2015, octobre, mardi 20, 18h03.
Alors que je tournai la tête vers l'appel qu'on m'avait adressé, je vis un rouquin accompagné d'un asiatique aigri. Ces deux grandes perches me donnaient l'impression d'être à la merci d'un clan mafieux de je ne savais quel pays, et si je ne les avais pas connu ils m'auraient fait froid dans le dos.
Le premier avait une peau étrangement mâte, mais le roux de ses boucles et le brun de ses yeux contrastaient parfaitement avec ses tâches de rousseurs rosées. Un tatouage indescriptible décorait son cou et descendait jusque sur son épaule, celle-ci actuellement découverte en raison de son débardeur. Le second était vêtu d'un complet blanc et puait l'odeur du mâle dominant. Cependant, son écharpe rose et ses gants accordés décrédibilisaient faussement son aura. Ses cheveux noirs qui ondulaient sur ses épaules me faisaient penser à ceux d'une princesse maléfique. Il avait les mains dans les poches de son pantalon et me jugeait de ses deux yeux en attendant que je leur réponde.
— Vous faîtes flipper, crachai-je en un rire admiratif.
Ils se regardèrent entre eux, se jugeant l'un et l'autre à tour de rôle. Jun souffla comme pour passer à une idée nouvelle, il s'assit en face de moi, à la place d'Atlas. Shams me poussa de ma chaise afin que je n'ai plus qu'une fesse dessus, à côté d'une des siennes. Sa tête se posa sur mon épaule, me laissant apprécier ses boucles dans ma bouche.
— Qu'as-tu trouver d'intéressant pour défendre notre cher Shams ici présent ?
— Rien pour le défendre, par contre je peux partiellement innocenter Mori et Price, et suspecter Jeannette Leman.
— Ça m'a l'air passionnant, ouvre donc ta grande bouche, ordonna Jun en sortant un calepin de son manteau, j'écris.
— Mori et Price sont bien allés dans la chambre 960, à 10h10. Comme tu dirais, ils ont copulé et sont ressortit vers 10h35. Je pense qu'ils n'ont rien à voir avec le violon. D'ailleurs j'ai entendu Price engueuler Mori, et ce qu'il a dit concorde avec le fait précédent.
J'avais l'impression que Jun m'écoutait à peine. Une main posée sur son front, l'autre occupée à écrire, il raturait des mots toutes les cinq secondes en râlant. Rien de bien surprenant, à vrai dire, sauf que cette fois, j'avais cette sensation désagréable de n'être vraiment pas écouté. Et pour ne rien arranger, Shams faisait tourner mon alliance sur mon doigt comme si de rien n'était, chantonnant dans son coin. M'empêchant de réfléchir correctement.
— T'attends l'accord du Pape pour continuer ?
— ... J'ai eu une courte discussion avec Jeannette, repris-je légèrement vexé par sa réflexion, elle avait un chariot rempli de draps comme vendredi dernier. Je lui ai donc demandé où elle allait mais elle m'a répondu sarcastiquement et-
— Viens en au fait Al, j'ai pas toute la nuit.
— Je pense qu'elle est impliquée dans la disparition de Sao.
Shams leva la tête, me fixant avec étonnement. Jun réagit de la même façon, mais avec une pointe de haine en plus, comme s'il voulait dire : "Tu te prends pour qui à faire des hypothèses à ma place ?" ou quelque chose dans ce genre.
— Explique toi.
— Au moment où Mavis a été bousculée, nous n'étions pas encore revenus à l'hôpital. Jeannette poussait un chariot plein à craquer et fonçait vers le local de nettoyage. Sauf qu'elle est ressortie à peine quelques minutes plus tard, le chariot toujours rempli de draps, mais à moitié. Elle m'a confirmée aujourd'hui même qu'elle n'amenait jamais de draps dans ce local.
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Les Précepteurs du Я - Âmes sentinelles (Tome I)
Misteri / ThrillerAzur n'avait jamais été aussi belle. C'était dans son esprit qu'elle se matérialisait le mieux, au point d'en perdre la tête, de sombrer dans la folie. Depuis qu'elle était partit, depuis qu'elle l'avait laissé seul dans cet hôpital, il n'avait cess...