Chapitre VI - trésors d'Atlas

1 1 0
                                    


2015, octobre, mardi 20, 16h42.


     Je marchai lentement dans le couloir pour une fois silencieux du deuxième étage, chaque pas m'amenant un peu plus près de la chambre, ou plutôt du patient, que je cherchais. Les numéros des portes défilaient un à un, jusqu'à ce que je m'arrête enfin devant la 769. L'angoisse montait. Si je ne le trouvais pas ici, je ne savais plus où aller ensuite.

     Je poussai la porte sans prendre la peine de frapper, l'obscurité totale m'envahissant instantanément. Alors que je m'apprêtais à allumer la lumière, une force soudaine me saisit les bras, les tordant derrière moi avec une telle violence que je n'eus d'autre choix que de rabattre mes genoux au sol. Ma joue heurta durement le carrelage froid, immobilisé dans une position inconfortable, une douleur lancinante m'envahissant.

     — Mais lâchez-moi bon sang !

     — Docteur ?!

     Ses mains relâchèrent leur prise, et il alluma la lumière, s'accroupissant près de ma tête alors que je m'étais étalé au sol, de tout mon long. Je regardai ses yeux verts qui me dévisageaient tandis que ses cheveux se balançaient au rythme du vent. Je m'assis en tailleur et sans réfléchir à mon geste par excès d'agacement, je lui tirai la joue.

     — Aïe aïe aïe, se plaignit-il en tentant d'ôter mes doigts de sa joue, arrêtez ça fait mal !

     — C'est une manière d'accueillir les médecins ça ?! On est pas dans un cirque Atlas, arrête de faire l'âne !

     — Vous m'avez comparé à un animal là ?! cria-t-il en rapprochant son visage du mien, mes doigts glissant de l'emprise qu'ils entreprenaient. Quelle inhumanité de votre part !

     Je soufflai en me redressant, un léger frisson parcourant ma peau malgré les vêtements qui la couvraient. J'en fermai la fenêtre. Atlas s'assit sur son lit, les genoux repliés contre sa poitrine, enroulant ses bras autour d'eux comme pour se protéger. Il scruta la pièce du regard, ses yeux cherchant chaque recoin, chaque détail qui pourrait trahir quelque chose qu'il aurait laissé derrière lui par manque de précaution. Puis, en observant son bureau, il eut un sursaut. Ce dernier était en mauvais état, éraflé ici et là, couvert de taches marrons, et sans chaise. Celle-ci, ou ce qu'il en restait, logeait dans le coin de la chambre, brisée, comme si elle avait été jetée là dans un accès de colère. Je ne suis pas le seul à me faire jeter par terre... Je me replaçai en face d'Atlas.

     — Dis moi tout ce que tu sais sur Jeannette Leman, le Docteure Mori et le Docteur Price.

     — Vos trois suspects numéro un ?! Je ne donne pas d'informations gratuitement vous savez...

     — Je le sais... soufflai-je en m'asseyant à ses côtés, qu'est-ce que tu veux ?

     — Cinq tablettes au chocolat, s'écria-t-il en levant les deux bras au ciel, ne soyez pas radin Docteur !

     Il se leva d'un mouvement brusque, me frôlant d'une main avant de s'agenouiller pour chercher quelque chose sous son lit. Après quelques instants, il fit glisser une vieille mallette jusqu'au centre de la chambre et l'ouvrit avec soin. À l'intérieur, un tas de paperasses fragiles, comme des dossiers d'archives, menaçaient de s'envoler à tout moment. "Tenez, le Docteure Mori est juste ici ! Je l'ai complété ce matin", dit-il en me tendant un des documents.

     Il m'avait donné une pochette blanche, où le nom « Saku Mori » était écrit en majuscules noires sur la couverture. J'ouvre le livret et fus surpris par son apparence. À l'intérieur, il y avait des tableaux, des titres, des sous-titres, des schémas et des pavés de texte encadrés à la règle, comme si c'était un document officiel, structuré et méticuleusement organisé.

Les Précepteurs du Я - Âmes sentinelles (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant