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Athena

Observant le visage blesser de Benicio malgré la lumière tamisée de sa Porsche, j'essaie d'ignorer ce pic au cœur que cela me fais ressentir chaque fois que je pense à la manière dont son père l'a battu plus tôt dans la soirée. Chaque fois que je regarde la coupure à sa lèvre, l'hématome sur sa mâchoire ou bien même son arcade sourcilière ouverte, je ne peux empêcher la culpabilité de me prendre aux tripes. Je m'en veux... si je n'avais pas frappé son père, Benicio n'aurait pas eu le besoin de s'interposer pour me protéger et il n'aurait pas été blessé. Mais je suppose que j'ai toujours ce dont pour tout gâcher, exactement comme papa me le disait tout le temps, tout ce que je fais, c'est foutre la merde, et avec le recul des choses, je crois bien qu'il a raison. Je suppose que c'est à cause de la culpabilité qui refuse de me lâcher que je suis obligée d'être gentille avec lui, après tout, il m'avait protégé de cette enflure pleine de rage, et il n'était même pas obligée de le faire, alors je suppose, qu'il méritait mon pardon plus que personne.

— Tu penses vraiment que m'emmener à cette soirée soit une bonne idée ? Commençais-je tout bas. Je veux dire...

Le regard du brun dans le rétroviseur me dissuade de continuer ma phrase et je déglutis difficilement en hochant la tête. Après ce matin, je n'allais pas essayer de jouer les impétueuses avec lui, du moins pas aujourd'hui, alors je vais juste... me contenter d'entrer dans le lot un moment. Enfin, je devais déjà commencer par réussir à tenir ma bouche parce que parfois, face à cet abruti mal fini, c'est plus fort que moi et je me sens obligée de protester.

— Si j'avais le choix, tu resterais à la maison, mais je ne risque pas de te laisser là-bas seule, encore moins quand en plus de Miguel et ses hommes, mon père veut aussi ta peau et la mienne avec.

Mes yeux le regardent, et il est évident à sa voix, mais aussi à la façon dont ses pupilles se dilatent quand il me regarde qu'il ressent toujours de la colère et de l'amertume.

Est-ce que c'était à cause de moi ?

Peut-être qu'il m'en veux d'avoir été aussi irresponsable tout à l'heure et il avait toutes les raisons de le faire, après tout, il s'est fait battre, par ma faute. Mon Dieu, je me sens tellement coupable...

— Je... mes mots se coupe t dans ma gorge alors que j'hésite à terminer.

Mes yeux croisent ceux du mafieux avant de s'abaisser sur sa main qui récupérait dans sa poche son paquet de cigarettes, profitant d'un feu rouge pour l'allumer. En déglutissant, je rouvre la bouche, déjà ravisée à l'idée de m'excuser, ça ne servirait à rien, le mal est fait...

— Est-ce que je peux en avoir une aussi ? Demandais-je doucement.

Le mexicain me lance un regard, puis regarde son paquet sur le tableau de bord avant de se reporter mon attention sur la route. Diego m'avait déjà dit que Benicio n'aimait pas partager ses cigarettes, alors ça ne m'étonnerait pas qu'il me donne une réponse négative, après tout, il me déteste.

— Vas-y, prend en une. Accepte sa voix rauque.

Ma surprise me trahit sur mes traits par un froncement de sourcils, et je prend encore un instant à papillonner des paupières comme pour traiter l'information avant de me servir. Je coince la cigarette entre mes lèvres roses avant de me pencher pour chercher le briquet qui n'est pas avec le paquet sur le tableau de bord.

— Si tu veux l'allumer, va falloir aller chercher le briquet, mi Estrellita. Sourit le mafieux d'un air espiègle.

Perplexe, je suis son regard, mon souffle se coupant dans ma trachée quand je vois le briquet coincé entre ses cuisses, bien trop haut, suffisamment pour que j'aie à toucher son entrejambe pour le récupérer.

ATHENA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant