La vengeance des coeurs -Bakudeku-

Chapitre 30 : Cicatriser

PDV Bakugo :

A peine a-t-il fermé la porte de sa chambre je m'empresse d'y toquer. Pas de façon douce, ce n'était pas mon intention. Et puisqu'il ne répond pas je recommence encore plus fort. Si il essaye de me fuir il va vite comprendre que ce n'est pas le peine d'essayer. Je m'apprête à réitérer mais j'entend, derrière le bois dur, ses pas qui se rapprochent. Sa porte s'ouvre finalement mais son visage reste fermé.

-Qu'est- ce que tu veux ?

En réponse je place devant ses yeux le sachet de pharmacie qu'il a oublié dans la voiture.

-Ce n'est pas la peine de faire semblant de t'inquiéter pour moi, il s'énerve

-Si j'avais à faire semblant je t'aurais laissé au restaurant toute la semaine jusqu'à ce que tu retrouves ton chemin. Tu peux t'estimer heureux.

Il ne dit plus rien et retourne faire autre chose pendant que je reste à l'interstice de sa porte à le lorgner. Il ne va pas s'en tirer comme ça. Je lui saisis fermement le bras et le fais s'assoir.

-Arrête de bouger ou je te jure que je vais vraiment te ramener au resto et te laisser là- bas.

-Tu es vraiment chiant quand tu t'y mets.

-Dit monsieur qui veut bouder parce qu'il est vexé.

Je dispose le désinfectant et les compresses sur sa table de chevet pour avoir un meilleur accès lorsque je le soignerai. Sa façon de me regarder n'a rien de résigné mais il décide pourtant de rester sagement assis sur le rebord de son lit. Je ne sais pas pourquoi je suis en colère, il n'a jamais rien tenté contre moi. Au restaurant je me suis emporté, comme souvent d'ailleurs. Je sais que j'ai des problèmes de colère, dès que je ressens trop de sentiments forts je suis tellement perdu que je perd souvent le contrôle et aujourd'hui encore c'est arrivé. Mais cette fois c'est différent et c'est ce qui est étrange, parce que pour la première fois je m'en veux sincèrement. Dès qu'il s'agit de lui je m'en veux de tout, comme si je savais inconsciemment que mon influence sur lui n'avait rien de bénéfique. Je m'en veux de lui faire subir ça, mais je m'en veux surtout d'avoir ressenti autant de sentiments contradictoires envers lui. Et quand bien même j'essayerais de me le cacher, je sais que ce soir c'est la jalousie qui m'a mise en colère.

Il retire sa polaire qui décoiffe ses cheveux lorsqu'elle passe sa tête de même que les autres couches qui viennent après. Mais une fois que sa peau se retrouve à nue devant mes yeux je sais que ce moment va être difficile. J'en ai vu des corps meurtris par la violence humaine mais encore une fois que ce soit le sien, aussi pâle et pur soit il, ça me donne envie de broyer le crâne de ceux qui lui ont fait ça. Je n'ai jamais eu beaucoup de patience et je pense que ce n'est pas aujourd'hui qu'il faut la chercher; elle est introuvable. Dès que je les attrape je leur fait vivre un enfer pire que ce qu'ils lui ont infligé.

-Tu veux que je le fasse ? il demande d'une petite voix.

Ca soudaine prudence me fait tiquer. Je ne dois pas lui laisser entrevoir toute la haine qui me submerge, au contraire je devrais le rassurer. Mais j'ai oublié comment faire.

-Non. Pourquoi tu crois que je ne vais pas le faire ?

Il se met alors à triturer ses doigts nerveusement, rien à voir avec le comportement qu'il avait tout à l'heure.

-Toutes ces cicatrices, elles ne sont pas très belles à voir. Je ne veux pas que tu te force parce que tu te sens coupable et encore moins que tu me regarde avec pitié même si je te dégoute.

Ma main se serre sur la bouteille de désinfectant prête à exploser sous la pression.

-Tu n'es pas dégoutant, je t'interdis de dire ça. Bien sûr que je m'en veux parce que je n'ai pas été assez vigilant et je m'en voudrai toujours. Et je ressens un tas de choses en te regardant mais certainement pas de la pitié. Alors je t'interdis de croire que je suis ce genre de personne !