Vendredi 16 juillet, New York
— Alexandrine, m'interpelle mon patron en sortant de son bureau, vous avez le dossier que je vous ai demandé ?
— Oui, je dis en relevant le nez de mon clavier, je vous le donne de suite.
Je récupère le dossier que j'avais mis de côté quelques minutes plus tôt et lui tends avec un sourire poli.
— Je vous ai envoyé par mail mes notes de la réunion de ce matin, continue-t-il en feuilletant le dossier.
— Je suis déjà en train de taper le compte-rendu. Je vous le transmets dès que c'est fini.
— Bien, lance-t-il en jetant un œil sur sa montre. Comme prévu, à partir de lundi matin, on a le stagiaire, donc préparez-lui des choses à faire, car je suis en réunion toute la journée. Si je pense à des activités, je vous les communiquerai.
— Pas de problème. Vous avez besoin d'autre chose ?
— Non merci, répond-il avec un vague sourire. Bon week-end, Alexandrine.
— Bon week-end, je réplique alors qu'il rejoint déjà l'ascenseur.
Il est à peine seize heures et sa journée est finie. C'est toujours ainsi le vendredi soir, il s'en va vers seize heures en me donnant les notes de la réunion de trois heures du vendredi matin et je passe les deux heures suivantes à taper, réorganiser et comprendre son écriture pour en faire un compte-rendu d'une bonne cinquantaine de pages qu'il renverra, ensuite, à toutes les personnes qui étaient présentes, sous son nom.
∆
L'horloge sonne enfin dix-huit heures alors que je mets le point final au compte-rendu. Je fais le nécessaire pour que mon patron le retrouve dans sa boîte mail, éteins mon ordinateur et récupère mes effets personnels. Je quitte mon bureau et après la descente en ascenseur et la traversée de l'immense hall de l'immeuble, je sors enfin.
Je lève les yeux et prends une minute pour contempler les hauts buildings qui m'entourent et qui me font sentir minuscule. Ça a toujours été ainsi, du plus loin que je me souvienne, la grosse pomme m'a toujours donné ce sentiment que d'une bouchée, elle pourrait m'avaler toute crue.
Bien que je sois sur le point d'épouser mon fiancé de longue date, il y a des jours où je me demande bien ce que je fais encore ici dans cette ville et dans ce job.
Quand j'étais adolescente, je rêvais d'une grande carrière de photographe de guerre grâce à mon grand-père passionné de photographie et militaire de carrière. Après mon diplôme, j'ai fait des études universitaires en journalisme et photographie. Diplômée, j'ai décroché le job de mes rêves de l'autre côté de l'Atlantique. Et une semaine plus tard, mon père m'annonçait que les médecins venaient de lui diagnostiquer une maladie grave et pour laquelle son espérance de vie était de deux ans. J'ai donc décidé de démissionner pour rester auprès de lui. Mon petit ami, qui bossait dans le cabinet d'avocat de son père, m'a décroché ce poste de secrétaire pour m'aider en attendant de trouver mieux.
Mon père est décédé trois ans après l'annonce de sa maladie et je suis restée ici pour mon couple. Et alors que je dois me marier la semaine prochaine, j'ai de plus en plus l'impression d'être bloquée dans une vie que je n'ai jamais voulue.
∆
Arrivée dans mon petit appartement, je balance mes affaires sur le canapé et rejoins ma salle de bains. Il faut que je me dépêche, mes amies doivent arriver dans moins d'une heure pour qu'on aille fêter mon EVJF ou, autrement dit, mon enterrement de vie de jeune fille.
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Deviens ma plus belle chanson
Любовные романы"Personne n'a peur de retomber amoureux. Mais tout le monde redoute de souffrir à nouveau." Quand Alexandrine et James se rencontrent, ils ont dix-sept ans. Elle est en couple et lui débarque de l'autre côté du pays. Quand Alexandrine et James se re...