Tu devais certainement te dire que j'étais le méchant dans ton histoire, Andréalle.
Et tu avais tous les droits de le penser.
Peut-être que si la vie avait été différente, je n'aurais pas été celui que tu détestais ...J'étais rejeté par les autres, délaissé sur le côté à cause de mes vêtements qui étaient souvent les mêmes depuis des années.
Je n'allais pas souvent chez le coiffeur et après les cours, je travaillais depuis mes quatorze ans.
Parfois des petits boulots pour les enfants comme cirer des chaussures, apporter le journal ou même nettoyer des voitures, voire tondre des pelouses pour seulement quelques pièces.
Tout ça, dans un unique but ...
Plaqué contre les casiers à l'école car les autres disaient que je ne sentais pas bon, j'étais la risée de ma classe et même, de tout l'établissement.
Lorsque je rentrais chez moi après une heure du matin, mon père adoptif, entre deux boissons, me criait dessus.
"Je n'en peux plus de toi et de ce que tu fais!
Ce n'est pas une heure pour rentrer!
Je suis certain que tu fais tout ça pour te droguer ou que tu es dans un gang, espèce de voyou!" Me criait-il à longueur de temps.
Mais ce n'était pas grave parce que je sais que même en lui expliquant, jamais il ne pourrait me comprendre ...Une fois mes seize ans, vivant à Londres, je pouvais lâcher les études et c'est ce que j'ai fait, tout ça pour gagner un peu plus facilement d'argent.
Malheureusement, sans le moindre diplôme, je n'étais accepté nulle part.
Le pire aura été le jour où mon tuteur légal m'a mis à la porte après avoir appris que j'avais quitté l'école.
Ce qu'il ne savait pas, c'était qu'avant lui, ma mère avait eu deux enfants.
La raison pour laquelle j'étais si maigre, c'est qu'à chaque fois qu'il me donnait des livres pour pouvoir me payer à manger, je les économisais jusqu'à la moindre pièce.
Si je me lavais si peu et changeais rarement de vêtements, c'était pour garder chaque livre que je dépensais le soir.
Et comme tous les soirs, après les cours ou le travail, je me rendais à l'hôpital.
J'ai maintenant dix-huit ans et ça faisait depuis mes dix ans que je n'avais pas dépensé une seule pièce pour moi.
Avec notre mère qui nous a abandonnés ma petite sœur et moi à cause de la maladie de Barbara, ma sœur, tout mon argent passait dans ses soins médicaux.
Si seulement cette femme était restée un peu plus longtemps, nous aurions eu une assurance maladie ... Si seulement ...À l'intérieur de cette même pièce depuis toutes ces années, je regardais Barbara dans son lit d'hôpital.
Dans le coma depuis maintenant trop longtemps, seul mon argent pouvait la maintenir en vie.
Et malgré mes efforts acharnés pour la garder en vie, elle a malheureusement eu besoin d'une chambre stérile pour pouvoir continuer son traitement mais surtout, pour survivre.
N'ayant pas les capacités financières nécessaires pour la sauver de son malheur, j'ai finalement réussi à trouver un travail, puis un second, jusqu'à me bousiller la santé si ça signifiait de sauver ma petite sœur.
Ma dernière pensée d'elle lorsqu'elle était encore réveillée remontait à bien des années.
Nous regardions ensemble une série à la télévision qui nous faisait beaucoup rire.
N'ayant pas de logement, très rapidement, mes employeurs ont décidé de me mettre à la porte eux aussi.
Sans logement, sans travail, sans voiture ou de permis, j'étais à la rue sans rien.
C'est là qu'une femme bien habillée est passée devant moi.
Elle avait un regard denué d'expression, digne d'une personne ayant tout perdu, bien que ses vêtements disaient le contraire.
D'un regard similaire au sien, nous nous sommes regardés brièvement.
Et plutôt que de me donner de l'argent, elle m'a tendu la main.
"Que fais-tu ici, jeune homme? M'a-t-elle demandé.
-J'ai tout perdu, logement, famille, travail, je n'ai plus rien. Lui ai-je répondu.
-Si tu es prêt à mettre ta vie en jeu, je peux t'offrir un travail et un endroit où vivre." Répondit la femme.
Je me fichais du genre de travail que c'était, j'étais même prêt à vendre mon corps si ça me permettait de sauver ma Barbara.
C'est là que j'ai accepté sa main et que nous sommes partis.
Sur le trajet jusqu'à sa voiture, elle m'a expliqué qu'elle ne venait pas de ce pays mais est restée très vague sur le sujet.
Mon travail, quant à lui, était très simple.
Je devais tester quelque chose pour elle mais où les résultats n'étaient pas certains, pouvant me tuer.
Bien sûr ça m'a fait peur mais c'était peut-être ma seule chance, alors je n'ai pas hésité.Après un vol en avion qu'elle m'a payé, en moins de deux heures de trajet, nous sommes arrivés dans son pays.
Un chauffeur nous attendait à la sortie de l'aéroport pour nous conduire jusqu'à chez elle.
Une fois arrivés, puisque je n'avais pas de valise avec moi, nous nous sommes rapidement rendus jusqu'à mon lieu de travail qui se trouvait dans sa grande maison.
Ce bâtiment vu de l'extérieur, était très beau et bien entretenu grâce aux différentes personnes qui travaillaient pour elle mais l'intérieur était vraiment différent, pouvant faire fuir plus d'une personne qui aurait pensé qu'elle était une psychopathe mais ça ne m'a pas freiné dans ma lancée.
Qu'importe la pièce, tous les murs étaient recouverts de tableaux blancs où des lignes et des lignes y étaient inscrites.
Ayant principalement arrêté les cours et puisque je n'y allais pas pour pouvoir travailler, je n'avais aucune idée de quoi il pouvait bien s'agir mais je n'y ai pas prêté plus attention que ça.
De sa main désignant une porte, elle m'a dit que là serait mon lieu de travail.
En pénétrant à l'intérieur, j'y ai vu une chaîse sur laquelle m'allonger avec des capteurs allant dans tous les sens, ainsi qu'un casque à mettre sur ma tête.
Juste à côté, plusieurs écrans étaient présents avec un fauteuil sur lequel elle allait aller s'asseoir.
Je faisais peut-être une erreur d'accepter mais j'ai décidé d'aller jusqu'au bout, pour peut-être pouvoir sauver ma petite sœur.
Une fois installé, elle m'a demandé si j'étais à mon aise et prêt à commencer l'expérience.
J'étais anxieux mais déterminé, faisant que j'ai hoché la tête pour lui répondre.
Les capteurs étaient froids à m'en donner des frissons et une fois le casque sur ma tête, je me suis mis à respirer de plus en plus fort.
Je ne savais pas ce qui allait se passer quand soudain, j'ai eu l'impression d'être plongé dans un univers complètement différement du mien.
De son côté, la femme avait mon rythme cardiaque, ma température, l'utilisation de mon cerveau et j'en passe ...
Tandis que de mon côté, je me suis retrouvé dans un monde fait de différentes couleurs avec une fenêtre virtuelle qui est apparue, me demandant mon pseudonyme.
C'est là que je me suis souvenu de la série à la télévision que je regardais avec Barbara et que j'ai nommé mon personnage du nom d'un de ceux de la série.
Nous vous souhaitons la bienvenue dans Estellia, personnage Ernesto. Était-il inscrit.Les tests ont continué des jours durant où j'ai eu droit à un vrai lit, de l'argent pour ma participation mais surtout, assurer à ma sœur de pouvoir continuer à être entretenue à l'hôpital.
Mon employeuse, du nom d'Estelle, vivait seule et ma présence lui offrait un certain baume au cœur lorsqu'elle me voyait, bien que ni elle ni moi ne pouvions sourire à cause de nos antécédents respectifs.
Après plusieurs années, elle est venue m'annoncer que tout était terminé et qu'elle avait même réussi à obtenir ce qu'elle voulait.Même si on aurait pu croire qu'elle était vraiment riche, cela faisait plusieurs mois que mon employeuse était en négatif sur son compte en banque.
Grâce à moi et à ce que nous avions fait, elle a été capable d'étendre ce jeu virtuel dans le monde entier et gagner de l'argent grâce à lui.
Puisque jouer me permettait moi aussi d'avoir de l'argent, j'ai continué grâce aux sponsors que j'ai eus, même si je m'apprêtais à refuser l'offre la plus alléchante que j'ai reçue.
Mon bonheur n'aura été que de courte durée lorsque j'ai reçu un coup de fil de l'hôpital me disant que l'état de Barbara s'était aggravé et qu'elle était entre la vie et la mort.
L'opération qu'elle avait besoin devait coûter plus que ce que je n'aurais réussi à avoir pendant des années et j'étais perdu.
C'est là que je m'excuse, Andréalle.
Mais pour pouvoir sauver ma petite sœur, j'ai eu à devenir le plus grand des barbares de l'autre monde, comme tu les appelles si bien, afin d'accepter la demande de mon sponsor qui me demandait de tuer encore et encore les êtres virtuels pour voir la réaction sur l'écosystème d'Estellia et comment était gérée leur intelligence artificielle ...
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Réalité virtuelle
AdventureAndréalle, une fille souhaitant devenir aventurière suite à la mort de ses parents, s'embarque dans un monde qui lui est inconnu, entourée de gens parlant un langage qu'elle ne comprend pas.