2015, octobre, mardi 20, 13h22.
— Puisque je te dis que je n'ai jamais vu cette arme de ma vie !
— Je sais Shams ! cria l'enquêteur dans toute la pièce. Mais je suis obligé de t'interroger alors tu la fermes !
Je soufflai dans mon café encore bouillant en sursautant à chaque fois que Jun haussai le ton pendant que Stone se tournait les pouces sur une chaise voisine à la mienne. Nous étions tous les quatre rassemblés dans le bureau de Shams, au deuxième étage du second bâtiment. Jun frappait frénétiquement le sol avec son pied depuis quelques minutes, se retenant sûrement de frapper le roux de ses deux mains au vu de leur caractère respectif et de la situation quelque peu mouvementée.
Je regardai le revolver qui était posé sur le bureau, entouré d'un tissu de grand-mère blanchâtre. Alors que sa couleur de base était déjà noire, le sang qui y avait séchée ne pouvait qu'approfondir sa noirceur. Shams l'avait trouvé dans un tiroir de son bureau, il y a à peine vingt minutes. Stone nous avait indiqué qu'il s'agissait du même modèle d'arme que celle retrouvée dans la chambre d'Alastor Brown. Les deux armes appartenaient sûrement à la même personne, au même criminel ; et peut-être à Shams. Je me levai vers Jun, à deux doigt de renverser ma tasse tant mon équilibre était mauvais.
— On sait tous que ce n'est pas lui, laisse le.
Hulk baissa son buste, au point d'être plié en deux, simplement pour me regarder droit dans les yeux. Sa bouche s'ouvrit en grand pour m'envoyer son haleine directement dans les narines, geste qui me fit froncer les sourcils et abaisser mes lèvres.
— C'est moi qui donne les ordres ici, gamin. Et jusqu'à preuve du contraire, il est suspect. Alors soit tu t'étouffes avec ton café soit je te fous en prison avec lui.
Il continua à me dévisager, un air de supériorité collé au visage. Il n'en loupe pas une pour m'engueuler. Le siège de Stone recula pour la laisser s'élever à son habituelle hauteur. Elle se rapprocha de Jun, sans pour autant le laisser rentrer dans son espace personnel. Ils se fixèrent un instant, obligeant mes yeux à les regarder à tour de rôle.
— De nous tous tu es bien le plus suspect, souffla Stone en s'adressant à Jun. Personnellement je n'arrive pas à comprendre pourquoi le coupable a utilisé des armes à feu sans lancer la moindre balle, je veux dire, s'il avait utilisé un couteau notre champ de suspect aurait été bien plus large. Ce n'est pas tout le monde qui possède une telle arme en deux exemplaire, n'est-ce pas monsieur l'enquêteur ?
— Merci de ta remarque, je n'y avais pas pensé. C'est sûr qu'une experte en balistique pourrait facilement s'en procurer, n'est-ce pas ?
Shams pouffa de rire sous les regards noirs des deux comédiens. Il est vrai que leur numéro n'avait aucun sens, sans savoir pour Stone, je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi Jun s'éternisait à faire semblant. On aurait dit qu'il aimait ne rien lui dire en face, alors qu'il se plaignait toujours derrière son dos. C'était une vraie relation de chien et chat.
Ce dernier souffla avant de s'adosser contre le mur. Il fixa Shams, puis moi, et enfin Stone. Ses lèvres frétillèrent, s'ouvrirent puis se refermèrent sans laisser passer de son. On aurait dit qu'il avait tellement à dire qu'il ne savait pas par où commencer.
— Shams, je ne pense pas que tu sois coupable. Tu t'es déjà fait assommer et maintenant cette arme, je pense plutôt que l'auteur de ces crimes à quelque chose contre toi, et ça je ne peux pas l'écarter. Alors, hm... songea-t-il en dévisageant le roux, ma question est un peu, idiote ?
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Les Précepteurs du Я - Âmes Sentinelles (Tome I)
Mystère / ThrillerAzur n'avait jamais été aussi belle. C'était dans son esprit qu'elle se matérialisait le mieux, au point d'en perdre la tête, de sombrer dans la folie. Depuis qu'elle était partit, depuis qu'elle l'avait laissé seul dans cet hôpital, il n'avait cess...