Au commencement...

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Lors de leur premier cours, ils se réunirent en cercle autour de leur instructeur Patrick. Les nouveaux élèves de l'académie de l'Orée du Crépuscule venaient de commencer leur cursus après avoir finalisé leur inscription. Ils étaient encore nombreux en ce début d'année, mais qui sait combien d'entre eux resteraient jusqu'à la fin ?

L'académie était réservée à ceux qui avaient soif de connaissance, les informations que les enseignants y partageaient n'étaient pas données à tous, ou du moins, le grand public n'était pas encore prêt pour déterrer toutes ces connaissances.

D'ailleurs seuls les élèves qui y avaient été acceptés connaissaient l'adresse.

La ville de *** recelait de pleins d'endroits méconnus du public où les élèves de l'académie se réunissaient parfois pour avoir des cours.

Les élèves qui venaient de commencer leur cursus, avaient tous leur carnet à la main pour prendre des notes. Parmi eux, Abigail, Dimitri et Clara avaient été jugés parmi les meilleurs et s'étaient démarqués lors des leçons individuels qu'on leur avait enseigné pour connaitre les basiques. Durant cette période de pré-rentrée ils avaient eu chacun un professeur attitré qui s'était assuré qu'ils aient au moins le niveau requis avant d'intégrer une classe, de sorte que chacun commence au même point, et qu'aucun ne soit en retard par rapport aux autres.

Abigail était étonnée d'avoir passé cette étape aussi facilement car elle ne s'était convertie en magicienne que depuis l'année dernière après être partie à l'étranger et avoir fait l'expérience d'un éveil spirituel qui avait bouleversé toute sa vie.
Elle se considérait comme née de nouveau depuis l'année dernière et elle avait senti ses pouvoirs et son intuition décuplée lorsqu'elle était à l'étranger.
Revenir en France après avoir eu une expérience aussi palpitante lui avait donné un coup au moral, sa joie de vivre et son enthousiasme avaient été dans le déclin, jusqu'à recevoir un autre élan lorsqu'elle avait rencontré quelqu'un dans le centre commercial dans le troisième arrondissement, qui lui demanda sans détour si elle était une magicienne. Elle le dit assez bas pour que personne ne l'entende. Mais il n'y avait pas grand monde car il n'était que dix heures du matin et que Abigail se dirigeait vers la grande bibliothèque municipale.
Elle s'arrêta dans sa course, et écouta avec attention l'inconnue qui venait de l'aborder.
Nadine, la consœur qui l'avait abordé, avait une peau couleur ébène et un rouge-à-lèvre coquelicot qui complimentait sa carnation. Elle avait un béret sur la tête, de la même couleur que son rouge-à-lèvres.
"Saurais tu me dire quel est le nom du dernier livre de la Bible des magiciens ?"
Abigail ne sut quoi répondre, car elle n'avait jamais pratiqué la magie en suivant un livre, ou un manuel. Elle avait toujours fait les choses à sa façon, en suivant son instinct.
Son silence en dit long sur son manque de connaissance.
Elles discutèrent pendant un petit moment, et Nadine lui parla de cet évènement qui réunissait les magiciens de ***. Elle lui proposa de lui envoyer l'heure et l'adresse par message et elles s'échangèrent leurs numéros pour rester en contact jusqu'au jour J. Nadine la tiendrait au courant d'éventuels changements dans le programme et Abigail la préviendrait si elle venait à avoir un empêchement ou si elle se ravisait.

Abigail habitait encore chez ses parents, et le jour de l'évènement, un jeudi soir, sa mère était dans le salon, et regardait une série. Lorsqu'elle vit sa fille, elle ne put s'empêcher d'émettre une critique  sur sa tenue, comme à son habitude. 
"Tu comptes sortir comme ça ?" dit-elle en pointant du doigt le pantalon de jogging de Abigail, c'était celui qu'elle avait porté toute la journée pour trainer à la maison.
Elle ne jugeait pas nécessaire de se mettre sur son trente-et-un pour rencontrer des magiciens, la plupart des magiciens mâles qu'elle avait rencontré jusque-là n'étaient pas particulièrement attirants, elle ne voyait pas l'intérêt d'essayer d'impressionner qui que ce soit.
Et pourtant, sa mère parvenait toujours à trouver les mots adéquats pour la faire se sentir ridicule.
Malgré ses protestations, elle finit par céder sous le regard désapprobateur de sa mère et partit se changer. 
 Elle enfila un jean et une chemise, simple mais efficace. Et ses cheveux frisés étaient attachés dans une queue de cheval.

L'Orée du CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant