Déchéances T1

Chapitre 4 - Entente conjugale

L'hiver venait de tomber brusquement. Le froid et la neige s'en portaient témoins. La motivation pour rentrer chez elle absente, la jeune femme décida d'accepter la proposition de ses camarades de classe, qui consistait à faire un saut par un bar. En début de soirée, ils étaient sur le point de se séparer, lorsque l'un des membres du groupe se cogna contre une personne.

– Hé gamin, fais attention à où tu mets les pieds !

Tous avaient bu et la raison les avait quittés. Touchée par l'alcool, Malori s'avança et prit la parole pour défendre son camarade. N'entendant pas les choses de cette manière, le passant l'attrapa par le col et lui mit un coup de boule.

Un craquement bien distinct leur parvint aux oreilles. Pestant, Malo n'eut pas le temps de se remettre, qu'elle reçut un second coup. Ses accompagnateurs s'apprêtaient à lui venir en aide. Elle les stoppa en se relevant déterminée à ne pas rester en position de victime.

De nouveau sur ses pieds, elle comptait bien ne laisser aucune ouverture à son assaillant et c'est ce qu'elle entreprit. Sa revanche achevée, elle tourna les talons et repartit en direction de chez elle, abandonnant le groupe choqué du retournement de situation.

– Vous pensez qu'elle va bien ?

– Avec ce qui vient de se passer, on a tous décuvé d'un seul coup.

– C'est vraiment pas le genre de nana qu'il faut se mettre à dos.

Contrairement à eux, Malori n'avait pas totalement retrouvé sa lucidité. Les émotions avaient juste permis de la ramener l'espace de quelques minutes.

Julia, qui ne l'avait pas entendue rentrer, s'empara de son téléphone et la contacta. N'obtenant aucune réponse, elle essaya plusieurs fois. Sur la dernière tentative, elle distingua du bruit provenant de la salle de bain. En débarquant, elle découvrit sa belle-fille au sol, en compagnie de produits qu'il lui fallait pour se soigner.

– Malori, tu vas bien ?

Le seul regard de la jeune femme lui avait directement fait comprendre la situation. L'installant sur le rebord de la baignoire, la démone s'occupa de la guérir et l'emmena jusqu'à son lit. Avant qu'elle s'éloigne, Malori l'appela dans son sommeil et la retint par le bras.

– Dors avec moi, maman.

Du fait qu'elle ne l'appelle jamais de cette façon, Julia s'étonna. Pour autant, elle céda. Les demandes incessantes de Malo avaient convaincu Julia de rester. Positionnée aux côtés de sa belle-fille, la démone soupira.

– Que ce soit toi ou lui, je n'arrive pas à vous comprendre. Si différents et pourtant semblables.

Ses réflexions finirent par l'emporter dans le monde des rêves. Son état habituel retrouvé, Malori ne saisit pas pourquoi la compagne de son père dormait à ses côtés. Contrairement à la veille, elle reprit une attitude défensive et lui demanda ce qu'elles faisaient dans le même lit. La courte histoire racontée, la plus jeune jura et se leva.

– Je savais que je n'aurais pas dû sortir.

– Ce n'est pas le fait que tu sois sortie qui t'a mise dans cet état, c'est plutôt le fait d'avoir bu. Ça te tente de t'amuser un peu ?

– De quelle façon ?

– Je voudrais t'affronter.

– Tu vas me mettre une raclée, mais OK.

– Ne pars pas défaitiste.

– Je me montre simplement réaliste. Tu as les bases, l'expérience et la pratique. J'en possède à peine la moitié.