je suis revenu dans le présent.

Je verrouille la porte d'entrée derrière moi et rejoins mes amis déjà affalés sur le canapé. Ils n'ont pas perdu de temps !

— Les gars, vous pourriez me laisser un peu de place !

— J'ai toujours dit qu'il manquait un fauteuil. Un jour, va falloir remédier à ça. En attendant...

— Dernier arrivé, dernier servi comme on dit, termine Adrien.

— Ouais, enfin on dit surtout l'inverse.

Le ton moqueur de ma répartie ne le freine absolument pas quand il rétorque de nouveau.

— Le résultat est le même alors on s'en fout !

Je grince des dents, un demi-sourire imprimé au visage. De toute façon, j'ai une mission bien plus importante à accomplir que récupérer un bout de canapé : me mettre un truc sous la dent. Je pars à la conquête du frigo, qui, malheureusement, ne répond pas à mes attentes. Que des restes trop vieux qui n'attendent qu'à être jeté.

Learn to trustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant